S’il y a une chose à laquelle les phases finales de la coupe du monde de football 2018 tenues en Russie nous a indiqué des enseignements, c’est bien le rôle primordial voire vital du sport dans une société et la posture que cette dernière est censée avoir à l’égard de ses représentants. Que ce soit dans l’union et l’équité parfaite des différents individus pratiquants ou non ou encore entre acteurs pour dépasser leurs limites et se transmettre mutuellement le goût de l’effort.
Cependant, il peut permettre de déceler les tares de cette même société et de participer concomitamment à la résolution de ces dernières.
Au-delà des aspects positifs sur les plans physique, psychologique et intellectuel garantis, le sport est aussi un facteur exogène de socialisation et de développement. En plus d’être un moment d’échange, de partage où l’on rencontre des personnes issues de milieux différents, facilitant de fait l’ouverture à d’autres cultures, d’autres références et d’autres valeurs, il constitue également un facteur de réconciliation des peuples.
À titre d’exemple, la France, sacrée championne de cette édition, jadis non figurante du trio infernal de favoris d’avant mondial à savoir le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne, a su tirer son épingle du jeu grâce à la solidarité et l’esprit de son groupe de jeunes joueurs quasi inexpérimentés et au soutien indéfectible auquel son peuple a fait montre durant toute la durée dette compétition jalonnée parfois d’embûches.
Nous avons, par ailleurs vu que même, à l’intérieur du pays, proprement dit,les querelles partisanes sur l’immigration, au centre des débats politiques avant son démarrage étaient reléguées au second plan et que l’anticonformisme connu des plus extrêmes, quelle que soit l’importance ou le degré d’intensité de leurs raisons a donné libre cours à la cause générale. Tous, vibrés derrière les bleus et la devise “un pour tous, tous pour un”, leur slogan de compagnie. Une unité qui a fini par payer !
Au regard de la composition hétéroclite de son équipe, nous avions pu voir un groupe d’individus, venus d’horizons divers où chacun jouait certes pour le plaisir mais aussi se battait pour développer son sentiment d’appartenance et était dans la quête d’une reconnaissance d’identité. Et ça, seul le sport peut assurer sa procuration et, le respect des autres, sa récompense.
Dans un autre registre, le sport a symbolisé la fin réelle de près d’un demi siècle d’apartheid et de la réconciliation nationale entre noirs et blancs d’Afrique du Sud avec la mémorable et dispensable image de Nelson Mandela, premier président noir élu en mai 1994 remettant le trophée de la Coupe du Monde 1995 de Rugby à François Pienaar, capitaine blanc des springboks devant des milliards de téléspectateurs dans le monde. Cet acte légendaire sur le plan mondial a inspiré plus d’un. Des sportifs aux cinéastes en passant par les politiques.
En côte d’Ivoire, bien avant même le coup d’état raté contre le régime d’alors de Laurent GBAGBO du 19 septembre 2002, les quelques rares fois où les populations étaient réconciliées – le temps d’un match ou d’une compétition – sans intervention de la communauté internationale durant tout le processus, étaient de l’oeuvre du sport. Malgré le fait que les coeurs étaient pour la plupart totalement remplis de haine et de rancoeur entre ethnies principalement du Nord ( Dioulas – musulmans ) et du Sud (Bétés – catholiques ) et que ; la crise politique ivoirienne et crise inter-communautaire ne faisaient qu’une, le football a toujours su les réunir – quand il le fallait – autour d’une seule et unique cause.
Après 14 ans de guerre civile au Liberia, les Nations Unies n’ont pu obtenir 5 semaines successives de répit en 2007 qu’avec la campagne sportive et culturelle pour la paix et la réconciliation organisée sous forme de festival de paix au nord du pays à Ganta conformément à leur tradition qui indique que “quand on veut réconcilier les membres d’un peuple, on les appelle avec leurs danses traditionnelles, afin qu’ils jouent ensemble.”
Pendant ce temps, un pays comme le Sénégal, qui – il faut le souligner et le reconnaître – n’a encore véritablement pas fait ses preuves dans ce domaine si ce n’est avec le Basket Ball au niveau purement continental, voit souvent ses minces espoirs anéantis par une solidarité de façade. Or, lorsqu’un rendez-vous aussi crucial que celui avec l’histoire, nous interpelle, le patriotisme doit primer par dessus tout. Nous avons le coeur meurtri, rien que d’entendre qu’il y aurait eu des charlatans engagés par des hommes et/ou femmes opposant(e)s au régime en place ou encore de la fédération pour faire perdre l’équipe nationale de football au Mondial avant l’heure. Ou bien, des sélectionnés non titularisés se sentir non concernés par une défaite de leur équipe sous prétexte qu’ils n’auraient pas joué. Ou encore, d’anciens internationaux, en quête perpétuelle d’occasion pour tirer sur leurs successeurs. En gros, cette manie viscérale bien propre chez nous de vouloir être toujours à la place de l’adulé et non de celle du flatteur ou du spectateur. Ce moi ou rien qui gangrène notre société et qui est pire que de la peste avec ses vermines insatiables. Tant que cette façon de voir les choses qu’en sa faveur n’est pas éradiquée, nous pouvons dire Adieu à toute compétition du genre qui se présentera à nous ; fût-t-elle la plus abordable de toutes. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire de part et d’autre, le sport est une affaire de noble où seules les âmes pures ont véritablement place. Donc, “Nañou len tapé xool yi nguir am ndimbalou souñou borom” dixit Maam Abdou Aziz Dabakh.
Félicitations à la France, Bon courage à la Croatie (sreću za Hrvatsku). C’est le Sport qui gagne !
Qu’Allah SWT veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Par Elhadji Daniel SO,
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !