L’opposition a le droit de mener sa précampagne électorale. Elle a aussi le droit de manifester au nom et pour la défense des libertés publiques. La protection des ressources de notre pays est un nouveau droit constitutionnel auquel devra veiller chaque citoyen qu’il soit parmi les dignitaires de l’ancien régime, les tenants ou ex-personnalités du pouvoir actuel. Les forces vives doivent, en tout temps, exiger la consolidation de l’Etat de droit et veiller à la préservation de la stabilité sociale et politique du Sénégal.
En ces prémices de la recomposition politique, il aurait été plus judicieux d’accepter le compromis sur l’itinéraire pour une première mobilisation des forces de l’opposition. Ainsi aurait-on eu droit à d’innombrables couleurs à l’effigie des néo-opposants. Certainement, on aurait été comblé d’admirables images caricaturant SEGURA-TIMIS comme ce fut le cas lors de cette manifestation qui finit au Rond point de la Médina, sis avenue El H. Malick SY.
Hélas, cette fois-ci, il y’eut plusieurs points de rassemblement : place de la Nation (ex Obélisque), place Doudou Ndiaye Rose près RTS ou boulevard du général De gaulle comme place intermédiaire. Il n’y eut point de « mankko » sur le parcours de la marche. Ne fallait-il pas se donner le temps et le cadre pour apprécier les changements préconisés par l’autorité administrative sur l’itinéraire initial ? Pourquoi l’acte réglementaire, prétexté et justifiant les modifications apportées sur le parcours des manifestants, n’a-t-il pas été visé dans l’arrêté préfectoral fixant les horaires et l’itinéraire de la marche? En l’absence du Pape du Sopi qui savait manier facilement la logique de confrontation, Benno s’y connait assurément mieux.
Face à ces incertitudes, la tâche eut été plus facile pour les forces de sécurité qui n’eurent pas besoin d’user du « dragon » pour jeter du pétrole sur les manifestants. Et la marche fut disloquée au point de départ ! Sans doute, il eut été plus aisé d’étouffer cette foule dans l’œuf.
Néanmoins, les médiateurs auraient dû s’en mêler ne serait-ce que pour nous éviter les scènes de répression déplorables et indignes de notre réputation démocratique. Incontestablement, notre pays regorge de fortes personnalités qui, en pareilles circonstances, ont souvent assumé pleinement leur rôle de régulateur en vue de restaurer le dialogue, une vertu qui fait bien l’exception sénégalaise par delà les clivages et les luttes de positionnement inhérents à la vie politique.
Certes l’on aurait entendu les piques envoyées par des leaders politiques mais les récriminations sur le processus électoral seraient mieux perçues et le mémorandum remis à l’autorité dans l’espoir d’avoir plus de clarifications sur les mécanismes et les modalités de préparation et d’organisation des prochaines élections. Tout au plus, le lancement de la précampagne électorale à quelques cinq (5) mois du dépôt des candidatures en perspectives des législatives 2017 aurait pu avoir un profond retentissement tout en se faisant de manière sereine et apaisée.
Souvenons-nous que le candidat victorieux en 2012 n’est pas sorti des rangs de ceux qui courageusement défiaient l’arrêté Ousmane NGOM en se rendant quotidiennement à la Place de l’Indépendance le temps d’une campagne électorale avec son cortège de préjudices…
Une classe politique composée d’un chef qui se proclame « républicain » et d’une opposition quasiment représentée par des « hommes d’Etat » et des « fonctionnaires » devrait montrer une posture plus conforme à l’ancrage et la maturité démocratiques.
Demain, espérons-le, les objectifs seront politiquement clarifiés, les stratégies mieux affinées, les alliés véritables identifiés et nous aurons probablement l’opportunité d’être édifiés par le juge sur la validité de ce fameux arrêté ministériel…