Maître incontesté de la Ligue des champions ces deux dernières saisons, le Real Madrid est la tête de pont d’une Espagne qui fait la pluie et le beau temps sur la C1 depuis bientôt une décennie. L’édition 2017/2018 sera-t-elle du même acabit ? Pour une fois, le doute est permis.
Il fut un temps, l’Espagne dominait la planète et contribuait largement à en étendre les limites connues. Cinq siècles et des poussières plus tard, la sphère d’influence du royaume s’est quelque peu réduite. Mais l’Espagne conserve un prestige inégalé, footballistiquement parlant. À l’heure où la Ligue des champions rouvre ses portes et à l’orée d’une réforme qui veille à renforcer les acquis des puissants du continent, l’Espagne et ses meilleurs représentants ont la mainmise sur la plus prestigieuse compétition du Vieux Continent. Et ceci dure depuis bientôt une décennie. Le Barça de Guardiola a lancé la Reconquista. Le Real Madrid l’a poursuivie. Et c’est l’Espagne qui en a profité.
Après l’Angleterre, dont la régularité à placer trois représentants dans le dernier carré époustouflait l’Europe entière, l’Espagne a mis la main sur la Coupe aux Grandes Oreilles. Depuis 2009, la Liga s’est imposée à six reprises, sur neuf finales possibles. Et reste sur quatre succès de rang, dont trois pour le Real Madrid.
L’ère ibère
Cette appropriation de la Ligue des champions est, dans l’histoire, exceptionnelle à bien des égards. Pour une raison simple. Mis à part le Real Madrid à une époque où la C1 voyait le jour (6 succès de suite), les Pays-Bas (4 succès entre 1970 et 1973, un pour Feyenoord, trois pour le Bayern) et l’impériale Angleterre qui gagnait la Coupe des champions tous les ans, quel que soit son représentant entre 1977 et 1982, cette domination ibère est exceptionnelle. Car elle intervient, aussi, sous la forme moderne de la Ligue des champions. Celle qui fait la place belle et nette aux clubs les plus puissants et non plus les seuls champions nationaux. Plus près de nous, même la surpuissante Italie des années 90 n’avait pas écrasé la grande coupe d’Europe dans de telles proportions.
Le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Atlético Madrid, deux fois finaliste entre 2014 et 2017, sont les représentants implacables d’une Liga dominante mais dont le sang-froid a été mis à rude épreuve par un marché estival destructeur pour le Barça, dont l’historique triplette a volé en éclats pour quelques 222 millions d’euros. Faut-il y voir les prémices d’une perte d’influence du Championnat d’Espagne au profit de puissances montantes, incarnées par les nouveaux riches parisien et mancunien ? Pas le moins du monde si l’on se place du côté du Real Madrid qui a réussi l’immense accomplissement de conserver le titre qu’il avait glané en 2016. Depuis l’AC Milan en 1990, personne n’avait retenu la Coupe aux grandes oreilles deux années de suite dans giron.
Alors, la passe de trois ? Ce serait une première depuis plus de quatre décennies et l’ère du Bayern, qui s’était étendue du 1974 à 1976 avec un point final douloureux pour le football français. Dire que ce serait un exploit immense n’est pas galvaudé. Assurer que, sur le papier, le Real en a les armes, non plus. Parce que si l’Espagne semble conjoncturellement moins puissante, le « FC Zidane » n’est pas amoindri. Au contraire.
Il aura face à lui un Bayern Munich qui n’a plus goûté à la finale depuis 2013, une éternité. Une Juventus Turin qui n’en peut plus des finales perdues. Des nouveaux riches, comme Manchester City et, un Paris Saint-Germain dont les dents rayent le parquet. Ce PSG est condamné à faire mieux que l’an dernier – évidemment – et que les précédentes éditions. Bref, la Ligue des champions 2017/2018 n’est toujours pas ouverte au tout-venant mais elle est probablement moins fermée qu’elle en a l’air.
Avec Eurosport.fr