C’est une tautologie de dire que, même inculpé par un juge américain, l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur du Sénégal bénéficie toujours d’une présomption d’innocence. Pour autant, ses déclarations d’hier contrastent, sur toute la ligne, avec les faits pour lesquels il a maille à pâtir avec la Justice américaine.
En effet, s’il est arrêté au pays de l’Oncle Sam, pour présumée corruption, au détour de laquelle il est soupçonné d’avoir touché une commission de 200 millions F Cfa auprès d’une Société minière chinoise, et d’avoir versé des pots-de-vin de plus de 1 milliard de francs au Président tchadien, il n’en demeure pas moins que Cheikh Tidiane Gadio se plaisait à donner des leçons de morale autour de la transparence et de la vertue.
Morceaux choisis de la propension qu’avait l’ancien chef de la Diplomatie sénégalaise à sonner une lourde charge contre les adeptes de l’argent facile : sa sortie médiatique en Mars 2017. Lors de laquelle, l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur déclarait à qui voulait l’entendre qu’on ne peut gagner de l’argent que via le secteur privé ou par héritage.
Et que, persistait-il, tous les fonctionnaires devenus milliardaires juste, en ne travaillant que dans l’Administration publique sénégalaise, doivent, au nom de la reddition des comptes, être traduits en justice.
Motif invoqué, à l’époque, par le chef de file du Mouvement «Luy Jot Jotna», ces fonctionnaires en question ont pillé les deniers publics du Sénégal. Ni plus, ni moins !
«On ne peut gagner de l’argent que via le secteur privé ou par héritage. Tous les fonctionnaires devenus milliardaires, juste, en ne travaillant que dans l’Administration publique sénégalaise, doivent, au nom de la reddition des comptes, être traduits en justice»
Autre déclaration de choc de Cheikh Tidiane Gadio qui continue de faire bourdonner nos oreilles, celle faite dans le journal EnQuête, à la veille de la tenue du Forum sur la Paix et la Sécurité en Afrique, il y a quelques années.
«Cette rencontre se veut être un creuset de réflexion sur les solutions à mêmes de faire face et de prévenir les conflits sur le Continent. (…) Nos sociétés sont agressées par les djihadistes, les narcotrafiquants et les entrepreneurs de l’économie criminelle qui sont partout présents. La situation est grave et il faut agir. (…)», balançait-il à la figure des adeptes du gain facile.
«J’ai été le seul homme politique à oser lever la main pour dire que j’ai les mains propres »
Mais c’est contre le leader de l’Union des Centristes du Sénégal (UCS), Abdoulaye Wade, que Cheikh Tidiane Gadio et son Mouvement ont été d’autant plus virulents. La preuve, au lendemain de son divorce d’avec le maire de Ziguinchor, à la veille des élections législatives, l’ancien ministre des Affaires étrangères avait pilonné son ex-collègue sous le défunt régime libéral.
« Nos sociétés sont agressées par les djihadistes, les narcotrafiquants et les entrepreneurs de l’économie criminelle qui sont partout présents. La situation est grave et il faut agir. (…)»
Pour ce faire, il avait largué cette bombe en pleine forêt de Casamance : «nous voulons attirer l’attention du peuple sénégalais que ce que le régime de Wade n’a pas réussi à faire c’est-à-dire entacher l’honorabilité du Dr. Cheikh Tidiane GADIO qui, après neuf ans six mois de loyaux services rendus au Sénégal et à l’Afrique, a été le seul homme politique à oser lever la main pour dire que j’ai les mains propres. Que si quelqu’un peut remettre en cause cette vérité n’a qu’à relever le défi».
«Le sieur Abdoulaye Baldé devait se considérer très honoré, malgré tous les bruits de casserole qu’il traîne, d’avoir été, ne serait-ce que le temps d’une soirée auprès du Dr Cheikh Tidiane Gadio»
Poursuivant, Gadio et Cie d’en rajouter, à l’époque, cette couche : «c’est pour dire donc que ce n’est pas le régime en place encore moins quelqu’un qui cherche à échapper aux mailles de la justice M. Abdoulaye Baldé pour ne pas le nommer qui pourra le faire. Les Sénégalais ne sont pas amnésiques. Ils peuvent faire semblant de pardonner mais n’ont pas oublié l’histoire récente du duo Karim Wade-Abdoulaye Baldé».
Regardant, visiblement, de haut Abdoulaye Baldé, l’ancien patron de la Diplomatie sénégalaise de lui balancer à la figure : «si nous avons eu la courtoisie qui est peut-être, un défaut chez notre leader le Dr. Cheikh Tidiane GADIO de ne pas lui rappeler certaines vérités.
Le sieur Abdoulaye Baldé devait se considérer très honoré malgré tous les bruits de casserole qu’il traine d’avoir été, ne serait-ce que le temps d’une soirée auprès du Dr Cheikh Tidiane GADIO. Soirée durant laquelle son nanisme politique intellectuel a été mis à nu devant le charisme et le leadership du Dr. Cheikh Tidiane GADIO.
Si nous avons eu la courtoisie et la décence de ne pas révéler certaines choses pour éviter de tomber bas c’est surtout pour l’épargner parce que nous savons qu’on ne tire pas sur une ambulance».
«Monsieur Abdoulaye Baldé et ses complices ont voulu, à un certain moment, cheminer avec nous, mais la puanteur qu’il dégageait a fait que, de manière très courtoise, on a rompu cette alliance»
Ivre de colère, Cheikh Tidiane Gadio de vider le restant de ses munitions sur le pauvre leader de l’UCS : «la vérité que nous cherchons à apporter au peuple sénégalais est que Monsieur Abdoulaye Baldé et ses complices ont voulu à un certain moment cheminer avec nous mais la puanteur qu’il dégageait a fait que, de manière très courtoise, on a rompu cette alliance que peut les sénégalais n’allaient pas comprendre et certainement n’allaient pas aussi nous le pardonner».
Ndèye Aminata DIAHAM (Actusen.com)