Cher Khalifa Ababacar,
En décidant de militer au Parti Socialiste le 05 janvier 2013, je nourrissais l’espoir de poursuivre une action engagée en vue d’une société plus juste et plus humaine. Aujourd’hui encore, cette flamme persiste au plus profond de mon être.
Depuis plusieurs mois, le parti vogue en eaux troubles, en proie à une division d’ordre stratégique qui a fini de le frapper d’une léthargie inédite, conséquence d’un révoltant manque d’initiative politique et surtout d’un suivisme aveuglé par ce que je perçois comme une volonté de ne pas paraître « petit » face à ceux qui, quittant hier la Maison du Parti, se retrouvaient au-devant de la scène protocolaire.
J’ai osé me convaincre et croire que ce n’était pas juste que pour quelque privilège ou honneur républicain…hélas !
Mea culpa !
Aujourd’hui, cher camarade, je me suis fait la conviction que l’avenir et l’héritage n’intéressent plus ceux-là qui, de Senghor à Diouf, se sont taillé un fourbe et prétentieux manteau de militants de socialistes convaincus et inaltérables. Et pourtant, les Devanciers leur avaient permis d’apprendre, d’éclore et de s’épanouir pour le bien du Sénégal et de l’idéologie socialiste. Pour la plupart, ils ont oublié que le parti n’est pas leur ; que le PS n’appartient même pas aux militantes et militants socialistes ; que le parti socialiste fait corps avec le Sénégal et avec chaque concitoyen (ne). Au soir de leur engagement, chacun(e) de nous se fait une idée du legs et de ce qu’il en est advenu.
Cher Khalifa Ababacar,
Au moment où les diseurs d’histoires veulent, avec légèreté, freiner un élan légitime et que les ratiocineurs attendent de se délecter des carottes et miettes qui tombent de la table du Régent, l’Histoire inscrite dans le cœur de nos Concitoyens retient DIGNITE, VERTU, HONNEUR et ACTION RESOLUE depuis que vous êtes à la tête de l’équipe municipale la Mairie de la Ville de Dakar.
J’ai dit un jour, au soir des fameuses consultations des 138 coordinations, que l’agenda de Dakar n’était pas forcément le nôtre et que la 26ème se devait de suivre sa propre voie, dans le respect de la discipline du parti. Il apparait clair, désormais, que l’appel de l’honneur couvre la peur qui fait fuir ; il apparait évident que la seule meilleure manière d’avancer ce n’est surtout pas de reculer.
L’ayant compris, j’ai décidé de me libérer ; l’ayant compris, j’ai décidé de me battre pour l’héritage du PS et la survie de la démocratie qui sera toujours à parfaire dans un pays où le populisme draine de nombreux adeptes.
Je m’y engage résolument mais avec la ferme espérance que l’avenir est devant nous ; il sera celui que les Sénégalaises et Sénégalais voudront pour leur Pays, la Terre de nos Ancêtres, cette Terre où nous sommes nés.
Cher Khalifa Ababacar,
Une précieuse amie, nous encourage en disant : « La rose fane mais pas ses épines. Stay strong ! ». Je convoque, à ton intention et à celles de tous les camarades et concitoyens injustement détenus, ces mots que tu reconnaitras certainement : « Cher vieux Sénégal, il est temps que nous te lavions des calomnies qui te défigurent. Il est temps que nous te rendions ton visage de jeunesse. Si je t’ai tant chanté et, de préférence ce pays bas où dorment mes ancêtres sous les palmes et l’alizé ; si je t’ai tant chanté, c’est que tu es ma patrie, la chair de ma chair, la chair de nos morts. »
Ainsi parlait déjà, à l’époque, Léopold Sédar Senghor, Premier président de la République du Sénégal.
En te redisant mon engagement militant et citoyen, je te prie de croire que tu n’as jamais été seul, que tu ne l’es point et que tu ne le seras jamais dans le combat et l’ambition commune d’un Sénégal qui se mette sur la bonne voie, avec le concours volontaire de ses précieux enfants.
Voilà le sens de mon engagement.
Bien à toi,
Amitiés fraternelles,
Authentiques sentiments socialistes.
Stanislas NDIAYE,
Militant Socialiste,Rufisque.
SG des Jeunesses Socialistes de la 26ème Coordination de Rufisque-Est,
SG des Jeunesses Socialistes du Département de Rufisque.
MAME BOUNAMA SALL, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MOUVEMENT DE LA JEUNESSE SOCIALISTE : «Khalifa Sall a été la taupe du PDS dans les instances du Ps»
Secrétairegénéral du Mouvement des jeunesses socialistes, Mame BounamaSall a, dans cet entretien, abordé l’actualité politique sénégalaise, notamment la polémique autour de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar et sur ses rapports avec Bamba Fall, édile de la Médina. Selon lui, Khalifa Sall doit répondre devant les juridictions s’il est avéré qu’il est l’auteur des faits qui lui sont reprochés.
