Par la magie d’un raccourci rapide, on pourrait résumer la conjugaison de leurs efforts en ces termes : le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, interpelle 1000 personnes dans sa traque aux ennemis de la sécurité des personnes ; sa collègue de la Bonne Gouvernance et de la Protection de l’Enfance, Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, lance l’assaut contre les enfants de la Rue, dès ce matin. En effet, au détour d’un déjeuner de presse organisé, hier, les deux ministres ont levé un coin du voile qui entoure les mesures ponctuelles prises par leurs départements.
Concernant le cas du retrait des enfants de la rue, la ministre Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop d’expliquer : «j’étais sur le terrain pour faire l’état des lieux et évaluer la première phase de retrait entamée. J’ai eu à discuter avec tous les acteurs. J’ai fait le tour des familles religieuses qui sont ici au Sénégal. J’ai rencontré les maitres coraniques dans leur ensemble et la Fédération des maitres coraniques, les Comités départementaux de la protection de l’enfance».
Poursuivant, elle ajoute : «j’ai fait le tour, pour m’imprégner des activités qui étaient faites et ça m’a permis d’évaluer le travail qui a été fait en amont, identifier les goulots d’étranglement par rapport à la première phase de retrait. Et, sur la base de tout ça, on est arrivé à un schéma, qui, nous pensons, pourrait répondre à nos attentes. Donc, c’est grâce au travail qui a été fait en amont et qui n’a pas été médiatisé qu’on a pu avoir ses résultats pour pouvoir procéder à une seconde phase».
«On a aussi discuté avec les «daaras» internat pour qu’elles puissent accueillir les enfants talibés, qui seront retirés de la rue. Les enfants non talibés seront orientés vers les Centres d’accueil»
Aujourd’hui, dit la ministre Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, «on avait prévu de retirer les enfants de la rue mais en collaboration avec les ministères de l’intérieur. Ce sera fait demain. Il y a plusieurs ministères qui sont impliqués. Le ministère de la Justice, le ministère de la santé et le ministère de la santé. Nous sommes dans une coordination et nous voulons mutualiser tous nos efforts pour réussir ces retraits».
Mais, renchérit-elle, «ce ne sera pas en une seule phase. Cela se fera, progressivement. Et dès demain, on pourrait vous donner des chiffres par rapport aux retraits qui ont été effectués. On a aussi discuté avec les «daaras» internat pour qu’elles puissent accueillir les enfants talibés, qui seront retirés de la rue. Les enfants non talibés seront orientés vers les Centres d’accueil».
Même si ses Services entendent ne ménager aucun effort, pour extraire les mômes de la rue, il n’en demeure pas moins que la ministre de la Bonne Gouvernance et de la Protection de l’Enfance se veut claire, nette et précise. «Il ne faudrait pas que les parents fuient leur responsabilité. Les parents sont les premiers protecteurs des enfants. Maintenant, l’Etat peut venir en amont, essayer de mettre un dispositif pour freiner cette recrudescence des enfants enlevés. L’Etat ne peut pas mettre un policier derrière chaque enfant. Il revient à la communauté de prendre en charge ses enfants».
«Il ne faudrait pas que les parents fuient leur responsabilité. Les parents sont les premiers protecteurs des enfants. Maintenant, l’Etat peut venir»
Lorsque certains concitoyens lui reprochent de ne s’être pas prononcée sur l’enlèvement-meurtre de Fallou Diop, la ministre a expliqué : «le cas de l’enfant Fallou Diop, je n’ai pas voulu me prononcer pour mettre à l’aise mon collègue de l’intérieur parce que j’ai jugé que la sécurité publique incombait à son ministère. Et, comme nous sommes dans le même gouvernement, il y a une solidarité gouvernementale. Quand un ministre se prononce sur une question, c’est l’ensemble du gouvernement qui a réagi».
«Pourquoi je ne me suis pas prononcée sur le cas Fallou Diop»
Ayant peu goutté aux critiques qui se sont abattues sur elle, Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop renchérit : «pour le cas de Fallou Diop, j’ai été très sensible pour cette histoire. Je voulais résister à la pression. Pour moi, aller présenter mes condoléances, serait vraiment céder à cette pression. J’ai voulu tenir, j’ai tenu, mais je partage la douleur de ses parents. Les portes de mon Ministère sont ouvertes. Je suis très accessible».
«Pour le cas de Fallou Diop, j’ai été très sensible pour cette histoire. Je voulais résister à la pression. Pour moi, aller présenter mes condoléances, serait vraiment céder à cette pression»
Le moins que l’on puisse dire est que la ministre de la Bonne Gouvernance reste très marquée par les critiques. Et, en a voulu terriblement, aux journalistes. «J’ai subi les affres de la presse, ces temps-ci, mais je crois qu’il aurait fallu que vous fassiez une petite rechercher au niveau du Ministère, venir vers mes Services pour vous enquérir de la situation et voir auparavant les attributions de mon Ministère», dit Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop.
Mais ne lui dites jamais qu’elle a faute. Car la ministre vous balance, sans état d’âme, à la figure : «je n’ai pas fauté. C’était un choix, une option que j’assumais que je continue d’assumer. J’ai préféré d’abord aller moi-même sur le terrain, ne pas m’appesantir sur mes techniciens. Je suis allée moi-même sur le terrain pour être sûr de la véracité des chiffres pour pouvoir communiquer après. Un responsable, quand il parle, il doit parler de choses qu’il maitrise».
Et puis, dit-elle, «ce n’est pas parce que je n’ai pas communiqué que je n’ai pas été sur le terrain. La fille qui a été violée et tuée, j’ai été présentée mes condoléances à la famille sans que la presse ne soit au courant parce que je respectais le deuil de cette famille. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un qui est dans la douleur, que j’amène les photographes, les journalistes pour m’afficher. Il faut un minimum de respect pour les gens».
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