La caractéristique prédominante de cette première phase du processus devant mener aux élections législatives est le fait que la classe politique – dans son écrasante majorité – fait preuve d’escroquerie politique, en envisageant de solliciter les suffrages des électeurs, sans proposer en retour une offre politique tangible.
On ne peut que déplorer que les désaccords entre les composantes de de la grande Coalition Manko Taxawu Senegaal aient plus porté sur des questions crypto-personnelles (ou de têtes de listes) que sur des divergences programmatiques.
Toujours est-il que l’implosion de la grande Coalition Manko Taxawu Senegaal, même si elle amoindrit – sans l’annihiler complètement – la probabilité d’une cohabitation, donne tout au moins aux électeurs une chance unique de tourner la page de la dynastie Wade, dont l’ombre menaçante continue de planer sur notre pays, principalement à cause du refus des tenants du pouvoir actuel de procéder aux ruptures venues à maturité.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le 30 juillet prochain, il sera difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie.
Avec 45 listes en compétition et un électorat majoritairement illettré, le processus électoral risque de se terminer dans une belle pagaille annonciatrice d’une crise post-électorale quasi-inéluctable, qui serait pire que la cohabitation que les tenants du pouvoir redoutent tant.
Il y a un hiatus flagrant entre la pléthore de coalitions et le mutisme quasi-unanime des acteurs politiques sur les orientations programmatiques ayant servi de socle à ces regroupements de partis.
Cette confusion et le risque de déstabilisation des institutions semblent, de prime abord, faire le jeu de Benno Bokk Yakaar, accusé – à tort ou à raison – d’avoir favorisé la démultiplication des listes. En effet, de larges pans de l’électorat, dans une volonté d’apaisement du jeu politique tourmenté, risque de porter leur choix sur la Coalition auréolée des attributs du pouvoir.
Même au cas hypothétique où le camp présidentiel, favorisé par le mode de scrutin inique – majoritaire à un tour – arrivait à conserver une majorité de députés au Parlement, un score électoral inférieur à 50% serait de mauvais augure pour le Président, futur candidat de Benno Bokk Yakaar aux prochaines présidentielles de 2019. Elle signerait, en effet, un désaveu politique des cinq premières années du régime Benno, ce qui semble être un objectif politique à la portée de l’Opposition, dans toute sa diversité.
Comment ne pas évoquer les menaces qui planent sur la cohésion nationale ?
Le foisonnement de listes déjà observé lors des élections locales de 2014 est symptomatique d’un morcellement de la classe politique, qui pourrait bientôt aboutir à une fragmentation du tissu social.
Cela est d’autant plus inquiétant, au moment où des lobbies pétroliers sont en train de tourner, comme des vautours, autour de notre pays.
NIOXOR TINE