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MONTÉE EN FLÈCHE DES FONDS ENTRES AU SÉNÉGAL, ENTRE FIN 2018 ET DÉBUT 2019, VIA LES SYSTÈMES DE TRANSFERT D’ARGENT: Coïncidence troublante

A force de voir les montants générés, quotidiennement, par les Plateformes de transfert d’argent, les Services de Renseignements et la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) commencent à se faire des cheveux blancs, en essayant de démêler à qui profite cette manne financière. Les deux Institutions essaient de s’accorder sur les raisons de la montée en flèche du flux, en cette période qui coïncide avec la campagne électorale. A côté des transferts officiels, à travers les plateformes agréées, le plus inquiétant est la nouvelle formule difficile à traquer, qu’est le transfert informel ou l’usage des mules. Alors, à qui profite le crime ?

C’est une information SourceA ! Le dernier Trimestre de 2018 et les premiers mois de l’année courante ont battu les records de transfert d’argent entrants au Sénégal. C’est, d’ailleurs, ce flux important, qui a fini d’inquiéter les Services de renseignements et la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). En effet, sur les deux milliards de dollars entrés au Sénégal, par le biais des plateformes officielles de transfert d’argent, près d’un tiers l’a été, entre octobre 2018 et janvier 2019. Cette coïncidence avec l’approche et l’ouverture de la campagne électorale a poussé lesdits Services à penser à un financement politique occulte dans la mesure où, au Sénégal, aucune Législation n’est en vigueur sur les fonds que détiennent les formations politiques. D’où, l’impérieuse nécessité de mettre en place des règles pour le financement de la vie politique.

Sur les deux milliards de dollars entrés au Sénégal, par le biais des plateformes officielles de transfert d’argent, près d’un tiers l’ont été, entre octobre 2018 et janvier 2019

Hormis la politique, l’espace Cedeao est en proie à une avancée des mouvements terroristes et autres groupes armés ; d’où, l’inquiétude des Services de renseignements de voir des sommes colossales transiter ou entrer au Sénégal, sans aucune surveillance de leur provenance et de leur destination. Surtout que de nombreuses alertes ont été faites par certaines plateformes sur des tentatives frauduleuses de transfert à destination du Sénégal.

Face au relèvement des niveaux de surveillance à l’Aéroport et aux frontières, d’autres subterfuges sont mis en place pour passer entre les mailles du filet. Si ce ne sont des «GP» qui sont utilisés, c’est l’usage de transferts informels, dont les rudiments échappent aux plus grands Services de police du monde, car ne pouvant être infiltrés ou contrôlés.

Plus de 1200 milliards de francs entrés, officiellement, au Sénégal dont près de 500 millions dans le dernier Trimestre 2018

Malgré l’alerte lancée, depuis 2015, par la Centif sur la prolifération des transferts informels et l’existence de prestataires n’ayant pas l’autorisation de la Bceao, personne ne semble s’en préoccuper. Ce qui fait dire à certains agents de l’Organe de lutte contre le blanchiment, que la manne entrée au Sénégal doit profiter, certainement, à tous les camps.

Pourtant, malgré les 1 milliard 200 millions F Cfa officiels qui sont entrés au Sénégal par le canal de la diaspora, la Banque mondiale, à travers son Rapport «Migrations et Envoi de Fonds», a constaté une baisse de près 10% des prévisions attendues.

L’ONG Global Finance Integrity alerte Dakar sur plus de 400 millions de francs injectés par des circuits parallèles.

La cause est toute trouvée pour Global Finance Integrity, qui, à travers un Rapport adressé à certains pays africains dont le Sénégal, attire l’attention sur une entrée massive de capitaux dont la provenance reste à déterminer.

Cette dénonciation de l’ONG fait suite à son engagement avec le Sénégal d’aider à  élargir le Programme global pour renforcer la capacité des Etats membres à mettre en œuvre des mesures contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et de les assister dans la détection, la saisie et la confiscation des recettes illicites, comme le requièrent les instruments des Nations-Unies, ainsi que d’autres standards, internationalement, reconnus, en leur fournissant, sur demande, une assistance technique pertinente et appropriée.

Le nombre de tentatives de transfert de fonds entrants ou vers l’étranger, au dernier Semestre 2018, a atteint un nombre impressionnant. Les montants concernés sont conséquents et totalisent près de quelques centaines de milliards de F Cfa. Il est notoire que nos concitoyens  vivant à l’étranger concourent, à hauteur de près de mille deux cent  milliards au niveau du Produit brut intérieur, à partir des différents transferts d’argent, au bénéfice des leurs restés au pays. Mais à côté, on fait face à une véritable mafia spécialisée dans le blanchiment de capitaux ou de transferts frauduleux.

Et cette mafia est souvent constituée d’hommes ayant pignon sur rue, qui, à défaut d’utiliser des mules, usent de leur statut pour faire passer certains montants. A 90%, ces délinquants réussissent leurs coups, mais comme toute pratique délictuelle, ils finissent, un jour, par tomber.

Une mafia souterraine capte plus d’un tiers des envois, sous une forme informelle. Les Agents de la Centif, malgré l’aide de leurs homologues français de Tracfin, tardent à démêler le nœud, mais instruisent les établissements sur la nécessité des déclarations de soupçons

Ces transferts informels ou «main à main» font près de 35% des montants reçus au Sénégal. Et les différents Services n’y voient que du feu, tellement le procédé est bien huilé. Par exemple, un Sénégalais vivant en Allemagne, souhaitant remettre une somme à son correspondant à Dakar, passe par un intermédiaire, à qui il remet la somme. Ce dernier, disposant d’un «représentant au Sénégal remet la même somme à la personne indiquée, en prélevant au passage un pourcentage. Cette opération s’effectue plus de mille fois par an, avec juste l’usage d’un coup de téléphone échangé.

M.T, une Sénégalaise, récemment, arrêtée par la Police de l’Air et des Frontières de Roissy, était détentrice de plus 400 mille euros, soit 263 millions de francs Cfa scotchés autour de sa taille

A défaut de ce système, dit «main à main», des mules sont utilisées pour transporter l’argent, d’un pays à un autre. Et dans ce cas de figure, ce sont, pour la plupart, des «Gros Porteurs» ou GP qui sont utilisés. D’ailleurs, la Police française a récemment interpellé l’un d’entre eux, en l’occurrence, une femme, M.T. de nationalité sénégalaise qui était détentrice de plus 400 mille euros, soit 263 millions de francs Cfa scotchés autour de sa taille.

Cuisinée à fond, elle avait fini par révéler aux limiers de la Police de l’Air et des Frontières de Roissy que, en fait, elle était juste une mule et que le véritable propriétaire se trouvait être un célèbre homme d’affaires sénégalais du nom de Dramé. Elle a, également, eu à confirmer que le Sieur Dramé en question dirigeait un important réseau clandestin de transferts vers Dakar, et que l’utilisation des mules lui permettait de ne pas s’acquitter des taxes auprès du Fisc français, mais surtout d’assurer la discrétion à ses clients qui sont pour la plupart des intouchables.

Pape SANE SOURCEA

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