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Promiscuité, pas d’électricité, de branchements d’eau, insécurité : «Cité Imbécile» refuse d’être Darou Salam

Dans l’agglomération de Dakar, tout n’est pas comme les Almadies. La «Cité imbécile» en est une preuve par 9. En effet, nichée à Yarakh, derrière l’autoroute à Péage, en allant vers Colobane, elle abrite des centaines de personnes. Qui s’y réveillent, chaque matin, pour aller gagner, honnêtement, leur vie à Dakar et sa banlieue. Dans le cadre de ses reportages sociétaux, SourceA vous conduit en voyage dans la contrée. Où, les habitants sont en proie à des difficultés de toutes sortes. Lesquelles ont la peau vraiment dure. Tout comme, le qualificatif «Imbécile collé à leur localité refuse de céder la place à Darou Salam, actuelle appellation, mais peu connue du grand public, qu’on essaie de donner à la Cité.

Reportage !

Il n’y a pas de doute : tout n’est pas rose dans la capitale sénégalaise. A quelques kilomètres des Almadies, il y a une localité, dont la simple évocation renvoie à une connotation négative. Son nom : «Cité Imbécile». Nichée à Yarakh, à quelques encablures de la Direction générale du journal national, Le Soleil. Composée pour la plupart de baraques, elle accueille des centaines de personnes et manque de tout. Ou, presque ! En attestent l’absence d’électricité, de branchements d’eau, de sécurité, la promiscuité, entre autres difficultés auxquelles font face ses occupants. D’ailleurs, c’est un groupe électrogène, qui alimente les populations en courant les plus chanceuses.

Mais ce n’est pas seulement le courant qui balafre l’existence quotidienne des honnêtes citoyens qui se réveillent, ici. En effet, il n’y a non plus, pas de raccordement d’eau, à la Cité Imbécile. Hommes, femmes comme enfants, de tout âge, et d’origines diverses, y vivent. Sur place, même si c’est le désert, en termes d’infrastructures de base élémentaires, la vie suit son cours normal. Les quelques rares habitants retrouvés sur les lieux, même s’ils avouent vivre des journées pénibles, parce que manquant du minimum vital, refusent, systématiquement, l’appellation qui est donnée à leur terroir.

 «La Cité, telle que perçue par certains, ne répond pas à son nom. Et ne cadre pas avec la réalité», peste le Doyen Moustapha Seck, un pensionnaire de la localité, qui fait partie des personnes qui ont créé la Cité. Retrouvé dans la cour de sa maison, devant des plantations de salades, le sexagénaire est au bord de la crise des nerfs, quand on énonce le qualificatif scotché à la Cité.

Le Doyen Moustapha Seck : Comment certains saboteurs ont pu l’appeler «Cité Imbécile»

Chapeau blanc bien vissé sur la tête, le vieux, le Doyen Moustapha Seck, la soixantaine dépassée, habillé en tenue traditionnelle, explique à SourceA : «ça fait longtemps. L’histoire remonte à bientôt vingt ans, après les fameux incidents survenus entre le Sénégal et la Mauritanie (1989). Nous travaillions, ici, dans des champs d’oseille, pendant l’hivernage. Auparavant, c’était comme un quartier chinois. Mais on l’appelait, simplement, Cité.

Avec le temps, les gens venaient s’y implanter, de manière anarchique. C’est de là que certains saboteurs ont commencé à l’appeler «Cité imbécile». C’est, simplement, pour du sabotage qu’ils qualifient ainsi notre terroir. Ceci nous a même poussés à changer son appellation pour lui donner le nom de «Darou Salam».

