« L’homme qui marche » ne marchera plus : l’artiste « des objets volants identifiés », l’orfèvre du fer, l’artiste Ndary LO s’est éteint hier après-midi, jeudi 08 juin 2017, à Lyon en France.
Ndary LO était mon ami depuis de longues années mais il a eu beaucoup d’ami(e)s cet artiste qui nous manque déjà, des amis encore plus proches mais il restera mon ami du kilomètre 18, un kilomètre que nous avons eu « en partage », à la seule différence que lui est resté alors que « moi » je l’ai quitté, ce fameux kilomètre 18…
Le 06 juin 2017, j’ai glissé dans une enveloppe, une plume que j’avais ramassée sur le Boulevard de la République, Boulevard (anciennement Avenue) que je considère comme une des plus belles « perpendiculaires marines » de la presqu’île du Cap Vert (Dakar ?) ; j’ai glissé cette plume dans une enveloppe parce que je venais de prendre, à nouveau, la décision de « poser définitivement ma plume »…
Et puis la nouvelle est tombée, celle que personne n’attendait : Ndary LO s’est éteint à Lyon, la ville lumière…
Je reprends donc ma « plume » pour quelques minutes, le temps d’écrire pour mon ami Ndary LO et puis je la reposerai…
Ndary LO a disparu « dans la lumière » : son ombre plane sur la presqu’île du Cap Vert (de Dakar ?) comme l’ombre d’un oiseau qui s’envole vers le ciel bleu de notre belle capitale, la capitale du soleil, sa capitale…
L’artiste a pris son envol et tout flotte autour de nous et il flotte parmi nous, le talentueux artiste Ndary
LO, l’enfant de Tivaouane, ville religieuse, artiste religieux, pieux et spirituel…
Je lui ai souhaité « joyeux anniversaire » le 09 mai 2017, c’était et, je l’ignorais, « le dernier anniversaire » de sa naissance et il a répondu, malgré sa maladie, à mon message fraternel ; je conserverai son « dernier message » avec tous mes souvenirs de l’artiste dont un « baobab blanc » qu’il m’avait offert le 06 mai 2014…
Que de dates, que de souvenirs mais ainsi va la vie : la terre tourne et nous avec pendant un certain temps, le temps solaire…
Permettez-moi, chères lectrices et chers lecteurs, de reproduire un de mes échanges avec Ndary LO (échange reproduit dans mon hommage à Souley KEITA en 2015)
Citation : Et puis «je tombe», à l’entrée du centre socioculturel Boubacar Joseph Ndiaye, sur l’arbre animé et «insulaire» que le talentueux artiste Ndary Lô a réalisé, en hommage à son ami Souleymane Keïta.
Je ne peux m’empêcher, devant une telle oeuvre, d’appeler l’artiste, mon frère et ami du mois de mai, au téléphone et de lui dire : «Ndary Lô, je suis au pied de l’arbre et je pense que je peux repartir sans visiter l’exposition consacrée à Souleymane Keïta, car le symbole est trop fort, l’arbre est le schéma de la construction du monde.»
Et l’artiste Ndary Lô de me répondre : «Non grand, il faut entrer et visiter l’exposition, car elle est magnifique.»
Ndary Lô, deuxième artiste noir après Wifredo Lam qui avait des origines cubaines de par sa mère, à avoir exposé au Musée Dapper à Paris, rue Paul Valéry, dans le seizième arrondissement, a eu raison sur moi et il m’a «sauvé», car j’ai pu découvrir un hommage à Souleymane Keïta qui marquera la vie culturelle de Gorée à jamais.
Fin de citation.
Je tenais à rappeler cet échange avec mon ami et frère Ndary LO, échange qui a lieu sur l’île mémoire le 31 mai 2015, l’île de Gorée…
La lampe à pétrole – un de ses premiers thèmes artistiques – s’est éteinte mais sa flamme continuera de briller dans nos cœurs à jamais…
Adieu l’artiste, ta famille, tes ami(e)s et le Sénégal t’attendent les bras ouverts pour t’accueillir comme
Un héros et parcourir avec toi le « dernier kilomètre »…
Jean Michel Seck
Ancien Directeur Général de la SAR