La Turquie et le Sénégal sont deux pays à majorité musulmane qui partagent des valeurs et des modes de vie communs. Ils entretiennent de bonnes relations bilatérales et internationales. La Turquie et le Sénégal partagent les mêmes valeurs religieuses, universelles et sont des Etats laïcs.
Dans leur pratique du culte musulman, on note de fortes ressemblances tant dans les écoles islamiques, l’islam confrérique et le soufisme. Chacun de ces pays compte plusieurs confréries mais ils partagent la Khadriya et la Tidjanya.
En conséquence, on se rappelle que leur première rencontre a été triste et dramatique entre les deux peuples. C’est lors de la première guerre mondiale, en 1915, quand des tirailleurs sénégalais expédiés sur la ligne de front pour combattre les Ottomans, ont entendu l’appel à la prière, ont reconnu leurs frères musulmans et ont refusé de se battre contre eux. C’est ainsi qu’il est important de s’inspirer de cette histoire, de la porter vers l’avenir et d’écrire une nouvelle page dans les relations entre la Turquie et le Sénégal.
En 1963, la Turquie a ouvert son ambassade à Dakar pour des raisons géostratégiques, de stabilité politique et économique. Mais leur coopération est restée longtemps inactive et improductive. Elle était plutôt diplomatique, bureaucratique et administrative.
Mais ce n’est qu’avec l’arrivée du Groupe Scolaire Yavuz Selim en 1997 que la Turquie « Le pays des Arts de l’Islam » et le Sénégal « pays de la Téranga » ont tissé de véritables relations économiques, culturelles et sociales qui ont vu naître l’intégration des deux peuples.
Ce lien entre ces peuples est surtout renforcé par la création de l’Atlantique Turquie-Sénégal Association pour le dialogue culturel entre les civilisations (ATSA). Elle regroupe des ressortissants Sénégalais et Turcs.
Cette association cherche à promouvoir le dialogue des civilisations comme idéal de rapprochement entre les peuples afin de favoriser l’entraide dans la lutte contre la pauvreté et le sous-développement.
Selon « Hodja Efendi » ou le Professeur Estimé Fethullah GÜLEN qui dit dans son ouvrage intitulé « Amour et Tolérance » que «La relation la plus forte entre les individus qui forment une famille, une société ou une nation est l’amour. L’amour universel se montre à travers le cosmos dans le fait que chaque particule aide et soutient chacune des autres particules».
C’est dans cette logique que les collaborateurs de Gülen ont initié au Sénégal le Festival International des Langues et des Cultures qui veulent fédérer les jeunes du monde entier sur une même plateforme afin de partager leurs cultures et leurs langues. Le mouvement Hizmet qui préconise la Paix, la Tolérance, le Respect et l’Amour, organise cette tribune festive regroupant plus de 25 nations au Sénégal.
C’est grâce à cette confiance mutuelle entre ces deux nations que le potentiel de la coopération entre la Turquie et le Sénégal à commencer à avoir des impacts positifs. La quasi-totalité des hommes d’affaires turcs exerçant au Sénégal sont membres du Mouvement HIZMET fondé en 1970 en Turquie par GÜLEN.
C’est à travers ce mouvement que d’importantes réalisations sont réalisées au Sénégal dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) avec la décentralisation des écoles du GSYS dans les capitales régionales, l’installation de grandes firmes industrielles agro-alimentaires, de constructions, d’électroménagers, de technologies, aéroportuaires, médicales, du centre de Conférences de Abdou Diouf de Diamniadio etc.
Tout cela montre la densité et la qualité des bonnes relations qu’entretient le Mouvement GÜLEN avec l’Etat du Sénégal depuis son avènement au Pays de la Téranga en 1997.
Rien qu’en 2009, le volume des exportations réalisé par ces hommes d’affaires turcs s’est chiffré à 100 millions de dollars et s’accroît régulièrement de 6%, chaque année. Les bailleurs de fonds des deux pays souhaitent que ces échanges atteignent un volume de 200 milliards de francs CFA d’ici 2020.
C’est dans cet esprit que la Turquie a installé, entre autres, des antennes de coopération avec l’ouverture du seul bureau en Afrique de l’Ouest à Dakar en 2007 en vue d’attirer les investisseurs turcs au Sénégal.
D’où la création d’un fonds d’investissement sénégalo-turc doté d’un capital de départ de 700 millions de francs CFA dont la croissance rapide est attendue. Ce fonds sert à la fois de lien entre investisseurs turcs et sénégalais et de levier pour les joint-ventures créées. De réelles opportunités existent pour que les hommes d’affaires des deux pays travaillent ensemble et créent de la richesse dans leur intérêt commun.
Malheureusement, la décision prise par le gouvernement sénégalais de fermer le Groupe Scolaire Yavuz Selim peut démotiver les investisseurs privés turcs car ils ont besoin de plus de sécurité pour investir au Sénégal et risquent de s’orienter vers d’autres pays de la sous région.
C’est pourquoi, le gouvernement doit revoir sa position par rapport aux promoteurs privés étrangers en général et protéger et sécuriser en particulier l’investissement des entreprises privées turques qui sont de véritables pourvoyeuses d’emplois (3.000 emplois directs et indirects) et créatrices de revenus et de devises pour un Sénégal Emergent. Pap. TOURE
Manager des Entreprises et Projets touristiques tourepap7@gmail.com