Le premier emploi de Macky Sall, c’était ici

Pour les Livres d’Histoire, l’actuel Président de la République connaît bien la Cité. La raison ? Quand Macky Sall travaillait à Petrosen, dont il a été, plus tard, le Directeur général, il passait ses journées aux côtés des populations, dont le dénominateur commun reste la bourse faible et le manque d’infrastructures de base. «L’actuel Chef de l’Etat devait redonner vie à cette partie de Yarakh. En dotant ceux qui s’y réveillent, chaque matin, du minimum vital», confie un connaisseur des lieux.  Qui ajoute, «dans le cadre de son Plan Sénégal émergent, il a une occasion en or massif de rendre hommage à cette Cité qui l’a hébergé, pendant longtemps, en tant qu’Agent de Petrosen ». Pour redorer l’image de la localité, les populations ont tenu à la rebaptiser. Pour ce, elles l’ont appelée Cité Darou Salam. Pour donner un cadre beaucoup plus accueillant à leur contrée. Mais il semble que cette nouvelle appellation soit peu connue, même au sein des habitants de ladite Cité. C’est le cas de Yacine Mbaye.

La bonne dame, mine joviale, croisée dans l’une des ruelles de la Cité, se défend : «j’ai fait plus de 10 ans dans cette Cité. Je l’ai connue sous le nom de Cité imbécile. Mais j’entends, parfois, des gens, qui l’appellent Darou Salam». Pour elle, on a beau lui coller ce qualificatif qui fait désordre, mais, indique-t-elle, «il n’y a pas de problème dans la Cité. Nous vivons dans la solidarité. Actuellement, je détiens un petit commerce, qui m’aide à joindre les deux bouts, pour m’occuper de mes enfants», fait-elle part.

«Je défie quiconque dit qu’il y a des imbéciles à la Cité «Darou Salam»

Dans cette partie de Yarakh, les administrés dénoncent le fait qu’on colle à leur localité le sobriquet «Imbécile». Tout comme, pour rien au monde, ils ne cautionnent pas l’idée, selon laquelle la Cité regorge d’imbéciles. «Il n’y a que la paix, ici. Ce n’est pas possible, il n’y a pas d’imbéciles dans un quelconque village sur cette agglomération. Il y a autour de nous 5 Commissariats de Police, sans citer la Gendarmerie, ils ont tous des éléments, ici. Ils y passent, parfois. La Cité n’est pas une Cité imbécile. Il y a de bonnes personnes, qui y vivent. Ceux qui s’adonnent à du boucan, si vous les calculez, ils ne font même pas 10 personnes. Ces dix personnes, si vous les cherchez, elles ne peuvent pas vous tenir tête.

Ceux qui vivent, ici, sont, pour la plupart, d’honnêtes citoyens, qui gagnent leur vie, à travers de petits commerces, d’autres, notamment les jeunes filles comme des femmes de ménages, communément appelées des «domestiques» «Mbindanes», dit-il, dans un wolof très clair. Ils ont fait le choix de venir s’installer dans cette Cité, parce que le loyer est très cher à Dakar. Nous ne sommes pas habités par l’instinct de bandit.

Ceux qui ont fait le choix de venir s’installer dans cette Cité, parce que le loyer est très cher à Dakar

«Autrefois, il n’y avait pas de «daaras» (écoles coraniques), mais aujourd’hui, les choses ont changé. Il y a beaucoup de «daaras», qui ont été implantées. Tous les citoyens sont d’égale dignité. Les gens ont besoin d’être dans des endroits, où ils peuvent vivre, sereinement, dans l’humilité, avec leurs familles et leurs proches. Je défie quiconque dit qu’il y a des imbéciles dans cette Cité», tonne-t-il, en prenant à témoin, ses voisins assis, tous, autour de lui.

Serigne Sène : «le fait que nous vivions, ici, ne veut pas dire que nous sommes désemparés, mais…»

Devant le domicile du Chef de quartier, déclaré absent des lieux, un groupe de jeunes discutaient. L’horloge affiche 11h 30 minutes. A ce moment de la journée, les rues, étroites quelles sont, commençaient à être désertes. La poussière dicte sa loi, avec un vent peu fort, qui s’y abattait. Des étals de vendeurs de poissons, de bouteilles d’eau de 20 litres, de gargotes, de café Touba ornent le décor. De petits commerces qui semblent marcher à merveille. Pas loin de là, on retrouve Serigne Séne.

