L’affaire dite de la «Caisse d’avance» à la Mairie de Dakar continue, de plus en plus, d’intéresser les Sénégalais, après son aboutissement qui a conduit à l’arrestation de quelques personnes dont Khalifa Sall, le Maire de Dakar.
Je dois dire que cette affaire que j’ai essayée de comprendre, depuis que l’édile de la ville de Dakar a convoqué le ban et l’arrière-ban pour réfuter les chefs d’inculpation retenus contre lui, est en train de prendre une tournure politique. Or, dans le cas d’espèce, nous devrons être vigilants et éviter de tomber dans le piège subtil d’une recherche effrénée de voie royale d’ascension politique.
Etre un homme politique ne veut pas dire être exempt de poursuites judiciaires. Malheureusement, dans notre pays, quand on touche aux politiques sur des questions purement judiciaires, le débat est dévoyé.
Alors, ne devrons-nous pas nous poser la question de savoir davantage ce qui empêche Khalifa Sall de publier le pré-rapport de contrôle, qui lui est parvenu et dans lequel tout ce qu’on lui reproche figure.
Ne devrons-nous pas nous poser la question de savoir pourquoi ses anciens collaborateurs étaient sous contrôle judiciaire, depuis 2012. Ne devrons-nous pas chercher à savoir pourquoi on produisait des factures d’achat de riz, sans que le comptable n’en voie la couleur. Ne devrons-nous pas nous poser la question de savoir pourquoi le Maire de Dakar refuse de donner les noms des bénéficiaires de cet argent distribué.
Ne devrons-nous pas chercher à comprendre pourquoi le Procureur a senti la nécessité de parler aux Sénégalais sur la question. Ne devrons-nous pas chercher à décrypter le message d’un cancanier souteneur. Ne devrons-nous pas chercher à savoir pourquoi donner à cette affaire des relents purement politiques, en se rendant chez le juge par une marche populaire. Voilà autant de questions qui me taraudent l’esprit et qui m’incitent à analyser en profondeur cette affaire dite de la caisse d’avance.
Par voie de presse, nous avons beaucoup lu et entendu plusieurs déclarations qui ont permis d’affiner notre réflexion et d’éclairer des pans d’ombres sur lesquels j’invite mes compatriotes à regarder de plus prés.
A commencer par la conférence de presse du Procureur de la République qui a indiqué que l’enquête a été bouclée et qu’il va saisir le juge d’instruction pour des faits de détournement de deniers public, faux et usage de faux à l’encontre de M. Khalifa Sall et autres. Il a aussi précisé comme d’autres dossiers d’ailleurs que l’affaire est technique et non politique.
Comme réponse du berger à la bergère, la réaction de l’accusé ne s’est pas fait attendre. L’édile de Dakar, en bon stratège, choisit son hôtel de ville pour répondre et réfuter toutes ces accusations faites contre sa personne. Il indique juste un acharnement politique, de l’argent qu’il reconnaît avoir distribué à des personnes dont il refuse de donner les noms et exige la déclassification du rapport de l’IGE.
A entendre ce dialogue, on semble détourné du vrai débat. Qui croire ? Qu’en est-il vraiment ?
On dirait, pour un même et unique auditoire, chacun dans son rôle vise à convaincre l’opinion, mais revenons aux éléments factuels sur l’examen de la gestion de la ville de Dakar. Plus haut, nous avons souligné que le pré-rapport devrait normalement parvenir au Maire à qui on donne la possibilité de répondre à ces manquements constatés. L’a-t-il fait ? Personne ne sait.
De toute façon, ce pré-rapport pouvait être une bonne arme de défense pour Khalifa Sall, s’il voulait bien élucider et éclairer la lanterne des Sénégalais, au lieu de demander au Président de déclassifier le rapport de l’IGE dont il a la première mouture. Pourquoi n’a-t-il pas publié son pré-rapport?
L’autre interrogation c’est de savoir pourquoi Khalifa Sall continue à garder un collaborateur comme Mbaye Touré, qui était sous contrôle judiciaire? Ce même individu, selon nos investigations, faisait établir des factures à son assistante au nom du GIE Tabaar qui est la propriété d’u vieux vendeur de café-Touba, établi vers le marché Kermel et qui n’est même pas au courant de l’existence du GIE qu’on lui prête.
L’absence de solidarité ou de protection du gestionnaire de stock vis-à-vis de son patron qui affirme n’avoir vu un seul grain de riz. Le traitement des agents notamment subalternes peut conduire à de pareilles situations où la revanche est prise contre un patron qui manque d’égard à ses employés. Le refus catégorique de donner les noms des bénéficiaires de ces sous doit-il valoir tout ce tohu-bohu ou une peine en prison? Cet argent distribué ne fait-il pas l’objet de fausses déclarations aussi ?
De toutes les manières, ce refus est encore suspect et mérite une attention soutenue pour connaître davantage sur cette affaire.
Je vois donc pourquoi cette affaire doit nous appeler à plus de discernement, comme disait Descarte : «je me résolus d’aller si, lentement, et d’user de tant de circonspection en toutes choses que, si je n’avançais que fort peu, je me garderais bien au moins de tomber ». Cet adage aurait également aidé Khalifa Sall dans sa gestion pendant ces années passées.
Pour le reste, la machine judiciaire s’étant emballée, le cancanier défie l’Etat en politisant l’affaire et le Maire de lancer son dernier cri de guerre, en appelant à l’insurrection totale pour sa défense. Cette débilité m’a beaucoup surpris surtout quand je ne suis coupable de rien.
Mme Awa François DIALLO, Coordinatrice de la Convergence des jeunes mackystes (Cojem)