La visite de notre Président chez le petit jeune Macron à l’Elysée était très bucolique et a fait beaucoup de bruit…au Sénégal. Les images montrant Macky Sall reçu dans un jardin, fut-il versaillais, son auguste personne déposée sur une banquette digne de chez Orca, furent vécues dans notre pays aimant les futiles polémiques comme un crime de lèse-Buurou Fatick. Insupportable affront !!! Pensez-donc, Ouattara lui avait été reçu dans le Salon Murat, empli de dorures et de tableaux de la Renaissance, preuve de l’énorme importance que le président français lui accordait à lui…
L’enjeu n’était pas ce qu’ils s’étaient dit, l’enjeu était où ils se l’étaient dit, que le beau temps ensoleillé et estival ait pu tenter le jeune président transgressif français à aller tailler bavette sous le soleil, en écoutant les oiseaux et en matant les écureuils qui sautillaient, les Sénégalais n’en ont eu cure !!! Salon doré ou rien !!! Le contenu des discussions entre les deux Chefs d’Etat n’avait pour eux aucune valeur, seul est crédible le contenant, à savoir les dorures du salon élyséen.
C’est bien nous, ça ; ça nous ressemble et nous définit presque, quand on sait que les explorateurs venus naguère sous nos contrées ont pu avoir, ors, métaux, et esclaves juste pour des babioles brillantes et des miroirs rutilants, comme rois du «m’as-tu-vu ? » on se pose là.
C’est dans notre ADN, ce qui brille est toujours en or, et cela se manifeste dans nos comportements quotidiens et urbains où il n’est pas rare de voir des propriétaires du dernier IPhone 12 à 500 mille francs vous envoyer un sans-gêne « rappelle-moi », où des gugusses en 4×4 Cadillac s’arrêter à une station-service et demander pleins de morgue 2000 frs de gas-oil. Faut juste paraître beau et riche.
Alors, pensez donc quel affront a subi ce peuple vaniteux d’avoir vu son président que la planète nous envie être reçu comme un simple coursier ou un petit télégraphiste à l’Elysée. Heureusement qu’on ne lui a pas demandé de laisser son casque et ses Ray Ban à l’entrée… Si cette séquence est porteuse de chichis ndoumbélanesques, c’est qu’elle est symptomatique de l’importance que l’on donne aux choses, ou du moins elle renseigne sur l’ordre qu’on leur donne dans ce qui fait notre développement.
Par exemple, quels sont les problèmes les plus importants que vivent les Sénégalais ? L’éducation ? La Santé ? L’emploi des jeunes ? L’environnement et l’hygiène ou plutôt le manque d’hygiène ? La malnutrition ? Où se règlent ces problèmes ? Qui règle ces problèmes ? Avez-vous une seule fois entendu dire qu’ils se réglaient à l’Assemblée nationale, cercle empli d’experts en tous genres aptes à les circonscrire ? Une chose est claire… Ce n’est pas là que les choses importantes se jouent !!!!
Alors, pourquoi ce tintamarre pour des élections qui ne résoudront pas ces problèmes urgents auxquels sont confrontés les Sénégalais ? Quand on observe l’état de nos soucis et l’ampleur des solutions requises pour les résoudre, on devrait au contraire voir des hommes politiques se cacher, de peur qu’on ne leur demande de les régler, hésiter face à l’ampleur de la tâche, demander les avis de leurs pères et de leurs mères réunis avant de se lancer dans une telle aventure…
S’ils se bousculent sur ces 47 listes, c’est bien évidemment parce qu’ils n’ont nullement l’intention de résoudre nos problèmes. CQFD… Je ne parle même pas des moyens. Alors qu’est-ce qui les fait courir ? Le contenant pardi !!! Les honneurs, les maisons neuves, les voitures neuves, les habits neufs, les épouses neuves, les smartphones neufs, tout ça dans le désordre bien sûr… Quels sont les problèmes du Sénégal qui ont été résolus à l’Assemblée Nationale ?
A part les leurs, à savoir salaires et autres avantages, nous sommes bien en peine d’en dénicher un seul. Alors, leurs bagarres nous ennuient gravement et nous désolent, et nous interrogent : Quel est le contenu de leurs feuilles de routes qui vaut tant d’ardeurs au combat qui se déroule sous nos yeux ahuris par tant d’incurie et de vulgarité mêlés ? La réponse est dans un proverbe inversé et qui se résume pour eux de cette manière : «qu’importe l’ivresse, pourvu qu’on ait le flacon !!! ».
En attendant, «demandez le programme !!!». Les 49 programmes !!! Je suis sûr qu’on passera plus de temps à les compter qu’à les lire, et c’est heureux, parce qu’on pourrait mourir de…rire…
Sambaay Bathie (Actusen.com)