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Les enjeux de l’élection présidentielle au Somaliland

Le Somaliland organise ce lundi 13 novembre une élection présidentielle. Ce territoire de 4 millions d’habitants, ancienne colonie britannique, s’est déclaré indépendant de la Somalie en 1991 après dix ans de guerre civile. Mais depuis, il n’est pas reconnu par la communauté internationale. Pour autant, il vit en autonomie et en paix. Le président sortant, Ahmed Silanyo, a décidé de ne pas se représenter. Trois candidats se présentent pour lui succéder dans une présidentielle aux enjeux multiples.

Ce lundi matin, Hargheia est déserte. Seules quelques voitures avec une plaque d’immatriculation spéciale délivrée par la Commission électorale sont autorisées à circuler. Par contre, dans les bureaux de vote on observe de longues files d’attente. Une pour les femmes et une pour les hommes.

Certains ont des parapluies pour se protéger du soleil. Il y a même des distributions d’eau organisées par les partis politiques -trois candidats sont en lice pour la présidence- pour aider leurs supporters à tenir sous la chaleur. Les gens sont très motivés et nous avons même vu deux jeunes en venir presque aux mains, parce que l’une accusait l’autre de lui avoir volé sa place.Voilà qui prouve bien un certain enthousiasme pour ce scrutin important pour le Somaliland.

Premier enjeu: la paix et la stabilité

Pour le Somaliland, l’enjeu est d’abord interne  : celui de la paix et de la stabilité que ce territoire parvient à maintenir depuis plusieurs années. Mais qui dit nouveau président, dit nouveau jeu d’échec entre les différents clans. Le Somaliland n’a que trois partis autorisés, mais en coulisse, le système traditionnel reste très présent. «  Le nouveau président devra trouver des compromis, gérer un équilibre très délicat à travers le consensus  », explique Ulf Turlinden, spécialiste de la région.

L’élu devra également poursuivre la délicate réconciliation avec les provinces de Sanaag et Sool, dans l’Est, qui régulièrement remettent en cause le pouvoir central.

Un scrutin réussi renforcerait la crédibilité du territoire

Mais l’enjeu de cette présidentielle est tout aussi externe. Même s’il n’est pas reconnu, le Somaliland suscite une certaine admiration puisqu’il est parvenu à organiser plusieurs élections seul, de façon relativement calme et transparente. «  Réussir ce scrutin renforcera la crédibilité aux yeux des étrangers. Cela pourrait déboucher vers plus d’investissements et d’opportunités  », explique Marc Bradbury, de la Rift Valey Institute.

Ce réchauffement des relations pourrait faire du bien car la présidentielle est retardée depuis deux ans à cause de la sécheresse. Un report qui a agacé la communauté internationale qui a plutôt renforcé son aide à la Somalie voisine, suite au recul des islamistes shebabs et à l’amélioration relative de la situation.

Quant à une reconnaissance internationale, on n’en est pas encore là s’accordent à dire les experts, même si une présidentielle réussie permettra au Somaliland de marquer des points comme l’explique à notre envoyé spécial cet homme rencontré à Hargheisa.

Avec RFI

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