Quelle lecture faites-vous de la polémique qui tourne autour de la Caisse d’avance de la ville de Dakar ?
Nous en faisons une lecture lucide et responsable qui s’appuie sur des principes républicains. quand on gère des deniers publics, on doit rendre compte au peuple à travers ses démembrements. Autrement dit, on doit expliquer de façon claire et nette comment ces deniers ont été utilisés. Tout compte fait, nous voudrions que la justice soit équidistante, que le droit soit dit dans cette affaire parce qu’il y va de la stabilité sociale de notre pays. Mais, égale- ment de notre avenir en tant que jeunes leaders politiques qui aspirent à hériter, demain, d’un pays démocratique où la liberté est garantie mais d’un pays où la justice fait son travail de la manière la plus responsable et libre possible.
Vous avez eu à cheminer durant des années avec Khalifa Sall. Pensez-vous qu’il est capable de commettre les malversations qui lui sont reprochés ?
Je ne veux pas personnaliser le débat. N’eut été le caractère animal de l’être humain, on n’aurait pas mis toutes ces dispositions juridiques qui encadrent l’organisation et le fonctionnement de notre société. En tout cas, ce que nous attendons de tout ça, c’est que la justice soit dite. S’il est avéré que Khalifa Sall est coupable des faits qui lui sont reprochés, qu’il réponde devant les juridictions compétentes. Je pense que la Justice, de par ses démembrements, est assez outillée pour pouvoir vérifier la véracité des soupçons qui pèsent sur lui. Je voudrais également dire que je ne le connais pas au point de le cerner. Je ne saurais aller jusqu’à dire qu’il est capable de faire ceci ou cela.
Toutefois, politiquement, je lui reproche des choses. Et, aujourd’hui, l’histoire est en train de nous donner raison au regard des vociférations de certains responsables du PDS. qui, j’en suis sûr, ont bénéficié des appuis du maire de Dakar au dé- triment de militants qui s’étaient battus pour le défendre. quand vous entendez des gens comme Doudou Wade, Babacar Gaye, Mamadou Diagne Fada, entre autres, s’ériger en bouclier de Khalifa Sall, ça ne fait que conforter ce que nous disions. que ces accointances avec le PDS contre le PS ne datent pas d’aujourd’hui. Khalifa Sallaété la taupe du PDS dans les instances du PS. Il a toujours travaillé contre le candidat du PS, Ousmane TanorDieng.
Le Mouvement national des jeunesses socialistes avait annoncé une plainte contre le maire de la ville de Dakar. Où est ce que vous en êtes ?
Des témoins oculaires des temps de la gestion de Khalifa Sall nous ont rapportés un certain nombre de faits et de biens que ce dernier avait acquis au nom du Mouvement national des jeunesses socialistes et dont on ne dispose pas aujourd’hui. Donc, il faudrait que cette jeunesse ne soit pas lésée et que les biens qui lui appartiennent lui soient restitués. On n’a pas en- coredéposé la plainte parce qu’il va falloir que le Secrétariatexécutif du Mouvement s’en approprie et prennent les dispositions.
Ne pensez-vous pas que tout ce que Khalifa Sall est en train de subir est un complot en complicité avec le PrésidentMackySall pour abattre un adversaire politique ?
Je pense que l’attitude de Khalifa Sall renseigne sur son incapacité à remplacer Ousmane TanorDieng en termes de valeur, d’endurance et de courage. Parce que quand vous aspirez à remplacer quelqu’un, il faudrait un minimum de dispositions pour pouvoir porter l’appareil qu’il vous léguerait. En 2001, Ousmane TanorDieng a été convoqué par la DIC. Il a répondu clairement à toutes les questions qui lui ont été posées sans tambour ni trompette avec lucidité, courage et sérénité. Aujourd’hui, à la premièreexpérience, vous avez vu Khalifa Sall crier sur tous les toits qu’il est vic- time d’acharnement. Or, quand on est leader, il faut savoir le montrer par le courage et le sens de responsabilité en toutes circonstances.
Récemment, des jeunes socialistes vous ont attaqués soutenant que vous avez mêmedétourné de l’argent que vous auriez reçu, à l’époque de Khalifa Sall…
Je ne réponds pas à ces jeunes parce que ce serait leur accorder de l’importance. Mais, je me dois d’apporter des précisions sur cette question qui a été agitée. C’est vrai que nous avons eu à bénéficier du soutien financier de Khalifa Sall. Après que nous avions fait le tour du pays, Khalifa Sall s’était rapproché de moi pour me manifester son désir de nous appuyer. Je m’en suis ouvert au Secrétairegénéral du parti, Ousmane TanorDieng.
