Le caporalisme, l’arrogance, la transhumance et la violence en politique sont des révélateurs de l’incapacité de nos élites politiques à véritablement penser notre développement et à proposer aux populations des solutions qui les sortent de leur misère. D’ailleurs, à tout voir, ils semblent peu réceptifs à celle-ci. Les prochaines élections législatives suscitent une campagne violente et clivante.
Les politiques ne semblent décidés à ne régler que leur sort personnel et individuel. Ils jouent leur propre survie, au vrai sens du terme, parce que ne sachant rien faire d’autre. Et ça commence vraiment à se voir comme le nez sur le visage d’un clown. « Manko Taxawu Senegaal » a réussi sa manifestation. C’est indéniable ! Pourtant, rien, dans les propos tenus, n’allait dans le sens de l’amélioration du bien-être des populations.
Il est, certes, noble de se battre pour la libération de Khalifa Sall ou le retour d’exil de Karim Wade. Mais en guise de programme, comme d’habitude et depuis l’AN 2000, le seul programme des hommes politiques se résumé en un chant scandé par la foule et qui se résume en «NA DEM !!! NA DEM !!! NE DEMMA DEMMA DEM !!!».
Et les leaders de l’Opposition, qui devaient avoir la maturité de proposer au peuple des Programmes à-mêmes de légitimer leur dur désir de le diriger, se mettent, malheureusement, à fredonner ce même refrain « NE DEMMA DEMMA DEM!!! ». Comme de pauvres bambins, quoi !
Tu parles d’un programme !!! Nous ne savons que chasser, mais élire est bien différent. Alors, le Pouvoir peut bien ironiser et parler en se moquant de « Manko Taxawalu », il ne nous fait pas oublier que ceux-là qui l’incarnent sont dans l’incurie et le manque de solutions. Et que, pour l’instant, leur bilan relève de l’incantation.
Alors, le résultat est visible dans la caporalisation des personnages politiques, incapables de dérouler une simple pensée, sans convoquer, comme une virgule, «la vision du Chef de l’Etat». Incapables d’écouter une opinion diverse sans tomber dans l’invective, en guise de réponse.
C’est qu’ils jouent leurs vies, ils garantissent leurs plans de carrières, ils sécurisent leurs trajectoires, en sachant toujours ne pas aller trop loin, en cas de changement ; stratégie qui créée les conditions de la transhumance ici toujours réinventée.
Depuis l’UPS de Feu Senghor, nous vivons sous les pratiques de Parti Unique. Même unique, ils se battaient entre eux et beaucoup plus violemment qu’aujourd’hui. Le PS a continué dans ces violences électorales, puis le PDS de Wade qui était lui-même un produit de cette UPS, et maintenant ses fils naturels de l’APR continuent à se donner en spectacle et à s‘étriper pour des postes et des investitures.
C’est bien parce que les places sont rares qu’ils s’empoignent ainsi, donnant un triste spectacle face une opinion complètement désorientée et qui déjà s’éloigne d’eux face à ce cirque politico-médiatique qui ne répond véritablement pas aux urgences de notre temps. Bagarres de bornes fontaines, insultes venant de responsables politiques de premier plan et de ministres utilisant un langage de charretiers, tout y passe et l’autorité du Chef de l’Etat qui est le chef de son parti tarde à se faire voir. Il regarde ça entre le débonnaire et l’impuissant.
Le PS avait mis 50 ans pour pourrir par la tête, comme le poisson. Le PDS, lui, était en pagaille, au bout de 10 ans de Pouvoir. L’APR bat le record et se transforme en bal poussière des plus ringards, juste seulement 5 années après sa survenue au pouvoir… L’orchestre y joue un « mbalax » désordonné qui n’inspire guère d’élégantes figures, mais pire le « baloche » républicain risque de se terminer sur le parking, en inconvenant bal tragique.
Pour un parti qui convoque l’ALLIANCE dans son socle de valeurs, c’est presque à se tenir les côtes de rire… Juste que cette situation devient, au regard de nos enjeux de développement, plutôt tragi-comique. Lorsque le Secrétaire d’Etat à la Communication, Yakham Mbaye, réputé pour son aptitude aux belles lettres, décrit l’entourage de son chef comme empli de félons, de frelons et de faucons en un seul mot s’il vous plaît, il fait une référence appuyée au Général Pétaud, adepte de la dynamite facile, qui donné le mot « Pétaudière ».
Il sait donc de quoi il cause, d’autant qu’il est aux premières loges pour apprécier ce joyeux désordre. Entre Farba Ngom qui perpétue le Prénom auquel on avait rattaché l’erreur de casting sous Wade, et qui, fort de son statut de griot du Président, dénigre son adversaire républico-local en des termes guerriers, et Moustapha Diakhaté qu’on avait connu plus subtil dans ses analyses, qui allume le frère même de son patron de président, et qui se prend une pleine page d’injures en uppercut, l’APR va bientôt remplir les pages de faits divers.
On est sur le point de se tirer dessus, notamment à Thiès, et nous ne sommes plus très loin du film de Coppola, «Le Parrain», avec le chef du parti soi-disant de l’Alliance, en Don Corleone tropical. Pendant ce temps-là, le « Yonnu Yokkuté », devenu vague souvenir, ne concerne plus que nos gouvernants. Ce qui doit, certainement, aiguiser leurs appétits, et les rendre féroces, autour de la mangeoire. A Diourbel, ce sont les investitures pour ces Législatives qui créent la bagarre générale. Qu’attendons-nous ? Des morts ?
Notre Président de la République Macky Sall est en devoir de retrouver son autorité sur son Parti, si tant est qu’il souhaite que nous reconnaissions son autorité et son emprise sur notre pays et ses habitants confrontés à de multiples et angoissants défis. Le Chef de l’Etat se doit de rappeler à ses caporaux indisciplinés qu’au-delà de leurs petites personnes et naines ambitions, ils doivent servir la République et l’accompagner à réaliser pour le bien de toute la Nation sénégalaise, cet ambitieux programme qui avait emporté nos suffrages en 2012.
Nous n’avons élu ni Cissé Lô, ni Farba Ngom, ni Moustapha Diakhaté, et il doit, de toute urgence, réunir son Parti, et pas un par un de ces spadassins, pour les remettre dans les sillons du travail, sur lequel il sera jugé au soir de la Présidentielle de 2019. Nous lui demandons de taper du poing sur la table de l’APR et de siffler la fin de cet indécent désordre, propre à démobiliser les énergies nécessaires à la reconstruction de notre économie et à la remobilisation de nos espoirs pour un, comment disaient-ils, d’ailleurs, ah oui, un « Yonnu Yokkuté… »
Sa réélection est à ce prix… Non au dividendisme, et cette nécessaire mise au pas ne semble pas devoir être un grand sacrifice pour lui, au regard des enjeux qui conditionnent le mieux-être de nos concitoyens. Nous valons, tout de même, mieux que ces Pancho Villa d’opérette. Nous sommes tous à bord du Titanic, même si certains voyagent en première classe…
SAMBAAY BATHIE (Actusen.com)