Au Mali, le ministre de l’Administration territoriale a publié jeudi 16 août à Bamako, les résultats provisoires complets de l’élection présidentielle : Ibrahim Boubacar Keïta est réélu avec 67% des suffrages exprimés. Au quartier général de l’autre candidat, Soumaïla Cissé, qui a obtenu 32% des suffrages, ces résultats ont été rejetés et accueillis avec colère.
Au premier étage du quartier général de l’opposition à Bamako, un responsable de la coalition qui a soutenu la candidature de Soumaïla Cissé à la présidentielle malienne a pris la parole ce 16 août après l’annonce de la victoire du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta : « Nous lançons un appel à tous les militants qui sont ici pour que la mobilisation soit effective ».
Dans la foule, les appels à manifester se sont multipliés. Dans l’après-midi qui a suivi la publication des résultats, des manifestants, peu nombreux, se sont dirigés vers la rive droite du fleuve Niger de Bamako où réside leur leader Soumaïla Cissé, qui doit intervenir ce vendredi 17 août.
« Le ministère de l’Administration territoriale à travers la Commission nationale de centralisation des résultats vient de me donner raison, a déclaré de son côté Abderrahmane Diarra, l’un des porte-paroles de Soumaila Cissé. Je me suis retiré il y a 48 heures des travaux de cette commission pour dénoncer des bourrages d’urnes. Ces résultats ne sont que des chiffres issus des bourrages d’urnes, et non du vote sincère des Maliens ».
Pour Abderrahmane Diarra, « la majorité des Maliens qui s’expriment avant le vote parlent de changement, parlent d’alternance. 67,17% pour IBK, ce n’est pas ce changement. Nous avons des preuves de ce que nous avançons. Nous avons cité des localités dans le centre et le nord du pays dans lesquelles il n’y a pas eu de vote du tout. Pourtant, ces localités figurent bel et bien dans les procès-verbaux avec des voix faramineuses pour IBK ».
« Nous sommes des républicains et des démocrates, il y a des voies et de moyens légaux par lesquels nous allons passer pour réclamer justice, poursuit le porte-parole de Soumaïla Cissé. Il ne reste que la Cour constitutionnelle. Au premier tour, nous avons fait des recours. Cette cour n’a pas daigné traiter ces recours comme il se doit. Ce que je crains surtout, c’est que les Maliens ne sont pas prêts d’accepter ces résultats. Dans les rues de Bamako et dans certaines grandes villes comme Mopti, les gens manifestaient déjà la victoire de Soumaïla Cissé ».
Vidéo de bourrage d’urnes
Le chef de file de l’opposition continue de dénoncer des fraudes massives dans l’organisation du scrutin. Son équipe de campagne a notamment diffusé une vidéo qui montrerait des bourrages d’urne à Kidal. Cette vidéo n’a toujours pas été identifiée ou confirmée par d’autres sources.
Pour Bocary Treta, le directeur de campagne d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), il s’agit d’un dernier geste désespéré. « Cette vidéo est une tentative de manipulation de notre opinion, une tentative d’opérer un hold-up électoral, d’accréditer l’idée que si Soumaïla Cissé n’a pas gagné, c’est parce qu’il y a une fraude, et accréditer l’idée au niveau du peuple pour susciter un soulèvement populaire, déclare-t-il. Soumaïla Cissé n’est pas populaire. S’il l’était, les urnes l’auraient démontré. Il n’est pas capable de soulever notre peuple ».
« Après le premier tour, le candidat de l’opposition a demandé ouvertement à la communauté internationale, à la Cédéao[Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest], à l’Union africaine, à l’Union européenne de se déployer sur le terrain, d’aller observer les élections partout où cela était possible, poursuit Bocary Treta. C’est à sa demande. Tous les observateurs ont témoigné de la qualité de la tenue du scrutin. Aucun observateur n’a relevé toute tentative de bourrage d’urnes. Je pense que c’est la réponse la plus cinglante, la plus claire dans toutes les tentatives de hold-up électoral de l’opposition du candidat Soumaïla Cissé ».
« Les Maliens ont fait le choix entre ceux qui avant même le début du processus électoral criaient à la fraude et posaient les germes d’une déstabilisation du pays et celui qui a tout de suite appelé au rassemblement, surenchérit un autre porte-parole d’Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Camara, qui balaye les accusations de fraude : « L’ensemble des observateurs internationaux et nationaux qui ont observé ce scrutin ont dit qu’il avait été transparent et crédible. Par conséquent, je dis à l’opposition : si vous avez des preuves de fraudes, présentez-les devant les juridictions compétentes. Celles-là jugeront ».
Rfi.fr