Le pape François entame lundi 27 novembre une visite de quatre jours en Birmanie avant de se rendre au Bangladesh voisin. C’est la première fois qu’un pape se rend dans le pays. Un voyage qui lui permettra d’aller rendre visite aux petites minorités catholiques de la région, mais qui a surtout pour toile de fond la crise des Rohingyas.
C’est sans aucun doute la crise humanitaire des Rohingyas déclenchée par les exactions de l’armée birmane qui est à l’origine du voyage du pape en Birmanie et au Bangladesh, deux pays à large majorité bouddhiste et musulmane.
A Rangoon, François appellera à la paix et à la coexistence pacifique avec les minorités ethniques. Pour l’heure avec la minorité musulmane des Rohinghas durement éprouvée depuis le déclenchement d’une vague de violence sans précédent en août dernier qui ressemble fort à un nettoyage ethnique.
Ils sont plus de 600 000 réfugiés à présent au Bangladesh, entassés dans des camps de fortune, menacés par la pluie et les glissements de terrain. Et leur retour malgré le récent accord signé entre la Birmanie et le Bangladesh est peu probable.
Le pape François devrait avoir un entretien privé avec le chef de l’armée birmane. Celle-ci malgré l’ouverture d’un processus démocratique conserve les pleins pouvoirs, ce qui limite la marge de manœuvre d’Aung San Suu Kyi.
Très critiquée à l’extérieur pour ne pas s’être opposée énergiquement au sort fait aux Rohingyas, le Prix Nobel de la paix rencontrera le pape François, qui en venant dans son pays vient lui apporter son soutien.
Les catholiques birmans attendent le pape
Nonra a dormi sur des tapis à même le sol avec des dizaines d’autres personnes devant une église de Rangoon. Pour cette catholique du nord de la Birmanie, la visite du Pape est une occasion à ne pas manquer.
« C’est une chance très rare de voir le pape, je n’ai pas de mots pour dire mon bonheur. Ça n’arrive qu’une fois dans sa vie. Même si j’ai dû faire beaucoup de trajets, je suis très contente et je crois qu’après la visite du pape, le pays sera pacifié », confie-t-elle.
Beaucoup d’espoirs donc pour ces catholiques. Patricia a 25 ans et elle participera à la messe pour les jeunes dans la cathédrale Sainte-Marie : « Je suis très excitée. J’ai entendu qu’en Colombie, le pape avait demandé à un jeune de lui poser une question, j’espère que le pape va me choisir. Je lui demanderai : pourquoi vous avez choisi la Birmanie ? Je pense qu’il a eu une vision de Dieu parce qu’en ce moment, nous avons une crise en Birmanie. Dieu l’a envoyé pour qu’il nous apporte la paix », dit-elle avec enthousiasme.
Cette crise, c’est celle de la minorité Rohingya. Pour l’Eglise birmane, le pape doit éviter de prononcer ce terme, très sensible dans le pays. Si François dit ce mot, les nationalistes pourront créer des problèmes, nous ont confié plusieurs catholiques birmans.
Avec RFI