Les bureaux de vote ont commencé timidement à ouvrir leurs portes au Kenya ce jeudi matin, un scrutin présidentiel bis, après l’annulation du scrutin du mois d’août. Une journée qui s’annonce tendue d’ailleurs quelques échaufourées ont éclaté dans des quartiers favorables à l’opposition. Le pays est divisé. D’un côté les partisans du chef de l’Etat sortant Uhuru Kenyatta, qui a remporté l’élection, de l’autre l’opposition menée par Raila Odinga qui a choisi de se retirer de la course et a appelé au boycott.
A Kilimani, l’un des quartiers de Nairobi, pas de file d’attente, pas de bousculades, dans l’un des plus importants bureaux de vote. Rien à voir avec le mois d’août où il fallait patienter plusieurs heures avant de pouvoir mettre son bulletin dans l’urne.
Thomas, un électeur, explique que c’est probablement dû à l’appel au boycott lancé hier par l’opposition, mais aussi à la crainte de débordements. Certains attendent peut-être l’après-midi. Il a plu toute la nuit. L’électeur s’est dit fatigué par ce processus, qu’il était temps d’en finir, en espérant que la Cour suprême n’annule pas une seconde fois ce scrutin.
Les bureaux ont donc ouvert normalement ici, même si parfois ni les agents électoraux ni les observateurs des partis politiques n’étaient présents. « Nous avons réquisitionné des électeurs pour nous aider à ouvrir et à conduire les opérations », a expliqué la présidente d’un des bureaux. La participation sera certainement en baisse ici.
Des échauffourées ont eu lieu ce matin
Des incidents ont éclaté ce matin dans plusieurs villes du Kenya entre les forces de sécurité et des partisans de l’opposition qui ont érigé des barricades et tenté pour certains de bloquer l’accès aux bureaux de vote de la présidentielle. Sont concernés les quartiers qui soutiennent l’opposant Raila Odinga comme Kibera et Matharé à Nairobi ou encore Kisumu et Migori, des villes de l’ouest du pays.
A Siaya et Homa Bay, toujours dans l’ouest, la police était engagée dans des confrontations sporadiques avec des groupes de jeunes ayant placé des barricades sur les principaux axes routiers, interdisant toute circulation.
Aucun bureau de vote ouvert à Kibera
A Kibera, la zone est inaccessible, rapporte notre correspondant. Aucun bureau de vote n’a ouvert, alors qu’en août, lors du premier scrutin, des centaines de personnes attendaient depuis des heures à l’ouverture. Des émeutes ont éclaté entre pro-Nasa et forces de sécurité qui contiennent les manifestants à l’intérieur du bidonville à l’aide de gaz lacrymogènes.
Un habitant a expliqué à RFI qu’il n’irait pas voter parce qu’il avait peur des violences. Un autre s’est dit indécis, ça dépendra de l’évolution de la situation, nous a-t-il confié. Un troisième a expliqué que les opposants voulaient empêcher le vote pour que la participation soit faible et que cela délégitime Uhuru Kenyatta.
Tension aussi à Matharé
Autre bidonville, Matharé: là aussi, le vote est difficile. Nous nous sommes rendu à Matharé 4, là où de graves affrontements avaient éclaté en août, avec notamment des tensions ethniques qui avaient fait un mort. Devant le bureau, un homme était parterre en sang. Des témoins racontent qu’il a été battu parce qu’il voulait participer à l’élection.
Quelques minutes plus tard, un camion des forces de sécurité était arrivé pour déposer les agents de la Commission électorale et le matériel. Un membre de l’IEBC a dit craindre une attaque du site. Lui-même s’est présenté comme un opposant, mais il a choisi de venir travailler parce qu’il avait besoin d’argent.
Avec RFI