Drapeau en berne, nos cœurs ternes,
La République est secouée, nos visages sont balafrés, nos âmes, bousculées, le Sénégal verse de chaudes larmes, en ce lendemain d’exaltation
De la Casamance, verte, aux gènes nobles, à Popenguine, blanche, aux parures fables,
On ne verra plus ce corps svelte, à la silhouette discrète, rodé autour du bien, main toujours en action, sans témoin autour.
Il planait au-dessus des affaires de l’Etat et était un habitué des marches du palais, cette bâtisse blanche, son éternelle demeure, un amour fusionnel aux contours féroces
Lui, l’homme à l’élégance inégalée, au pas mesuré, le diplomate aguerri a tiré sa révérence, laissant derrière lui, une République orpheline et un Etat amputé de son membre central
De Senghor à Macky Sall, 45 ans de loyaux services, il fut cette locomotive qui tira l’état, sans plainte ni complainte, il était un seigneur dans l’art de manier les caprices de la diplomatie. Le protocole, son affaire, est dans un coma profond, son maître l’a brutalement lâché
Solennité de l’Etat, à la messe des orfèvres, en liesse, la nation est debout pour rendre hommage, des plus mérités, à l’éclaireur à la torche si généreuse
Un serviteur éternel, disciple de la République
Qui aura fait don de sa chair, à son cher pays, le Sénégal. L’inamovible Bruno Diatta, l’oreille attentive, au flair de phalène, est parti vers les terres, à nos yeux, mystérieuses
Vertus de Nazareth, regard d’homme de Galilée, aux fines cordes du sitar, Bruno est à jamais installé dans son sommeil aux rives éternelles. Le Sénégal continue sa marche, rendant hommage à l’homme qui a investi toute sa vie, à ses entrailles.
Tristesse, que me veux-tu? Souffrance, que me fais-tu? Ô solitude, laisse mes larmes coulées sous le paillasson de ma douleur, vive et verte, l’étendard de mon coeur est en berne, son arche brisée, repose en paix ô Bruno, le patriarche, Diatta, la noblesse de Sihalebe