Les soucis judiciaires ne sont pas terminés pour Michel Platini. L’ancien patron de l’UEFA et vice-président de la Fifa a été placé en garde à vue ce mardi à Nanterre, annonce Mediapart. Il est interrogé sur l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Une enquête au long cours qui prend une nouvelle tournure ce mardi. Mediapart a en effet annoncé que Michel Platini a été placé en garde à vue à Nanterre dans les locaux de l’Office anticorruption de la police judiciaire. L’ancien président de l’UEFA et vice-président de la Fifa est interrogé sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il n’est pas seul puisque Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée, et très proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, président de la République au moment des faits, est entendu comme suspect libre.
Le Parquet national financier (PNF), en collaboration avec les justices suisses et américaines, cherche à connaître les actes qui se sont déroulés sur le sol français et quel rôle a été joué par les uns et les autres. Pour rappel, le Qatar avait obtenu la Coupe du monde 2022 au détriment notamment des Etats-Unis (finaliste) ou encore de l’Australie, du Japon et de la Corée du Sud. Alors que le Qatar était loin d’être favori, cette attribution, le même jour que celle de la Russie pour l’édition 2018, avait énormément fait parler. Face à la candidature manquée de l’Angleterre pour 2018, certains médias britanniques avaient dénoncé dès le lendemain la corruption au sein de la Fifa.
Comme un symbole, 16 membres du comité exécutif, sur 24, ont été radiés, suspendus ou font l’objet d’une enquête. C’est donc notamment le cas de Michel Platini qui était partie prenante d’une réunion qui s’était tenue à l’Elysée avec notamment Guéant mais également Sarkozy et celui qui est désormais Emir du Qatar Tamin ben Hamad al-Thani, neuf jours seulement avant l’attribution de la Coupe du monde. Si au cours de cette réunion plusieurs sujets avaient été à l’ordre du jour, dont le rachat du PSG ou l’arrivée de la chaîne de télévision beIN Sports en France, Platini avait alors bien compris la demande du chef de l’Etat concernant le vote.
Il a d’ailleurs reconnu avoir changé d’avis puisqu’il envisageait initialement de voter pour les Etats-Unis avant de finalement opter pour le Qatar. « Il faut bien dire, très amicalement, que Michel Platini, après la réunion qu’il a eue à Paris avec le président Nicolas Sarkozy et l’émir actuel du Qatar, m’a dit: ‘On m’a demandé de voter pour les intérêts français, et mon groupe ne va pas voter ce qu’on avait tacitement décidé de voter au comité exécutif’« , avait lâché Sepp Blatter, ennemi de Platini, en décembre 2016.
Une précision que les enquêteurs étudieront tout en cherchant à connaître s’il y a eu d’éventuelles contreparties. Et si l’ancien patron de l’UEFA a été blanchi par la justice suisse le mois dernier concernant le versement de 1,8 million d’euros par la Fifa en février 2011 – celui là-même qui l’avait contraint à démissionner – il reste suspendu par le comité d’éthique de la Fifa jusqu’en 2020. En attendant donc, la fin de l’enquête pour « corruption privée », « association de mafaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence » du PNF.