Après quelques apparitions ponctuées par de véritables déclarations de guerre, Abdoulaye Wade aura réussi à attirer l’attention de la Communauté internationale sur le Sénégal. Accueilli samedi à Conakry par Alpha Condé dans le Pavillon présidentiel de l’Aéroport Gbessia, Me Wade a eu à rencontrer François Hollande, l’ancien président français. Quelques minutes plus tard, un autre entretien se déroulera au Palais Sékhoutouéya. De la proposition de Conakry d’accueillir Karim Wade sur son sol, à la médiation d’Alassane Ouattara proposée par Hollande et rejetée par Wade, en passant par l’exigence d’un report de la Présidentielle sénégalaise prévue le 24 février prochain, SourceA vous conte les minutes d’un séjour qui ne plaira pas à Macky Sall.
Cette subite invitation à Conakry par le Président Alpha Condé prouve, s’il en est besoin, que l’ancien président de la République détient une capacité de nuisance, comme du temps où il végétait dans l’opposition. Alors que les cinq candidats retenus par le Conseil constitutionnel continuent de dérouler leur campagne électorale, en vue de la Présidentielle du 24 février prochain, Me Abdoulaye Wade, considéré comme l’intrus de ce scrutin, après avoir annoncé un plan de guerre pour bloquer le processus électoral qui est vicié, selon lui, s’est envolé, avant-hier, vers Conakry. Une visite qui continue de susciter des interrogations au sein de la classe politique et surtout au Parti au pouvoir qui s’est engagé dans la réélection de son leader.
Cette inquiétude des soutiens de l’actuel chef d’Etat est légitime, quand on sait qu’entre Alpha Condé et Macky Sall, ce n’est vraiment pas le grand amour.
L’épidémie d’Ebola, qui avait fait des ravages en Guinée, a davantage augmenté l’inimitié entre les deux présidents, à la suite de la fermeture de la frontière commune par le Sénégal. Cette parenthèse n’aura été que le prétexte servi, mais le Président Condé n’a jamais pardonné à son homologue son «soutien» à son opposant principal, Cellou Dalein Diallo.
Alors que le temps commençait à effacer cette fracture entre chefs d’Etat en exercice, l’épisode de la crise gambienne où Yaya Jammeh, catalogué proche du Chef de l’Exécutif guinéen était dans la ligne de mire de la Cedeao, sous la houlette de Macky Sall.
François Hollande, en pompier, voit sa proposition de voir le président ivoirien jouer les facilitateurs rejetée par Abdoulaye Wade
À peine l’ancien président Wade a-t-il foulé le sol guinéen, qu’Alpha Condé a tenu à s’entretenir, rapidement, avec son hôte du jour, dans le Pavillon présidentiel de l’Aéroport Gbessia. Quelques minutes plus tard, un autre entretien se déroulera au Palais Sékhoutouéya, en présence du prédécesseur d’Emmanuel Macron.
Un entretien sulfureux, selon les indiscrétions parvenues à SourceA. Les trois personnalités prendront congé, avant que les présidents Wade et Hollande prennent leurs quartiers dans le somptueux Sheraton de Conakry. Car Abdoulaye Wade aura opposé une fin de non-recevoir à la proposition de François Hollande d’accepter une médiation conduite par Alassane Dramane Ouattara.
Me Wade fait dans la résistance et exige un report, quand Condé propose d’accueillir Karim Wade
Malgré l’insistance de ses deux interlocuteurs, Me Wade est resté intransigeant, selon les informateurs de votre journal. Abdoulaye Wade aurait, carrément, refusé de parler au président ivoirien au téléphone, alors que ce dernier se trouvait à Paris.
Abdoulaye Wade sera l’hôte à dîner du Premier ministre, Ibrahima Kassory considéré comme le maître d’œuvre de cette rencontre. Ce dîner à l’initiative du Pm guinéen a vu la participation de l’Ambassadeur du Qatar à Conakry, ainsi que d’un émissaire de Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani, ministre qatari des Affaires Étrangères.
Le Qatar, fort de ses investissements en France, joue la carte François Hollande qui est sorti de sa «retraite» pour recoller les morceaux.
Dakar aurait-il dépêché un émissaire à Conakry, hier, dimanche ? Tout porte à le croire. Un Agent de l’Ambassade du Sénégal en Guinée joint par Source A parle de l’accueil de deux personnes venues de Dakar et accueillies par le Service du protocole du Ministère guinéen des Affaires Étrangères.
«Pour des raisons de sécurité, on ne peut dévoiler l’identité de ces deux personnes que nous avons accueillies, hier», nous confie la source qui a néanmoins accepté de dire que «cette venue n’est pas étrangère à la présence des présidents Wade et Hollande».
Dans le but de montrer toute sa disponibilité et sa volonté de trouver une solution à la «crise» latente en cours à Dakar, Alpha Condé a réitéré à Me Wade que Karim Wade serait le bienvenu à Conakry, s’il en fait la demande.
Du côté de la Présidence guinéenne, c’est un silence-radio total. Néanmoins, un proche du ministre d’Etat, Nabi Youssouf Kiridi Bangoura, Secrétaire général de la Présidence, a confié à Source A que «des avancées sont à noter, depuis samedi, et qu’avec l’accord de Dakar, un facilitateur pourrait être désigné, pour mettre tous les protagonistes autour de la table». Pour cet interlocuteur de votre canard, aussi bien pour le président Condé que François Hollande, l’inquiétude est de voir le Sénégal plonger dans une spirale de violence, qui risque de mettre un sacré coup à l’instabilité dans la sous-région déjà frileuse.
Sur le report demandé par Me Wade, notre source guinéenne se veut claire : «nous cherchons à concilier les parties sans nous immiscer dans les affaires internes du Sénégal». Et d’ajouter : «les différentes propositions sont à l’étude par toutes les parties concernées et d’ici quelques heures, l’ancien numéro un français devrait se rendre à Abidjan pour un début de solution».
Pape SANE Actusen.sn