Emmanuel Macron se rend ce lundi 15 mai à Berlin afin de rencontrer la chancelière Angela Merkel. Il suit ainsi la tradition désormais bien établie voulant que le premier déplacement à l’étranger du président de la République soit pour l’Allemagne. Mais auparavant, il lui faut nommer son Premier ministre.
Le choix d’Emmanuel Macron est arrêté depuis plusieurs jours. Un homme, ou une femme mais pas issu de la société civile c’est la seule certitude. Emmanuel Macron veut quelqu’un avec une expérience de la politique. « Des compétences, dit-il, pour diriger une majorité parlementaire et animer un collectif gouvernemental ». Cette équipe devrait être connue demain et mêlera société civile et politiques, débutants comme chevronnés.
Plusieurs noms circulent, mais l’un revient avec insistance, il s’agit de celui d’Edouard Philippe, 46 ans, le député-maire Les Républicains (LR) du Havre, un proche d’Alain Juppé. Edouard Philippe a eu sa carte au parti socialiste durant deux ans quand il était étudiant. L’homme est issu du même moule que le président : Sciences Po puis l’ENA ; il en est sorti dans les 15 premiers. Edouard Philippe se prévaut d’une expérience dans le privé : un cabinet d’avocat américain et chez Areva. Le maire du Havre est un passionné de boxe qui écrit des fictions politiques, tout comme Bruno Le Maire, dont on parle pour un portefeuille ministériel. L’élu normand s’est abstenu lors du vote pour le mariage pour tous. Il s’est enfin placé en retrait de la campagne de François Fillon après les révélations sur l’affaire Penelope.
Au total, un homme issu des rangs de la droite, au tempérament centriste… C’est un signal, bien sûr, pour les législatives, pour convaincre les électeurs de sa capacité à rassembler sur une ligne ni à droite ni à gauche. Un geste aussi pour faire venir à lui d’autres élus de la droite. La date limite de dépôt des candidatures c’est ce vendredi. Il reste encore 148 investitures à accorder.
Visite importante à Berlin
Au cours de cette première rencontre, le nouveau couple franco-allemand abordera les questions auxquelles ils tiennent tous deux, tels la sécurité, l’économie et les investissements, ainsi que la protection sociale et la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles.
Mais les deux dirigeants européens sont attendus sur le renforcement de l’Union européenne et tout particulièrement celui de la zone euro, un des thèmes de campagne d’Emmanuel Macron.
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble est plutôt favorable à son idée d’un Parlement européen de la zone euro, consultatif. Mais les autres propositions d’un budget de la zone euro, d’un Trésor européen, d’un ministre des Finances de la zone euro ne suscitent pas le même enthousiasme outre-Rhin.
Macron déjà décrié outre-Rhin
Le nouveau président français a bénéficié d’un soutien massif durant sa campagne de la classe politique allemande et des médias, mais depuis une semaine, certaines critiques ont été émises sur ses propositions européennes, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut.
Après Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, Angela Merkel, l’éternelle chancelière, accueillera donc ce lundi soir à Berlin le nouveau président français. Elle l’avait reçu en mars et l’a ouvertement soutenu durant sa campagne comme la majorité de la classe politique et des médias allemands.
L’engagement pro-européen d’Emmanuel Macron et sa volonté de coopérer avec Berlin ont été salués. Mais à peine son élection passée, certains conservateurs critiquent des propositions de réformes de la zone euro comme des transferts supplémentaires de l’Allemagne ou une mise en commun des dettes.
L’hebdomadaire Der Spiegel titrait ce week-end en Une avec un portrait d’Emmanuel Macron : « Un ami cher » – cher au sens financier – précisant : « Il sauve l’Europe, mais l’Allemagne doit payer ».
Les sociaux-démocrates, à commencer par le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, un proche du président français, s’enflamment pour les propositions de Paris. En cette période préélectorale en Allemagne, les chrétiens-démocrates sont plus sur la réserve pour ne pas irriter des électeurs peu enclins de payer pour les voisins.
Un compromis entre les deux pays pourrait donc devoir attendre les élections générales allemandes de septembre pour être trouvé.
Rfi