Vainqueur au terme d’une nouvelle prestation éblouissante face à Rafael Nadal en finale ce dimanche (6-4, 6-3), Roger Federer n’a pas adopté les mêmes postures que lors de ses derniers succès, bien plus inattendus. Renforcé comme jamais et gonflé à bloc, le Suisse s’est projeté sur la fin de la saison avec envie et détermination.
La force de l’habitude, peut-être. Ou le sentiment que l’issue était implacable. Que finalement, sa proie ne pouvait pas attendre autre chose. Pas d’explosion de joie. Juste des bras en l’air et la tête jetée en arrière, en signe de soulagement. Pour une balle de match gagnée en finale contre Rafael Nadal, son meilleur ennemi, on a connu Roger Federer plus expressif. Mais, ce dimanche, après un récital technique impressionnant, le Suisse n’a pas cédé à l’euphorie.
Après la bataille, finalement assez courte tant sa domination aura été réelle ce dimanche, il s’est exprimé au micro avec lucidité. D’abord en revenant sur sa semaine « difficile », notamment physiquement : « Cinq matches de rang, c’est toujours un test et un challenge pour n’importe qui, surtout avec la pression qui augmente à chaque fois ». Mais, à Shanghai, dans un tournoi qu’il n’avait plus gagné depuis 2014, la pression lui a coulé dessus. Mieux, elle l’a stimulé.
C’est d’ailleurs ce que « Rodgeur » a expliqué, revenant en détail sur toutes les choses qui avaient fonctionné cette semaine. Et elles sont nombreuses. « J’ai trouvé que j’avais plutôt bien joué toute la semaine. J’étais serein sur mes retours puisque dès le premier match, j’ai bien retourné » a-t-il d’abord expliqué.
Avant de continuer, vantant notamment les vertus de son service, impressionnant ce dimanche, en atteste son « Golden Game » au milieu du premier set. « Mon service n’a fait que s’améliorer et j’ai gardé le meilleur pour la fin ». Même un Rafael Nadal dépassé a réussi à en plaisanter après coup : « Il a vraiment bien joué, avec des coups qui allaient vite. Il a aussi super bien servi. Et il retournait bien également, non ? ».
Après son titre à Wimbledon, Federer avait confié sa surprise d’être de retour dans ces sphères presque inatteignables pour les simples mortels. Ce dimanche, c’était moins le cas. Après ce retour au premier plan, il se connaît mieux que jamais. Et, quand tous les signaux sont au vert, forcément, ça coule de source : « D’une certaine manière, je ne suis pas surpris car je me suis senti bien toute la semaine. J’étais prêt ».
Le ciel bleu jusqu’à Londres ?
Finalement, en une finale, la dynamique pour la fin de saison a complètement changé de camp. Avant le match, le vent soufflait fort dans le dos de Nadal, incontestable numéro 1. Désormais, il pousse Federer. Car la victoire du jour a confirmé une chose : à ce niveau-là, même Nadal ne peut rien faire.
Cinq victoires consécutives face à son meilleur ennemi, c’est inédit pour lui. Inédit mais surtout logique puisque RF a su éviter les duels, perdus d’avance. Hilare au micro de Sky, il a donné sa recette magique pour avoir su prendre l’ascendant en 2017 sur l’Espagnol : « Comment j’ai battu Nadal cinq fois de rang ? Je ne l’ai pas joué sur terre… »
Un détail qui n’en est pas vraiment un puisque Federer sait pertinemment qu’il n’aura plus à le croiser sur ocre cette saison. Mieux, c’est sur ses terrains favoris, de l’indoor, que les choses sérieuses vont se dérouler. De quoi regonfler la confiance et aiguiser l’appétit. Interrogé sur la possibilité de le voir chasser la place de numéro un, il a botté en touche : « Je ne pense pas encore à la suite. J’essaye seulement d’être en forme maintenant, de me maintenir en bonne santé. Je retourne en Suisse demain avec mon équipe pour décider quels tournois je ferai, si je vais à Bâle et/ou Paris » a-t-il détaillé.
En revanche, si Bercy risque bien d’être la victime des choix stratégiques de RF, le Masters de Londres est clairement dans son collimateur. Toujours sur la place de numéro un, il confirme : « Je suis concentré sur Londres et gagner là-bas. Si je joue comme aujourd’hui, peut-être que je ne serai pas loin… ». L’appétit vient en mangeant.
Avec Eurosport.fr