Ce dernier m’avait donné son feu vert pour que j’aille rencontrer le maire de Dakar. Quand il m’a remis l’argent, je suis revenu à la base pour rendre compte. Toutes les entités du parti avaient bénéficié de cet argent. Je ne l’ai pas détourné. J’ai été millionnaire avant d’être le Secrétairegénéral des jeunesses socialistes.
Donc, pour vous dire que je gagne bien ma vie. Je ne vois pas dans ce parti quelqu’un qui pourrait me reprocher des questions d’argent parce que j’ai des rapports très transparents avec l’argent. Pour ce qui est du Bureau national des jeunesses socialistes, ceux qui m’attaquent ne comprennent pas ce que signifie une Conférence nationale ou un Congrès.
Le Bureau a été fait depuis la Conférence nationale, il ne restait qu’à compléter quelques postes qui sont liés au retard du renouvellement des instances dans certaines régions.
Donc, parler de son inexistence n’est que pure affabulation ou contrevérité. Mieux, ceux-là sont très mal placés pour comprendre le fonctionnement du Mouvement national des jeunesses socialistes parce qu’ils sont à leur premièreexpérience et n’ont participé à aucune manifestation dudit mouvement à l’intérieur du pays.
Les dissidents du Parti socialiste vont déposer une liste parallèle lors des prochaines électionslégislatives. Est-ce que cela ne scelle pas la rupture entre les pro-Tanor et les pro-Khalifa Sall ?
Je voudrai préciser qu’il n’y a qu’un seul PS. Il peut y avoir des dissidents ou des personnes qu’on pourrait taxer, politique- ment, d’indisciplinées pour n’avoir pas respecté la volonté populaire des militants du parti. Lesquels se sont prononcés de manière libre et démocratique dans les différentes coordinations du parti et qui, dans une écrasantemajorité, ont confirmé leur volonté à ce que le parti continue son compagnonnage avec le Benno BokkYakaar.
Le parti sera donc ferme sur cette question. Tout responsable socialiste qui sera dans une liste autre que celle de Benno sera considéré comme démissionnaire du Parti. Et il faudrait, au sortir de ces échéances, que le parti puisse prendre ses responsabilités. Car, on ne peut pas souscrire à un parti politique qui s’organise sur des principes et des règles d’organisation et, après, ramer à contre-courant de la décision majoritaire des militants. Le PS ne doit pas accepter cela, sinon ce serait un précédent grave pour l’avenir et surtout pour la jeunesse qui héritera de ce parti.
Quel est aujourd’hui l’avenir politique de Khalifa Sall au Parti socialiste ?
Je pense que l’avenir politique de Khalifa Sall dans le Parti socialiste, c’est à lui de le définir. Khalifa est un militant comme tous les autres. Il est soumis à la rigueur disciplinaire et idéologique du parti. Maintenant, si de par son discours et son comportement, il y a un hiatus, c’est à lui, demain, de subir les corrections et les sanctions que lui infligeraient le parti en conformité avec ses dispositions et son règlementintérieur.
Bamba Fall et autres sont aujourd’hui en détentionpréventive à Rebeuss à la suite de la plainte déposée par le PS quelques jours après le saccage de son siège. Est-ce que cette affaire ne devrait pas êtreréglée en interne ?
Il ne faudrait pas que les gens appréhendent cette question sous l’angle politique. Le PS avait porté plainte contre x. Et, les conclusions des investigations des enquêteurs se sont orientées vers ces personnes qui ont été arrêtées. En plus, tout le monde avait entendu les menaces de Bamba Fall disant qu’il va faire une mobilisation pour faire échouer la tenue de ce Bureau politique. Donc, nous demandons que la loi s’applique dans toute sa rigueur si leur culpabilité est avérée.
Avez-vous rendu visite à Bamba Fall et vos autres camarades qui sont en détentionpréventive ?
Non. Je n’ai pas rendu visite à Bamba Fall parce qu’on n’a pas ces rapports. Depuis plus de deux ans, on ne se parle pas. On ne se salue même pas. Donc, ce serait d’une coquetterie politicienne de vouloir aller lui rendre visite.
Il faut avoir l’honnêteté et le courage de dire que l’histoire a aujourd’hui montré le véritable visage de ces gens avec qui nous étions pendant des années. Nous avions été avec des personnes que nous ne connaissions pas bien.
Quel est votre point de vue par rapport au verdict du procès de Barthélémy Dias ?
J’avais dit que je ne me prononcerai plus sur cette affaire depuis que Barthélémy Dias avait invité les socialistes à la fermer. Par ailleurs, je voudrais condamner très fermement l’attitude de son père (Jean Paul Dias) qui, à chaque fois que l’intérêt de son fils est menacé, s’érige en donneur de leçons. Je pense qu’il devrait plutôt agir sur l’éducation et le comportement de son fils. Certes, c’est normal qu’il prenne sa défense mais, qu’il ne s’ingère pas dans les affaires internes de notre parti. S’il a des choses à dire, il n’a qu’à s’en limiter à son BCG.
Libération