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Présidentielle au Cameroun : Paul Biya donné vainqueur, l’opposition conteste

Avec 71,28 % des voix, Paul Biya arrive en tête du décompte effectué par la Commission nationale de recensement. Un chiffre rejeté par l’opposition, qui annonce des « débats houleux » lors de l’audience portant sur l’examen des recours post-électoraux, qui s’ouvre le 16 octobre devant le Conseil constitutionnel.

La victoire de Paul Biya à la présidentielle du 7 octobre dernier serait sans appel sur ses sept concurrents, selon les chiffres de la Commission nationale de recensement des votes. Ces derniers, issus du décompte des voix exprimées sur l’ensemble du territoire camerounais et dans la diaspora, donnent vainqueur le président sortant avec 71,28 % des voix, contre 14,23 % pour Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), et 6,28 % pour Cabral Libii, challenger de l’Union nationale pour l’intégration vers la solidarité (Univers).

Ce sont en tout cas les conclusions contenues dans le rapport transmis le 15 octobre par la Commission au Conseil constitutionnel, après trois jours d’examen de l’ensemble des procès-verbaux (PV) collectés à travers le pays. Une tache ardue pour Emile Essombe, le président de cette commission, et ses membres, notamment en raison de nombreuses « erreurs matérielles » retrouvées dans les PV. Des anomalies pour la plupart liées à de mauvais remplissages de PV, comme dans le bureau de vote de Biwong-Bulu où sur 171 votants, Paul Biya a obtenu 171 voix, et Cabral Libii une.

Signature du rapport

« Nous avons noté ces erreurs dans des dizaines de bureaux de vote répartis principalement dans les départements de la Mvila, la Haute-Sanaga, le Nyong-et-Kéllé, ainsi que dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, explique à Jeune Afrique le professeur Alain Fogue, mandataire du MRC au sein de la Commission de recensement des votes. Nous avons suffisamment de preuves matérielles que nous présenterons au Conseil constitutionnel. »

Face à tout cela, le représentant du parti Univers, le professeur Prosper Nkou Mvondo, a refusé de signer le rapport final de la commission, trouvant « paradoxal » que des partis d’opposition se soient empressés de le faire « alors que ce sont les mêmes qui demandent l’annulation de l’élection. »

« La loi est pourtant claire, se défend le professeur Fogue. Si vous ne signez pas le rapport de la commission, vous n’en recevrez pas une copie. Dès lors, comment allez-vous vous défendre correctement devant le Conseil constitutionnel si vous n’avez pas toute la documentation nécessaire ? Cela ne veut pas dire que nous acceptons ces chiffres », explique celui dont le parti a introduit un recours pour une annulation partielle de l’élection.

Recours post-électoraux

Dans les états-majors des différents candidats, on s’accorde à dire que la réussite du processus électoral se jouera devant les 13 membres du Conseil constitutionnel, où s’ouvre le 16 octobre l’audience d’examen des recours post-électoraux. Face à Me Joseph Atangana, l’avocat d’Elecam (l’organe chargé des élections), le Social Democratic Front (SDF), le MRC et le parti Univers auront trois jours pour convaincre le président du Conseil, Clément Atangana et ses pairs, de trancher en leur faveur, avant la proclamation officielle des résultats attendue le 22 octobre.

Les choses ne s’annoncent pas pour autant aisées, en témoignent les propos tenus par le directeur général d’Elecam sur une radio locale samedi dernier. Selon Erik Essousse, en effet, lesdits recours « n’ont quasiment aucune chance d’aboutir », sa structure ayant organisé le scrutin « selon les règles de l’art ».

Un scepticisme que partage le politologue camerounais Mathias Eric Owona Nguini, qui estime qu’il y a « peu de doutes sur l’issue finale du scrutin, qui est favorable au président sortant Paul Biya ». Pour lui, « l’opposition devra réussir à apporter des preuves matérielles et documentaires assez solides pour étayer ses demandes d’annulation. Ce qui n’est pas donné. » Quant au crédit à accorder aux membres du Conseil constitutionnel, tous nommés par Paul Biya, « l’opposition connaissait les règles du jeu à l’avance », souligne Mathias Eric Owona Nguini, pour qui l’opposition doit s’y prêter.

Rfi.fr

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