(Ecofin Hebdo) – La montée du niveau de la mer est l’une des conséquences du réchauffement climatique qui alarme le plus les scientifiques. Les alertent se multiplient sur un phénomène qui menacera la plupart des métropoles côtières dans une trentaine d’années. Cette année, à Davos, le Forum économique mondial a consacré un chapitre de son rapport annuel sur les risques mondiaux à la question. Une plongée dans une réalité qui fait froid dans le dos.
En 2050, 2/3 de la population mondiale vivra dans les villes. Pour ceux qui vivront dans les métropoles côtières, cette situation ne sera pas sans risque. En effet, la montée du niveau de la mer, inquiète scientifiques et décideurs. Actuellement, 800 millions de personnes peuvent déjà être considérées comme menacées si les prévisions qui tablent sur une hausse de 0,5m du niveau de la mer à l’horizon 2050 se réalisaient. Or, le phénomène connaît actuellement une progression fulgurante.
Comme l’indique le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC), la moyenne de la hausse du niveau de la mer est de 1,7 millimètre par an entre 1901 et 2010. Mais il faut noter que cette moyenne était de 3,2 mm/an sur les 17 dernières années de cette période.
La moyenne de la hausse du niveau de la mer est de 1,7 millimètre par an entre 1901 et 2010. Mais il faut noter que cette moyenne était de 3,2 mm/an sur les 17 dernières années de cette période.
En raison du réchauffement des océans et de la fonte des glaciers et de la banquise, le niveau de la mer devrait continuer à s’élever durant tout le 21ème siècle. Selon l’IPCC, une hausse de la température du globe de 2° pourrait faire monter la mer de 0,3m à 0,93m d’ici 2100.
L’Asie et l’Afrique en premières lignes
Selon les scientifiques, l’Asie est, en raison de la combinaison entre son hydrologie, la densité de sa population et la concentration de ses infrastructures, la région qui paiera le tribut le plus lourd au phénomène.
Mais l’Afrique ne sera pas en reste. Plusieurs villes côtières de plus d’un million de citadins sont considérées comme présentant des vulnérabilités à la montée du niveau de la mer. Au nombre de celles-ci: Abidjan, Accra, Alexandrie, Alger, Casablanca, Conakry, Dakar, Dar es Salaam, Douala, Durban, Lagos, Luanda, Maputo, Pointe-Noire, Port Elizabeth, Tripoli, Tunis….
Le phénomène, qui menace la propriété foncière, est exacerbé par l’érosion côtière, avec l’avancée de la mer de 30 à 35 m chaque année dans certaines région du continent. En outre des activités comme l’exploitation de carrières de sable ou encore la construction d’infrastructures dans les zones côtières perturbent la continuité des sédiments côtiers et participent à l’aggravation des risques.
Selon une étude du centre national océanographique du Royaume-Uni, le coût annuel de la hausse du niveau de la mer pour l’économie de la montée du niveau de la mer pourrait atteindre 14 trillions de $ à l’horizon 2100. Les infrastructures sont principalement menacées. Ainsi, la Banque mondiale a identifié 24 cités portuaires d’Afrique du nord et du Moyen-Orient que la montée du niveau de la mer, met en péril.
Ainsi, la Banque mondiale a identifié 24 cités portuaires d’Afrique du nord et du Moyen-Orient que la montée du niveau de la mer, met en péril.
Au Bénin, et dans d’autres pays d’Afrique de l’ouest, les infrastructures de traitement de l’eau sont déjà menacées par la mer. Le phénomène, mettra la pression sur l’approvisionnement en eau potable des villes avec, en 2050, plus de 650 millions de personnes réparties à travers 500 villes qui verront leurs disponibilités en eau réduites d’au moins 10%.
L’industrie touristique paiera également un lourd tribut à la montée du niveau de la mer. En Egypte, par exemple, une ville comme Alexandrie pourrait perdre ses plages d’ici 2050 si, selon les prévisions de l’IPCC, la mer montait de 0,5 mètre. Cette situation provoquerait une perte évaluée à 32,5 milliards de $.
En Afrique subsaharienne, le changement climatique pourrait forcer 86 millions de personnes, soit l’équivalent de la population totale de la République démocratique du Congo à se déplacer.
Les pistes pour affronter le phénomène
Pour les villes, la mitigation de ce risque sera liée à leur capacité à contenir les eaux ou à s’adapter à vivre avec des eaux marines d’un niveau plus élevé. L’édition 2019 du Global Risk Report du Forum économique mondial identifie trois stratégies principales pour y parvenir.
La première solution consiste en la construction d’infrastructures destinées à maintenir les eaux hors des villes. Il s’agira essentiellement de digues, de barrières contre les ondes de tempêtes, de pompes à eau ou de chambres de trop-plein.
La seconde solution vise à se baser sur des défenses naturelles, en restaurant les mangroves et les marais salants, ou en réadaptant la topographie des villes aux effets des flots, plutôt de lutter contre eux. Il faut rappeler que 200 millions de personnes dépendent des mangroves et de leurs écosystèmes pour protéger leurs modes de vie et leur assurer leur sécurité alimentaire.
La dernière option, consiste à déplacer les ménages vers des zones plus sures ou investir dans le capital social de sortes à rendre les communautés menacées par ces risques plus résiliantes.
Pour beaucoup de pays africains, les Pays-Bas pourraient servir de modèle. En effet, le pays est à la pointe de l’adaptation aux effets de la montée de la mer. Il a toujours été exposé au phénomène avec 2/3 de sa superficie présentant des vulnérabilités aux inondations.
Pour beaucoup de pays africains, les Pays-Bas pourraient servir de modèle. En effet, le pays est à la pointe de l’adaptation aux effets de la montée de la mer.
Quoiqu’il en soit, l’adaptation à la montée du niveau de la mer a un coût, qui ira en progressant avec les années. Il faudra qu’à divers niveaux, les bons modèles soient trouvés pour répartir ce coût entre secteur public et secteur privé, pouvoirs centraux et municipalités, grands blocs et pays membres de ceux-ci. Ces approches doivent être à la fois collaboratives et innovantes tout en s’inscrivant dans un cadre plus global… et ceci avant qu’il ne soit trop tard.
Aaron Akinocho