Plus que des heures avant de déchirer, ce samedi, les entrailles du ciel pour un périple qui va les mener, tour à tour, au Japon puis en Italie (tournois préparatoires) avant de déposer leurs valises au village olympique de Rio, les Championnes d’Afrique affûtent leurs armes.
Dans l’hôtel qui leur sert de tanière, les Lionnes affichent la sérénité et la confiance avant de dire au-revoir à un peuple qui n’attend sûrement pas de surprise, mais une bonne prestation aux Jeux olympiques (Jo) en prélude de l’Afrobasket 2017.
Rencontrée par Actusen.com, ce jeudi, à quelques minutes de la visite du ministre des Sports, Matar Bâ, la bande à Aya Traoré livre les dernières confidences d’un camp de préparation qui a duré trois semaines.
Au cœur de la tanière, Actusen.com embarque ses lecteurs dans une ambiance bon enfant avant Rio où la planète les attend à bras ouverts. Reportage !
Jeudi 30 juin. Le soleil darde ses impitoyables rayons sur les paisibles citoyens, en ce mois de ramadan. Au même moment, quelque part, dans la capitale sénégalaise, au bord de l’Océan atlantique et dans un chic quartier de Dakar, la vie semble prendre un autre cours. Accoudés à table autour des assiettes de fruits pour le dessert après le plat de résistance, les Lionnes du basket, en partance pour Rio, sont épargnées des rigueurs de ce béni mois pour tout musulman. Au loin, on peut facilement distinguer les silhouettes d’Astou Traoré, Mame Diodio Diouf, Mame Marie Sy et autres Maimouna Diarra, Ndèye Sène pour ne citer que celles-là.
Un groupe «saint» qui respire la forme et crache la malédiction des éliminations au premier tour des grandes compétitions mondiales. En dépit des embûches sur le chemin de Rio (elles sont versées dans la Poule la plus relevée du tournoi), les Lionnes du basketball ne veulent pas se résigner, avant de livrer les combats qui les attendent au front.
Aya Traoré, capitaine : confiantes, les Lionnes défendront crânement leurs chances aux Jo
«Nous avons conscience de la tâche qui nous attend», lance, péremptoire, la capitaine Aya Traoré, assoupie sur un fauteuil. «Nous allons prendre tous les matches au sérieux, jouer sur nos valeurs et défendre crânement nos chances», rassure-t-elle, fatiguée, les supporters, après une matinée d’entrainement.
Au restaurant de l’hôtel qui leur sert de tanière, la joie se lit sur tous les visages. Après quelques coups de fourchettes sur des pommes, bananes et oranges, les championnes d’Afrique en titre regagnent, pour certaines, leurs chambres. Alors que d’autres sont dans la salle d’accueil, en attendant, avec impatience, l’arrivée du ministre des Sports.
Astou Traoré, la doyenne : «le moral est au beau fixe, les jeunes sont bien intégrées»
Téléphones portables à la main, on discute avec des amis et autres parents. En short noir, Lacoste orange et sandales aux pieds, Maimouna Diarra et toutes les autres habillées aux mêmes couleurs, accompagnées d’Oumoul Khairy Thiam, arrivent. Et prennent place aux côté de la «novice» et non moins championne d’Afrique U18 (Dakar) Yacine Ndiaye.
Crinière en bandoulière, le Mvp des moins de 20 ans, il y a quelques années, est reconnaissable, au loin. Sourire aux lèvres, elle discute à haute voix avec Oumoul Khairy Thiam. Tandis qu’à quelques mètres de là, Oumou Khalsoum et Ramata Daou en font de même.
«Le moral est bon. Depuis trois semaines, les filles sont ensemble et le courant passe bien», confie la doyenne du groupe, Astou Traoré, elle aussi, devant son Smartphone. Même constat pour Ndèye Sène. Visiblement, la mayonnaise a pris, malgré la rude concurrence au sein du groupe pour une place dans la liste des 12 pour les Jo. Ce que confirment les discussions entre Oumoul Khairy et Yacine et bien encore, Ndèye Khady Ndiaye et Aya Traoré.
