Malgré l’offensive en cours, la conférence nationale en Libye pour aider le pays à organiser des élections aura bien lieu à compter du 14 avril, a annoncé l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé. Depuis deux jours les troupes du maréchal Khalifa Haftar – l’homme fort de l’Est du pays – se dirigent vers Tripoli où se trouve le siège du gouvernement d’union nationale.
Malgré les inquiétudes de la communauté internationale face au risque d’embrasement du pays, l’ONU a décidé de maintenir sa conférence nationale sur la Libye du 14 au 16 avril.
« Nous sommes déterminés à organiser » cette conférence interlibyenne « à la date prévue, sauf si des circonstances majeures nous en empêchent », a déclaré l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé.
Dans la nuit de vendredi à ce samedi 6 avril, le Conseil de sécurité avait été convoqué en urgence. L’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar a été appelée à cesser son offensive, une offensive qui a pris l’organisation de court alors que le secrétaire général de L’ONU, Antonio Guterres, était dans le pays. Il y a d’ailleurs rencontré Khalifa Haftar qui serait resté sourd à ses appels, selon des sources diplomatiques.
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Réunis ce week-end, à Dinard, dans le nord-ouest de la France, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont eux aussi appelé à cesser immédiatement les hostilités.
« En Libye, il n’y aura pas de victoire militaire, la victoire ne peut être que politique », a déclaré, ce samedi, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, faisant état d’une déclaration finale « positive » du G7.
Jean-Yves Le Drian a, par ailleurs, déclaré attendre du général Haftar qu’il soutienne le processus mis en œuvre par les Nations unies pour sortir le pays du chaos dans lequel il est plongé depuis 2011.
Du côté des voisins, l’Algérie se dit « extrêmement préoccupée ». La Tunisie, de son côté, appelle à la retenue mais mobilise son armée à ses frontières. Et puis, le ministre russe des Affaires étrangères est en visite, ce samedi, en Egypte. Il s’est prononcé, au Caire, pour un « dialogue national » en Libye « sans échéances artificielles », sans toutefois préciser à quelles « échéances » il se référait.
Sur le terrain, l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar, a dénoncé, via son bureau de communication, en ce début d’après-midi, « un raid aérien » contre ses forces « dans la région d’Al-Aziziya », au sud de Tripoli, par un avion ayant décollé de Misrata, dans l’ouest du pays où se trouvent les forces loyales au Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli.
♦ MOSCOU POUR UN « DIALOGUE NATIONAL SANS ÉCHÉANCES ARTIFICIELLES »
La situation en Libye a été au centre d’une visite de deux jours en Egypte du chef de la diplomatie russe Sergei Lavrov. Moscou et Le Caire expriment leur préoccupation et appellent à résoudre les différends par le dialogue entre forces militaires, politiques et de la société civile.
Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Quand il s’agit de Libye, Moscou et Le Caire sont sur la même longueur d’onde : il faut éliminer les extrémistes islamistes. Et pour parvenir à cette fin, on soutient discrètement celui que l’on estime avoir les moyens de le faire : le maréchal Khalifa Haftar.
Une politique transparaissant dans les déclarations à la presse au terme de la visite de Sergei Lavrov. Ce dernier s’est ému de l’usage par certaines parties de l’aviation contre l’Armée nationale, sous le commandement du maréchal Haftar qui a lancé une offensive contre Tripoli.
De son côté, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choucri a dénoncé l’ingérence de puissances régionales dans l’escalade du conflit. Les médias égyptiens accusent régulièrement la Turquie et le Qatar de soutenir les extrémistes islamistes en Libye.
rfi