Tailleur de son état, retrouvé sous une tente, dans sa maison, en train de coudre des habits, il n’a pu s’empêcher de dire ce qu’il pense de la Cité qui l’a accueilli, il y a, à peine, deux ans. A son avis, la Cité mérite autre attribut que celui d’Imbécile. «C’est déplorable. Ceux qui vivent, ici, sont de valeureux hommes et femmes. Pour qu’on sache, davantage, l’intérêt qu’elles représentent pour Dakar et sa banlieue, il faut attendre la fête de Tabaski.

Pendant cette période, les gens défilent, à longueur de journée, pour chercher des filles disponibles et les prendre, pour qu’elles leur assurent les tâches ménagères», déclare-t-il. Une opinion que partage, d’ailleurs, Moustapha Seck. «Le matin, si vous vous mettez sur le chemin de fer, vous verrez la foule qui sort de la Cité. Ça n’existe nulle part à Dakar. Il n’y a que des citoyens à la bourse certes, faible. Mais qui vivent de la sueur de leur front».

«Si nos filles restaient, un jour, sans aller travailler, beaucoup de familles auraient des problèmes. La preuve, lors des fêtes de Tabaski… »

Selon Yacine Mbaye, «si elles (ndlr : les filles exerçant les tâches ménagères dans certaines maisons) restaient, un seul jour, sans aller travailler, beaucoup de familles auraient des problèmes. Rien ne marcherait. Les gens se demanderont ce qui se passe. Parce qu’il n’y a que des gens, qui vivent, par la sueur, de leur front», indique-t-elle. Yacine Mbaye, qui déplore la hausse du prix du loyer, dans la capitale sénégalaise, qui constitue un véritable casse-tête, en rajoute cette couche, pour justifier leur implantation dans la Cité.

«On ne peut pas avoir accéder à certains quartiers, vu le coût de la location. Quand vous venez, on vous propose des prix de 30, voire 40 mille francs Cfa. C’est trop cher pour nous, qui disposons d’une faible bourse. Dieu a procédé à un partage et il n’a pas offert les mêmes possibilités à tout le monde. Il y a des gens qui sont nantis, y en a d’autres qui sont démunis. Certains trônent sur des milliards, d’autres peinent à assurer la dépense quotidienne ; une autre frange se réveille sans rien dans ses poches. Ainsi, va la vie», philosophe Yacine Mbaye.

Tout comme elle, Serigne Sène fulmine : «le fait que nous vivions, ici, ne veut pas dire que nous sommes désemparés. Loin s’en faut», dit-il. «Le problème qu’on a, c’est le loyer. C’est très cher à Dakar. Parfois, on vous demande de faire une avance de trois mois, pour pouvoir avoir une chambre. Ce qui est hors de portée pour nous. Si nous sommes là, ce n’est pas parce que nous sommes désemparés.

C’est juste que nous voulons pouvoir nous loger quelque part où nous payons moins cher, pour qu’à l’avenir, nous puissions avoir des économies et nous occuper, comme il se doit, de nos familles, à chaque fois que de besoin. Ce que nous gagnons, ici, si on veut payer, à la fois, le loyer et la dépense quotidienne, ce sera insupportable».

Certes, d’honnêtes citoyens se réveillent à la Cité Imbécile, gagnent leur pain à la sueur de leur front et veulent de la localité un havre de paix. N’empêche, l’insécurité fait partie du lot des difficultés auxquelles font face les habitants. D’ailleurs, beaucoup de citoyens rencontrés, reconnaissent l’existence sur les lieux de quelques agresseurs. De nature à les empêcher de dormir du sommeil du juste. Heureusement que, saluent-ils, les policiers et les gendarmes veillent au grain sur la sécurité des personnes et de leurs biens.

Ousmane THIANE (Stagiaire)

 

 

1 comment

deguenetane 27/02/2018 - 14:39 at 14:39 PM

très bon reportage c’est émouvant. je pense que si on abaissait le prix du loyer certaines personnes n’auraient pas besoin de vivre dans ce type de quartier. la cité imbécile je connais. je peux vous dire qu’il beaucoup de crimes qui sont commis notamment par les agresseurs,. la plupart sont des étrangers

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