Après Bruxelles, l’opposition congolaise s’était donné rendez-vous à Johannesburg mardi 18 septembre. Seul Moïse Katumbi a pu faire le déplacement, les autres leaders étant représentés par de hauts cadres des différents partis.
Le Congrès national africain (ANC) recevait pour la première fois l’opposition congolaise dans son siège à Johannesburg. Les opposants congolais ont pu rencontrer des responsables du parti au pouvoir en Afrique du Sud pour discuter de la situation en RDC et des élections à venir. Une rencontre à l’initiative des dirigeants congolais pour qui il s’agissait de solliciter l’expérience d’un des plus vieux partis de libération du continent.
Depuis l’arrivée de Cyril Ramaphosa au pouvoir cette année, le parti voit d’un nouvel œil la crise congolaise. « Il était connu que l’ANC avait des relations un peu privilégiées avec le parti au pouvoir à Kinshasa, le PPRD, souligne David Julinot Makelele, le représentant de l’UNC en l’absence de Vital Kamerhe. Mais tel n’est plus le cas puisque l’ANC se fonde sur des textes qui nous régissent tous, en l’occurrence le protocole de la SADC. »
Le protocole de la SADC auquel le gouvernement de Joseph Kabila a souscrit. Un moyen de pression, selon Gilbert Kankonde représentant de l’UDPS. « Cela permet justement aux pays de la SADC et à l’Afrique du Sud notamment de jouer un rôle plus actif parce qu’il y a des mécanismes juridiques auxquels notre pays a librement adhéré et qu’il doit absolument respectés », explique-t-il.
L’ANC de son côté a répété son souhait de voir des élections libres, justes et pacifiques se dérouler en décembre.
« Ils ont des clés d’action qu’ils peuvent actionner : ils peuvent demander au gouvernement de s’engager dans certaines directions d’action pour que la situation se décante en RDC et c’est cela que nous avons demandé précisément », précise Gilbert Kankonde.
Avec l’ANC comme facilitateur, l’opposition cherche à maintenir sa pression sur le gouvernement de Joseph Kabila.
L’Afrique du Sud de retour sur le devant de la scène diplomatique ?
Et pour l’Afrique du Sud, il s’agit d’un virage. Depuis son arrivée à la tête de l’ANC et du pays, Cyril Ramaphosa affiche en effet sa volonté de se démarquer de son prédécesseur.
Alors que l’ex-président Jacob Zuma était perçu comme soutenant coûte que coûte le président Joseph Kabila, allant jusqu’à fermer les yeux sur les multiples reports du calendrier électoral, Ramaphosa, lui, a pris une position plus ferme. Il s’est rendu à Kinshasa le mois dernier pour encourager son homologue congolais à ne pas briguer un troisième mandat.
A travers l’ANC, le président Ramaphosa souhaite remettre l’Afrique du Sud sur le devant de la scène. Alors que pendant près de dix ans elle a été absente de la résolution des conflits sur le continent, Pretoria s’est dite prête à s’engager pour que le processus électoral aboutisse en République démocratique du Congo.
Ecoutez l’analyse de Stéphanie Wolters, chercheuse à l’Institut pour les études de sécurité de Pretoria.
L’Afrique du Sud ambitionne donc de retrouver son rôle de faiseur de paix. D’autant plus que le pays siègera au Conseil de sécurité de l’ONU à partir de janvier 2019.