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Contribution

Macky Sall dans les dangereux dédales de l’équilibrisme : l’étonnante stérilité des choix politiques et économiques

Alors que la question de l’opportunité de l’autoroute ILA Touba n’est pas encore vidée par une délibération citoyenne de plus en plus exigeante sur l’utilisation des deniers publics, Macky Sall persiste et s’aventure dans des décisions plus que hasardeuses. La ligne ferroviaire Dakar-Tivaoune est, dit-on, ressuscitée : depuis le 16 octobre 2017, 2 circulations entre Dakar et Tivaouane les Lundis, les Mercredis et les Vendredis.

Dans tous les pays démocratiques où la transparence est de rigueur une étude de la profitabilité de cette desserte aurait précédé la prise en charge d’une telle décision, et comme il s’agit d’une entreprise publique, cette étude devrait être à la disposition du citoyen. Combien de voyageurs sont convoyés pendant ces trois jours de desserte ? Quel impact a-t-elle sur les échanges économiques entre les deux localités et sur la mobilité des citoyens ?

Nous osons croire que ça ne fait pas partie des investissements d’ordre politique que stigmatisaient en sourdine les bailleurs de fonds dans leur dernier rapport, car les priorités en matière de transport sont infiniment plus pressantes ailleurs. Mais quand on a le génie d’élire un Président sans vision, et qu’on est très peu conscient des vrais enjeux économiques et géopolitiques du monde, l’on est plus maître de son destin. Nous, principalement les élites, (intellectuelles et religieuses) aimons la facilité : nous avons préféré fermer les yeux et boucher nos oreilles pour ne pas avoir à dénoncer les dérives et l’aventurisme de Macky Sall.

Macky Sall mystifie les Sénégalais avec une instrumentalisation outrancière des obligations républicaine que l’État doit avoir vis-à-vis des foyers religieux. On n’a pas élu un Président pour contenter des foyers religieux, ni même pour développer des cités religieuses. L’État sénégalais est en principe laïc : le critère de ses investissements doit être objectif. La notion de cité religieuse ne peut pas être un critère d’appréciation de l’urgence d’un investissement.

La démographie, l’urbanisation, le niveau des échanges, la mobilité des hommes, etc. sont les critères objectifs qui doivent guider les choix du gouvernement. Sous ce rapport, une ville, même athée, a les mêmes droits qu’une cité religieuse. Le programme de modernisation des cités religieuses est une arnaque, une imposture qui cherche à cacher la faillite morale et politique d’un État.

Ce programme, comme la plupart des programmes de Macky Sall, est un scandale. Un État n’a pas pour vocation à construire des mosquées et des églises : nos universités sont pleines à craquer, les écoles sont devenues des champs d’abris provisoires, les enseignants très mal payés…

Le plus grand danger que court un État républicain c’est de se laisser inféoder par des pouvoirs concurrents ou parallèles. Si, pour sa survie, un régime se sent obligé de sacrifier sa grandeur dans des calculs de ce genre, c’est qu’il a échoué. La grandeur d’un État réside dans sa transcendance vis-à-vis de la religion, du jeu économique et des différents groupuscules.

C’est une grande aventure pour une république que de se lancer dans la recherche du contentement des différentes factions qui se partagent le champ religieux. Au nom de quelle logique un État qui n’est pas capable d’honorer ses obligations régaliennes vis-à-vis d’une institution aussi républicaine que l’école doit-il se vanter de réalisations dans des cités religieuses ?

Rufisque est enveloppée dans les sales draps d’une absence chronique d’investissement dans le domaine de l’assainissement ; Kaolack a définitivement scellé son mariage avec la saleté ; Ziguinchor est coupée du reste du Sénégal et souffre de problème d’assainissement ; Tamba est toujours déshéritée, désolée et plus que jamais ruralisée ; Matam et Kolda ressemblent plus à des villes fantômes qu’à autre chose ; Diourbel reste un univers de dénuement et de débrouillardise spontanée de populations laissées à elles-mêmes ! Où est la justice sociale ? Nous avons plutôt droit à un État qui compte sur la fumisterie pour occulter son extrême frilosité envers l’altérité loyale.

Il faut être honnête : nous avons été bernés en 2012 par les politiciens. Ils se sont comportés en véritables brigands de l’histoire car, ils ont arraisonné le formidable train de la révolution, ont détourné sa direction pour la dépouiller de toute sa substance. Il faut reconquérir la souveraineté populaire et envoyer dans les poubelles de l’histoire toutes ces élites qui ont contribué à consolider l’imposture du régime de Macky Sall.

Alassane K. KITANE

Professeur au lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

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