Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé vont-ils être mis en liberté provisoire ? A La Haye, la chambre d’instruction de la Cour pénale internationale (CPI) délibère en ce moment sur une éventuelle remise en liberté provisoire. L’ex-chef de l’Etat ivoirien et l’ancien leader des Jeunes patriotes sont tous deux poursuivis pour crime contre l’humanité pour les violences post-électorales de 2010-2011 dans leur pays.
Hier soir, les juges avaient clos les discussions en donnant rendez-vous pour une audience ouverte au public. Seulement cette audience n’a pas eu lieu. On attend donc maintenant une décision écrite.
Il faut dire que les juges ont pris de court un peu tout le monde en ouvrant hier au public l’audience qui était prévue autour de ces débats-là. Ces discussions étaient prévues à huis clos à l’origine. Et du coup, les représentants du Front populaire ivoirien (FPI), les fidèles parmi les fidèles de Laurent Gbagbo qui ont l’habitude de suivre le procès n’ont pas fait le déplacement cette fois-ci.
Sur le fond, les juges ont deux options face à eux : le maintien en détention ou tout simplement la remise en liberté provisoire dans un Etat qui offre des garanties vis-à-vis de la Cour. Aucun pays n’a été cité, mais hier le représentant du greffe a expliqué « avoir déjà consulté un Etat qui coopère de manière positive avec la CPI ».
L’attente à Abidjan
En attendant, à Yopougon, où résident de nombreux sympathisants de Laurent Gabgbo, les discussions vont bon train, sans pour autant fébrilité ni d’effervescence particulière, comme on peut l’attendre avant des évènements notables.
Mais c’est vrai que quand on parle aux gens sur place, beaucoup gardent un œil sur internet ou sur la télé, ou prêtent une oreille attentive à la radio pour connaître le dénouement de ce qui se passe à La Haye. Certains attendent l’annonce d’une éventuelle libération de pied ferme. « On a économisé 10 000 FCFA pour fêter en cas d’annonce de libération », nous confiait tout à l’heure un vieux père attablé dans un maquis. « Il faut qu’il sorte Gbagbo de la réconciliation », nous disait un autre. « S’il est libéré, ce sera comme si la Côte d’Ivoire gagnait une Coupe du Monde », nous a même déclaré un troisième homme à qui nous parlions.
Pour autant, pas d’unanimité. Un homme nous a pris à part et à voix basse pour ne pas être entendu par les gens qui l’entouraient, et nous a confié que si Laurent Gbagbo était libéré, selon lui, « cela voudrait dire qu’il n’y a pas de justice ».
A Yopougon, ici la vie suit son cours normal. Pas de déploiement particulier de forces non plus. Chacun vaque à ses occupations.
■ Que compte faire Laurent Gbagbo s’il venait à être définitivement libéré ?
Alors on ne parle pour le moment que d’une libération provisoire, on ne parle pas encore d’acquittement. Le procès, lui, a été suspendu. La CPI doit se réunir début 2019 pour annoncer si Laurent Gbagbo sera ou non acquitté.
On sait en tout cas que depuis sa cellule de Scheveningen, Laurent Gbagbo a repris la direction de son parti le FPI. Dans un livre, l’ancien chef d’Etat ne cache pas non plus ses ambitions de revenir un jour sur le devant de la scène politique.
Certains se projettent déjà quoi qu’il en soit. C’est le cas d’Henri Konan Bédié du PDCI par exemple. Chez nos confrères de France 24, il a affirmé avoir l’accord de Laurent Gbagbo pour une alliance en vue de l’élection présidentielle de 2020.
Rfi.fr