Face aux incessantes attaques et violences que subissent le personnel médical, les structures de santé et même les patients dans les zones de conflits, le Comité international de la Croix rouge (Cicr), tire la sonnette d’alarme et demande le respect de la résolution 2286 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 3 mai 2016. Dans un communiqué parvenu à la Rédaction de Actusen.sn, il est fait état d’enlèvements, de menaces et, souvent, de meurtres, de destruction ou fermeture de nombreux hôpitaux, limitant considérablement l’accès de milliers, voire de millions de personnes à des soins de santé appropriés.
A cet effet, le président du Cicir, Peter Maurer rappelle que « même la guerre a des règles. Les malades et les blessés doivent être protégés en toutes circonstances. Tout acte de violence qui entrave l’accès aux soins constitue une violation du droit international humanitaire et, en fin de compte, nous enlève à tous un peu de notre humanité ».
Voici l’intégralité du communiqué.
Chaque semaine, des personnels de santé sont pris pour cible
Genève (CICR) 03.05.2018 –Malgré l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies, il y a deux ans, d’une résolution visant à faire dûment respecter les soins de santé, pas une semaine ne s’est écoulée depuis sans qu’une structure médicale ou des soignants ne soient pris pour cible.
Pas plus tard que cette semaine, en République centrafricaine, des hommes armés ont fait irruption dans un hôpital où est à l’œuvre une équipe chirurgicale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ils ont menacé des patients, des membres du personnel et des volontaires de la Croix-Rouge, et s’en sont pris à une ambulance dont ils ont empêché le passage.
La résolution 2286 du Conseil de sécurité, adoptée le 3 mai 2016, a reçu un très large soutien, signe que la communauté internationale reconnaît le droit de toute personne, en particulier dans les zones de conflit, de pouvoir accéder en toute sécurité aux soins de santé dont elle a besoin. Pourtant, au cours des deux dernières années, le CICR a enregistré, dans le cadre d’une enquête portant sur 16 pays seulement, plus de 1 200 actes de violence à l’encontre de structures médicales ou de personnels de santé.
En Afghanistan par exemple, l’utilisation de structures médicales par des porteurs d’armes, la violence dirigée contre les travailleurs de la santé (menaces, enlèvements, meurtres) et la destruction ou la fermeture de nombreux hôpitaux ont considérablement limité l’accès de milliers, voire de millions de personnes à des soins de santé appropriés.
« Les attaques contre les structures médicales et les personnels de santé constituent une double tragédie », déplore le président du CICR, Peter Maurer. « D’abord, parce qu’elles blessent et mutilent des patients et des soignants. Ensuite, parce qu’elles condamnent d’innombrables personnes dans la détresse à être privées de soins sur le long terme, brisant leurs espoirs de rétablissement. »
Si la résolution 2286 du Conseil de sécurité des Nations Unies était certes un geste fort de la part de la communauté internationale en faveur de la protection des soins de santé, les engagements de principe doivent encore se traduire en actions concrètes pour prévenir et atténuer la violence perpétrée à leur encontre.
Le CICR demande donc que les mesures suivantes soient mises en œuvre dans toutes les zones de conflit :
Les forces armées doivent s’abstenir de prendre pour cible la population et les infrastructures civiles, notamment les structures médicales, le personnel de santé et les moyens de transport sanitaire;
Tout blocus empêchant l’acheminement de fournitures médicales indispensables et l’évacuation des malades et des blessés doit être levé ;
Les actes de violence commis contre des personnels de santé et des structures médicales doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et leurs auteurs doivent être poursuivis.
Au Moyen-Orient, la destruction des infrastructures médicales et la perturbation des services de santé ont atteint une ampleur sans précédent. En Syrie, plus de la moitié des hôpitaux et centres de santé publics ont fermé ou ne sont plus que partiellement opérationnels, plusieurs d’entre eux ayant été la cible de multiples attaques aériennes. Dans certaines zones du pays, l’acheminement de fournitures médicales et l’évacuation des malades et des blessés sont systématiquement entravés. En Irak, les derniers affrontements qui ont touché plusieurs zones du pays ont entraîné la destruction d’un très grand nombre de biens civils. À Salaheddinepar exemple, plus d’un tiers des centres de santé ont été endommagés ou détruits. Enfin, au Yémen, seules 45 % des structures médicales étaient encore opérationnelles fin 2017, et la plupart d’entre elles manquaient de fournitures médicales.
« Même la guerre a des règles », rappelle M. Maurer. « Les malades et les blessés doivent être protégés en toutes circonstances. Tout acte de violence qui entrave l’accès aux soins constitue une violation du droit international humanitaire et, en fin de compte, nous enlève à tous un peu de notre humanité. »
Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site http://healthcareindanger.org/.