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Les discussions sur la renégociation de l’Alena s’annoncent tendues

C’était une promesse électorale de Donald Trump : la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain, qualifié de « désastre » par Trump. L’Alena, signé en 1994, prévoit l’élimination de la plupart des barrières douanières et financières entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Les débats qui s’ouvrent ce16 août à Washington entre les trois pays signataires promettent d’être musclés. Chaque délégation va tenter de ne pas trop perdre à l’occasion de ces renégociations. Ainsi le Mexique, dont les exportations se font à 80% vers le voisin américain. Un bilan fustigé par le locataire de la Maison Blanche.

Depuis la création de l’Alena en 1994, Canada, Mexique et Etats-Unis ont su en profiter pour développer leurs économies. Quarante millions d’emplois ont été créés, dont plus de la moitié aux Etats-Unis et l’on compte plusieurs centaines de milliards annuels d’échanges entre les trois pays.

Depuis bientôt dix ans, les droits de douane ont disparu. Même s’il facilite les activités et les flux commerciaux, ce genre de traité engendre toujours des frustrations. Pour Donald Trump par exemple, le Mexique vole des emplois aux Etats-Unis et le Canada utilise des méthodes déloyales.

Les Etats-Unis ont un déficit commercial de 60 milliards de dollars avec le Mexique. Dès le début, l’Alena a été un accord unilatéral dans des proportions considérables.

Les trois pays sont donc de retour à la table des négociations avec des objectifs très différents. Washington espère trouver le moyen de rééquilibrer sa balance commerciale avec Mexico sans céder aux revendication d’Ottawa, notamment sur l’environnement.

Les premiers échanges vont ainsi donner le ton de ces discussions qui pourraient durer plusieurs mois, car si les trois pays coopèrent et ont désormais des pans entiers de leurs économies intimement liés, ils restent surtout en concurrence.

Dans ces discussions tripartites, le Mexique est le plus fragile, car celui qui dépend le plus de l’Alena, même s’il a aussi su devenir un partenaire incontournable des Etats-Unis.

Mexico est depuis des mois au cœur des critiques du président Donald Trump, que ce soit pour exiger la construction d’un mur anti-immigration à la frontière, ou pour dénoncer l’Alena, accusé d’avoir creusé le déficit commercial des Etats-Unis.

Les exportations du Mexique ont bondi de 500% en vingt ans. C’est dans ce pays que des groupes américains comme Ford ont installé des unités de production pour bénéficier d’une main-d’œuvre nombreuse et aux salaires misérables. Des délocalisations responsables des fermetures d’usines sur le sol américain, d’après Donald Trump.

Les patrons mexicains vont pousser pour préserver les acquis du libre-échange pour l’industrie automobile et le secteur agricole de leur pays, voire étendre ce régime préférentiel à d’autres secteurs.

« Le pire traité commercial »

Face à un Donald Trump qui a besoin de donner des gages à son opinion sur le thème du « acheter américain », les négociateurs mexicains, bien que chevronnés, peuvent s’attendre dès ce mercredi 16 août à des discussions tendues.

Ces négociations s’annoncent difficiles pour le Mexique qui n’est pas en position de force car il dépend trop des Etats-Unis auxquels il destine 82% de ses exportations. Donald Trump va profiter de cette dépendance commerciale pour faire pression sur le pays, en le menaçant à tout moment de sortir de l’Alena.

Les Mexicains savent qu’ils devront faire face à la volonté du président Donald Trump de réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec le Mexique. Un thème sur lequel les Mexicains sont prêts à discuter, mais à condition que les accords conduisent à une croissance du commerce dans la région et non à un recul. Ils sont donc bien décidés à s’opposer à toute prétention des Américains d’introduire de nouvelles taxes douanières ou autres barrières commerciales sur les importations mexicaines.

Le président américain considère l’Alena comme « le pire traité commercial jamais signé par son pays ». Il pointe le déficit commercial des Etats-Unis envers le Mexique, 64 milliards de dollars, et envers le Canada, 12 milliards.

Mais Donald Trump se trompe de combat pour Germain Belzile, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal, au Canada.

Avec RFI

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