ACTUSEN
Contribution

POUR COMBIEN DE TEMPS DEVRIONS–NOUS ENCORE LAISSER MACKY SALL GÉRER CE PAYS COMME SI C’ÉTAIT SA PROPRIÉTÉ PRIVÉE ?

L’arrivée de Macky Sall au pouvoir était la chose à laquelle les Sénégalais s’attendaient le moins en 2012. Par la suite, nombreux étaient ceux qui avaient salué cette prouesse tellement il avait déjoué tous les pronostics.

Une fois au pouvoir, le nouveau président montra à la face du monde qu’il est plus apte à travailler sous ordre que d’être aux manettes. Il se révéla être un novice qui ne savait pas par où commencer afin de conduire le pays vers la prospérité. On se rappelle que ses premières années au pouvoir se caractérisèrent par des tâtonnements à n’en plus finir. Il s’en est suivi des tirs groupés de ses opposants, de ses alliés d’alors venus grossir les rangs de l’opposition, sans oublier les citoyens et la société civile.

Ainsi, Macky-président, qui ne pouvait avaler cette pilule amère, se dévoila sous un visage nouveau. Sa conduite est alors dictée par la manipulation, la revanche, la haine, la rancœur, le forcing, bref, faire tout ce qui va à l’encontre de la volonté du peuple souverain.

Le premier acte qu’il a posé fut de trouver des bouc-émissaires avec des accusations fallacieuses de vol d’objets de valeur au palais, de véhicules de l’Etat et de milliers de nos milliards par les libéraux. La CREI, qui n’était qu’un appareil de règlement de compte, est réactivée avec comme mission la chasse aux sorcières. Ça lui a permis de mettre au pas certains anciens caciques du PDS avec la transhumance qui s’en est suivie et d’exiler leur candidat. La justice dans sa globalité et l’administration ont toutes été mobilisées pour casser de l’opposant, sinon, leur mettre des écueils sur le chemin.

Toujours dans sa logique de se venger de la majorité des Sénégalais qui le regardaient de  haut en bas, parce que le voyant  comme un immature politique, Macky n’a épargné aucun moyen de l’Etat pour nier la volonté populaire. Les manifestations sont réprimées dans le sang avec à son bilan deux étudiants morts au front, les rassemblements des opposants sont gazés avec un excès qui frise la haine, les acquis de la société toute entière sont tout bonnement niés, les institutions sont désacralisées, nos ressources naturelles sont bradées aux multinationales étrangères et les avantages jadis accordés aux Sénégalais leur sont refusés.

Devant tous ces actes impopulaires, les Sénégalais ne faisaient que moufter le temps d’une rose et passent à autre chose. Au finish, nous avons fini de faire croire au président qu’il détient un blanc-seing et qu’il a le loisir d’y mettre ce qu’il veut. C’est cela qui le conforte dans sa logique de gérer le pays comme sa propriété privée et qu’il est à  bon droit d’inviter ou de chasser qui il veut dans ce qui nous concerne tous. Même pour la présidentielle, il pense être à bon droit de choisir qui peut être candidat et qui ne peut l’être.

Il faut se rendre à l’évidence que Macky ne partira point tel un démocrate. Il essayera, autant que se peut, de s’éviter une humiliation qui sera aussi celle de sa descendance, des générations durant. Macky-président n’est pas parvenu à faire oublier Wade le bâtisseur et son successeur n’aura besoin que de peu d’efforts pour le faire oublier. Il le sait et en est conscient, voila pourquoi il adoptera la stratégie jusqu’au-boutiste pour conserver le pouvoir. D’autant plus qu’il est convaincu que la mort est moins douloureuse que la perte du pouvoir.

C’est pourquoi, il ne lésine sur aucun moyen pour arriver à ses fins. Le fait même de se constituer un pool d’avocats pour gérer son contentieux électoral n’a d’autres visées que de se donner les moyens  d’invalider certains résultats au cas où le passage au premier tour devenait impossible par les urnes. Le reste du job n’est qu’une question procédurale : il suffit de créer des tentions le jour du vote comme ce qui avait lieu à Touba durant les législatives de 2017, ses avocats soulèvent des irrégularités de vote, le Conseil constitutionnel valide, l’armée mobilisée pour empêcher des heurts et les hommes religieux du palais lancent des appels à la sérénité suivis de l’entrée dans le gouvernement de l’opposition du palais.

Face à cette situation, seul le peuple souverain et engagé détient la capacité de freiner sa volonté funeste de mettre le pays à feu et à sang aux seules fins de satisfaire ses desiderata. Le Sénégal est un bien commun à tous et aucun autre Sénégalais, fut-il président de la République, ne doit le gérer comme sa propriété privée.

Soumaïla MANGA, président Debout Pour La Patrie-DLP

Membre Mouvement JUSCA et Ziguinchor JOGNA

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