Refonte partielle du fichier électoral: la loi passe comme lettre à la poste, l’opposition dénonce un forcing

Comme on s’y attendait, le projet de la loi portant refonte partielle des listes électorales a été voté à la majorité par l’Assemblée nationale. Un vote qui consacre l’adoption des 8 des 12 points qui avaient fait l’objet de discussions entre parties prenantes (pouvoir, opposition, non alignés) du processus électoral. Les 4 points d’achoppement seront soumis à l’arbitrage du Président de la République.

Toutefois, l’opposition parlementaire a dénoncé le manque de consensus sur le fichier électoral, notamment sur la disposition relative à la ‘’confirmation’’ de l’électeur sur le fichier.

Le député de Rewmi, Thierno Bocoum trouve ‘’antidémocratique’’ le fait de demander à un citoyen de venir confirmer ou non son existence sur les lites électorales, alors que le vote est libre. Son collègue, Mamadou Lamine Diallo, n’y va pas par quatre chemins, pour accuser le parti au Pouvoir de vouloir frauder. ‘’On veut chambarder tout cela pour, uniquement, éliminer les gens qui sont contre Macky Sall’’, affirme le député et leader du Mouvement Tekki.

Son collègue, Mamadou Diop Decroix  dit ne pas comprendre le ‘’forcing’’ du Pouvoir à vouloir aller à l’élection avec un code non consensuel. ‘’Depuis 25 ans, c’est la première fois que nous avons eu un Code aussi controversé’’, déplore le leader de Aj-Pads.

’’Je ne vois aucun inconvénient à nettoyer le fichier. C’est quelque chose de banal. Il suffit juste de recruter des étudiants qui vont recenser tous les morts et les enlever du fichier.’’, propose-t-il.

La carte d’identité de la Cedeao mise en circulation le 1^er janvier 2017.

Mais ces arguments n’ont pas apparemment convaincu le ministre de l’Intérieur. Dans son intervention, Abdoulaye Daouda Diallo indique qu’il y a bel et bien consensus sur la plupart des points de discussion. Selon lui, les points de désaccords relatifs à la confirmation, à l’utilisation du bulletin unique étaient insurmontables. ‘’Pourquoi nous enfermer dans ces débats, tout en sachant qu’on ne sera jamais d’accord ?’’, se demande le premier flic du pays.

Sur la confirmation, le ministre de l’Intérieur parle d’avancée démocratique, en ce sens qu’elle corrige une erreur commise par l’ancien régime. ‘’En 2016, on avait fait inscrire des citoyens sur le fichier électoral, sans pour autant qu’ils veuillent voter parce qu’il fallait confectionner à la fois la carte d’identité et la carte d’électeur’’, rappelle Daouda Diallo, qui annonce, par ailleurs, la mise en circulation de la carte d’identité biométrique de la Cedeao.

Abdoulaye Daouda Diallo muet sur le marché de confection des CNI biométriques

Sur la double nationalité, le ministre de l’Intérieur pense qu’il n’y a pas débat, car la Constitution a déjà réglé le problème. Toutefois, il trouve nécessaire d’avoir des modalités d’application, pour prouver qu’on a une seule nationalité, si on veut être candidat. ‘’Devrons-nous nous suffire de la déclaration sur l’honneur, uniquement ?’’, se demande Abdoulaye Daouda Diallo.

Toutefois, le ministre de l’Intérieur a été muet, face à l’interpellation du député, Mamadou Lamine Diallo, qui a voulu savoir le nom de l’entreprise qui a gagné le marché de la confection des carters d’identité et à quel montant.

Daouda Gbaya (Actusen.com)