e Mali enregistre une production record de céréales cette année. D’après le ministère de l’Agriculture, le pays a produit près de 9 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 11% par rapport à la campagne précédente. Ces bonnes performances permettent au Mali non seulement de satisfaire sa demande intérieure, mais aussi de disposer d’un surplus de près de 4 millions de tonnes. Pourtant, malgré ces progrès, les céréaliers maliens peinent à augmenter leurs revenus.
Le Mali a récolté près de 3 millions de tonnes de riz, 2,5 millions de tonnes de maïs, 2 millions de tonnes de mil et 1,5 million de tonne de sorgho. Ces bons résultats sont liés à une combinaison de facteurs selon Siriman Sakho, du programme d’accroissement de la productivité agricole du Mali…
« Le premier, c’est la volonté des autorités politiques qui ont mis l’accent sur l’agriculture. Aujourd’hui plus de 15% du budget est consacré au secteur. Ensuite on a eu de très bonnes pluies. Il y a aussi les résultats de la recherche agricole en termes de semences, de calendrier agricole et autre. Mais ces bons résultats sont aussi dus à l’engagement des producteurs. Depuis plusieurs années, ils ont augmenté leurs superficies emblavées et se sont beaucoup mobilisés pour produire plus. »
Fin de campagne mitigée
Dans la région de l’Office du Niger la campagne reste plus mitigée. L’Etat malien subventionne les engrais à hauteur de 50 %. Un sac d’engrais coûte aujourd’hui 22 000 francs CFA (environ 3,35 euros) pour 100 kilos. Mais la mise en place de ces aides est parfois compliquée et les agriculteurs en bénéficient souvent trop tard. Les soucis climatiques marquent aussi cette fin de campagne.
« Certaines zones rizicoles ont connu des maladies, explique Mamoutou Kané, secrétaire exécutif de Faso Jigi, une union de coopératives agricoles de l’office du Niger. Puis il y a eu de fortes pluies durant le mois d’août et certaines parcelles ont été inondées. Mais le vrai problème, c’est que souvent les agriculteurs n’ont pas les moyens de mettre en valeur leurs parcelles comme il faudrait. Soit ils sont en retard au niveau des apports de fumure, soit ils n’ont pas eu le financement pour acheter l’engrais, soit ils sont en retard au niveau des travaux de labour ou de repiquage. »
Manque de compétitivité
Autre difficulté : la commercialisation. Le pays est immense et les routes en mauvais état. Les coûts de transports des céréales maliens les rendent peu compétitifs par rapport à la concurrence étrangère.
« Les industriels maliens achètent du blé qui vient de France ou des pays asiatiques beaucoup moins cher que le blé produit au Mali, se désole Hamidou Touré, secrétaire exécutif de Baabahu Jici une organisation de producteurs de blé vers Tombouctou. Ce sont des productions subventionnées, donc quand nous vendons notre production à 175 francs CFA le kilo, eux, ils achètent du blé étranger pour 150 francs, livré jusqu’au Mali! Il va falloir trouver un système qui permettra aux producteurs maliens de gagner leur vie avec les céréales. C’est ce qui les incitera à produire plus, sinon ils vont vite se décourager. »
Le Mali est le deuxième producteur de céréales d’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria.