Nous étions nombreux à penser que les choses ne seraient plus comme avant, lorsque nous glissions nos bulletins de vote dans l’urne, le 25 mars 2012. L’intime conviction était que Macky Sall allait forcément remporter la victoire vu la détermination des Sénégalais dans leur majorité ; et qu’en tant que président né après les indépendances, il allait opérer un total changement dans l’exercice du pouvoir.
Malheureusement, cet espoir s’est fondu comme du beurre au soleil. Le chantre du « Yonnu Yokuté » qui avait promis monts et merveilles a fini par ravaler ses vomissures, reniant ses paroles une à une. À ce jour, tous les secteurs de la vie économique connaissent des difficultés. Ce n’est pas une première et ce ne sera pas, assurément, une dernière.
Cependant, là où le président Macky pèche le plus, c’est dans la modification circonstancielle des règles du jeu démocratique. Pour le peu que nous savons du jeu démocratique, Diouf avait accepté le code électoral consensuel de 1992 avec la création de l’Observatoire national des Élections (ONEL) en 1997, des réformes sous le magistère de Me Wade avaient conduit à la mise en place du code électoral de 2012 avec la nomination d’un ministre indépendant chargé des élections.
Par contre, depuis que le président Sall est aux manettes, nous ne cessons d’assister, impuissants, à des pratiques qui tendent à fausser les règles du jeu démocratique. Nous avons en souvenance le Code général des Collectivités locales voté en procédure d’urgence pour coincer certains candidat aux locales du 29 juin 2014, nous avons encore en mémoire la panne de la machine de production de cartes d’électeurs et la tentative de fermeture du groupe de presse Walf, empêchant des milliers d’électeurs de voter lors du Référendum du 20 mars 2016, nous nous souvenons de la rétention des cartes biométriques, des erreurs commises sciemment sur certaines d’entre elles et du sabotage le jour du scrutin pour fausser le résultat aux législatives du 30 juillet 2017.
Tous ces impairs sont à mettre à l’actif du président Sall et il s’apprête à remettre ça pour la présidentielle du 24 février 2019. Après avoir fait exiler un candidat et fait emprisonner un autre, il ambitionne de mettre la dernière main à son jeu favori.
Il est, aujourd’hui, de notre devoir de se lever comme un seul homme pour lui barrer la route avant qu’il ne soit trop tard. De nombreuses voix s’élèvent pour contester la modification du code électoral à moins d’un an de la présidentielle et il faut accorder du crédit à ces contestations. Certains points sur le projet de loi N° 12/2018 portant modification du code électoral inquiètent plus d’un ; notamment l’article L. 57 qui voit le terme « Tout Sénégalais » être remplacé par un autre plus réducteur « Tout Sénégalais électeur » afin d’empêcher certaines candidatures ; le système de parrainage consacré par le même article en ces termes « Un électeur ne peur parrainer qu’un (01) candidat ou liste de candidats ». Voila tout un plan peaufiné depuis belle lurette pour avoir un second mandat ou à défaut, faire élire un Macky-bis. Ce qui serait une insulte à notre démocratie bâtie au prix du sang de vaillants citoyens.
Face à cette forfaiture en cours, chaque citoyen sénégalais se doit de se tenir debout. Ce combat pour le respect des règles du jeu démocratique n’est pas une affaire d’opposants comme tentent de le faire croire les imposteurs du pouvoir. C’est une affaire de tout citoyen sénégalais, de quelque bord qu’il puisse se trouver. Ensemble, il nous faut rééditer un 23 juin-bis pour empêcher le vote de cette loi à l’Assemblée nationale le jour J.
Il n’est pas acceptable de laisser faire pour ensuite constater les dégâts après les échéances électorales. Surtout qu’après le Référendum, des voix autorisées se sont élevées pour évoquer les dysfonctionnements que l’opposition avait, alors, soulignés. Aussi, le décret N° 2018-476 portant révision exceptionnelle des listes électorales en vue de l’élection présidentielle du 24 février 2019 fait mention des anomalies qui avaient été soulevées lors des dernières législatives.
Compte tenu de tout cela, il est impératif de se tenir prêt à toute éventualité. Sans cela, nous n’aurons que nos yeux pour constater les dégâts au soir du 24 février 2019 et, même, avant car certaines candidatures gênantes pourraient être recalées. Encore, ce combat est celui de tout citoyen animé par l’intérêt suprême de la nation. Et je fais mienne, cette pensée du magistrat démissionnaire Hamidou Dème qui disait, en substance, qu’il est impensable de laisser le champ politique aux seuls politiciens quand on sait que c’est l’homme politique qui définit la politique de la nation en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, d’infrastructures etc.
Mes chers concitoyens, l’occasion nous est donnée là de prouver, à nouveau, notre maturité démocratique. Montrons au président Sall et son gouvernement que nous sommes loin d’être ceux pour qui ils nous prennent.
Debout les citoyens !
Pour que Vive la démocratie sénégalaise !
Soumaïla MANGA, coordonnateur du Mouvement JUSCA « Justice sociale pour la Casamance »