Le contraste est saisissant entre l’espace vert et l’environnement autour frappé par la sécheresse : Le village de Doly Centre vit une expérience nouvelle avec l’exploitation d’un périmètre de culture fourragère dans le cadre du Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc).
Le « neema » et la « beccaria » exploités sur 1, 5 hectares et 1,25 hectares sur une surface totale de 5 hectares pourraient révolutionner la pratique de l’élevage dans les prochaines années dans le Ranch de Doly inauguré en 1969 par le président Léopold Sédar Senghor qui voulait en faire une zone de repli et d’élevage intensif. L’endroit situé au cœur de la zone sylvo-pastorale a une capacité de 2 millions de têtes de bétail.
Erigé sur une surface de 5 hectares, le périmètre fourrager est exploité par une Société agricole rurale (SAR). Dans le cadre de son volet « chaîne de valeurs », le PUDC a mis en avant le modèle entrepreneurial pour la gestion des périmètres fourragers. Une société coopérative est mise en place et ses membres sont les villageois qui adhèrent librement à titre individuel en achetant des parts sur la base de critères retenus après un processus participatif.
Chaque société dispose de ses instances de gouvernance et de contrôle constituées de l’Assemblée générale, du comité de gestion, du bureau, des commissions, etc. Cette vision s’inscrit dans « une logique de mise en place d’un processus d’autonomisation des femmes et de favoriser l’emploi des jeunes ».
A Doly Centre, cette vision s’est matérialisée par l’exploitation depuis juin 2017 d’une superficie de 5 hectares par la Société agricole rurale.
« Nous avons vendu 130 parts à raison de 10. 000 francs la part. Nous avons pu engranger la somme de 1, 3 millions de francs CFA déposée dans une banque. Nous connaissons les bienfaits de cette culture. Le bétail est confronté à un problème d’alimentation pendant une certaine période de l’année. Il y a beaucoup d’éleveurs qui quittent la zone. Donc, il y a une perspective d’avoir de l’herbe en permanence avec ces plantes fourragères », salue le président de la SAR de Doly Centre, Abdoulaye Ba.
Le « neema » et le « beccaria » sont des « plantes à haut rendement » et « des compléments d’aliment » pour le bétail, selon le chef du ranch de Doly, Mamadou Sow. Après 3 mois de plantation, la plante dépasse 2,5 m de haut. Le rendement est de 400 tonnes par ha. La première fauche a lieu au bout de 3 mois. Ensuite les fauches se font tous les 2 mois avec des rendements de 50 tonnes par ha et pendant au moins une quinzaine d’années correspondant au cycle végétatif de la plante.
Outre l’aménagement du périmètre, le PUDC a mis des semis à la disposition de la population et a mis à contribution l’ANCAR pour la formation. Le périmètre est également alimenté en eau grâce au forage d’un coût de plus d’un milliard réalisé par le Pudc. Situé à 5 km du village, le forage a un château d’une capacité de 1000 mètres cubes. L’ouvrage polarise 15 villages sur un linéaire de 116, 268 km.
Le chef du Ranch de Doly se dit « optimiste ». « Le neema est un complément d’aliment. L’éleveur peut en donner à son bétail après la divagation. Moi je suis optimiste, car j’ai vécu la même expérience à Namarel et à Richard-Toll qui ont les mêmes conditions climatiques que le Ranch. Le niveau de pluie est moyen dans cette zone et il y a une pression sur la réserve, donc les cultures fourragères sont une alternative pour les éleveurs », explique Mamadou Sow.
« Il y a la possibilité d’améliorer la production laitière. En zone sylvo-pastorale, la production laitière est saisonnière. Le lait est disponible pendant la saison des pluies jusqu’au mois d’avril. Avec les plantes fourragères, il y a la perspective d’avoir du lait au-delà. J’ai parlé de mon expérience à Namarel. Il est possible d’avoir une production de 5 litres par vache dans la journée, soit 2,5 litres le matin et 2,5 litres le soir. Nous avons ici une manne financière pour les éleveurs », ajoute le responsable du ranch.
Dans le cadre du PUDC, l’objectif est de démultiplier cette expérience dans les familles d’éleveurs qui pourront disposer de l’herbe en permanence et améliorer leur production.
Djibril Safi SECK