Ndèye Khady Dieng, meneuse Usa : «entre l’expérience et la jeunesse, il n’y a pas eu de problème d’intégration»
«C’est mon premier regroupement avec les A, mais, sérieusement, je ne me plains pas. Nous (les jeunes) avons été bien accueillies par les anciennes», renseigne, pour sa part, Ndèye Khady Dieng (aussi championne U18 au même titre que Yacine). La meneuse des Lionnes veut se frayer du chemin au milieu de la galaxie Diodio-Fatou Dieng. Meneuse et pensionnaire d’Aubur University dans le Championnat de jeunes filles (Usa), elle croit en ses chances d’être retenue parmi les 12 de Tapha Gaye.
«C’est le coach qui décide, mais j’aimerais bien être retenue car, dit-elle, cette expérience, qui commence, doit trouver des prolongements», a-t-elle estimé, pour la suite de sa carrière internationale.
Entre les gardiennes du temple et les novices, il n’y a pas ni frontières ni barrières générationnelles. «C’est une complicité qui rassure», renchérit Mame Marie Sy. Arrivée dernière au camp de préparation de Dakar, la jeune sœur d’Anta Sy, autre légende du basket sénégalais et du Duc, se délectant encore de ses titres de championne de France et vainqueur de la Coupe de France, estime, tout de même, que les Lionnes ne se présenteront pas en victimes expiatoires à Rio.
Mame Marie Sy : «Rio ne sera pas une escale de vacances pour les Lionnes, on va jouer tous les matches à fond»
«Je compte poursuivre et finir l’année en beauté, après les titres en club. J’ai connu l’une des années les plus fastes de ma carrière en 2016 et cerise sur le gâteau, je me présente (si Dieu le veut après choix du coach) pour la première fois aux Jo. Quel que soit l’adversaire, sachez que le Sénégal ne se présente pas en victime expiatoire. Rio ne sera pas une escale de vacances pour les Lionnes», soutient-elle, avec force détermination, avant de nous quitter sur la pointe des pieds, car chambrée qu’elle a été, par Lala Wane.
Du haut de son expérience et après une des saisons les plus abouties de sa carrière professionnelle, la double-championne d’Afrique, Mame Marie Sy, n’échappe pas aux taquineries de Lala Wane. Considérée comme la plus grande perturbatrice du groupe, la pensionnaire de la nationale 3 (France) s’en défend. «C’est ma nature. Je ne peux pas rester sans (déranger) les autres ; sinon, l’ambiance sera morose au sein de la tanière et je n’aime pas cela», se justifie-t-elle.
Lala Wane : «c’est ma nature, je n’aime pas une ambiance morose…»
En attendant l’arrivée du ministre des Sports et du Président de la Fédération sénégalaise de basketball (Fsb), en ce jeudi pour visite, toutes ou presque se prélassent sur les fauteuils de la salle d’attente de (leur) hôtel. En première, la capitaine. Fatiguée, il faut presque faire du «forcing » pour soutirer quelques mots à Aya Traoré. Pourtant, elle n’a pas jeûné. Quant à Ndèye Sène, elle n’a cessé de faire des grimaces au photographe d’Actusen.com pour quelques prises de vues.
Cependant, même si la confiance et la sérénité règnent au sein de la tanière, il faut reconnaître que la présence des Lionnes ne sera pas facile dans le groupe aux côtés des Usa (champions olympiques en titre, Canada (vainqueur de la Ligue Nord américain de Basket féminin), Serbie (championne d’Europe en titre) et Chine.
Malgré tout, Matar Bâ rêve de les voir se surpasser. «L’Afrique vous regarde, battez-vous et si vous deviez tomber, tombez les armes à la main». Avec ce message du ministre des Sports, on saura, dans quelques jours, de quel bois se chauffera la bande à Aya Traoré !
Gaston MANSALY (Actusen.com)