L‘armée turque, soutenue par les forces de la coalition internationale antijihadiste, a lancé avant l’aube une opération baptisée « Bouclier de l’Euphrate », avec des avions de combat et ses forces spéciales, pour chasser le groupe EI de Jarablos, localité frontalière de la Turquie. L’agence de presse progouvernementale Anadolu précise que l’opération a commencé à 4 h, heure locale.
Selon l’Agence France-Presse, une dizaine de chars turcs sont entrés en territoire syrien et se seraient mis à tirer en direction de positions tenues par le groupe Etat islamique à Jarablos. Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), soutenus par Ankara, ont aussi pénétré ce mercredi sur trois kilomètres à l’intérieur du territoire syrien, en direction de la même localité, a annoncé l’agence turque Anadolu. Ils auraient déjà repris un village à 5 km de Jarablos, selon la même source.
Dans le viseur : l’EI, mais surtout les Kurdes
Le président turc a annoncé que l’opération visait le groupe EI, mais aussi les milices kurdes, afin de « mettre un terme » aux problèmes à la frontière turque. Pourquoi ce double objectif pour Recep Tayyip Erdogan ? Selon Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie à l’université d’Edimbourg, en Ecosse, « si l’on regarde une carte, les choses sont extrêmement claires ».
« L’Etat islamique contrôle encore cette portion proche de la frontière turque qui se trouve autour de la ville de Jarablos. De part et d’autre de cette zone, il y a des territoires contrôlés pour l’essentiel par les Kurdes du PYD. On sait qu’ils cherchent à opérer la jonction territoriale entre les zones qu’ils contrôlent à l’est et à l’ouest, pour établir la continuité territoriale de ce qu’ils appellent le Kurdistan occidental, avec son administration autonome sous contrôle du PYD », décrypte le chercheur.
Et d’ajouter : « Il y a deux ou trois jours, le PYD a annoncé la création d’un conseil militaire qui avait pour mission de gérer la capture de la ville de Jarablos. Mais la Turquie a un objectif fondamental : empêcher la réalisation de la continuité territoriale du PYD. On peut donc imaginer que la décision récente du PYD de lancer l’offensive a précipité la décision turque. »
Damas condamne l’intervention armée turque
L’intervention militaire de la Turquie en Syrie est une « violation flagrante » de la souveraineté du pays, a dénoncé le ministère syrien des Affaires étrangères, quelques heures après le début de l’opération. Damas « condamne le franchissement de la frontière turco-syrienne par des chars et des blindés turcs en direction de la ville de Jarablos avec une couverture aérienne de la coalition menée par Washington, et considère qu’il s’agit d’une violation flagrante de sa souveraineté », selon le communiqué du ministère.
Mardi, la Turquie s’était dite prête à soutenir une opération pour chasser le groupe EI de cette localité, après avoir reçu des tirs de mortiers et des roquettes sur son sol, à Karkamis et sur la ville frontalière turque de Kilis, plus à l’ouest, auxquels elle avait répliqué. Au même moment, des centaines de rebelles syriens soutenus par Ankara se préparaient du côté turc à une offensive pour capturer Jarablos, le dernier point de passage contrôlé par l’organisation EI à la frontière turco-syrienne, selon des sources rebelles et l’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Actusen.com avec Rfi.fr