Ex-premier ministre depuis 2012, Souleymane Ndéné NDIAYE, dont la brève vie d’opposant, bien mal vécue d’ailleurs, l’avait exposé à des accès de délires. Au-delà de toute mesure qu’un homme de sa trempe devrait avoir, il a sortie des énormités, poussant le scandale jusqu’à prôner la fusillade pour tous les transhumants. Bien assimilé, bien courant dans la vie politique, ce phénomène a fini par ne plus surprendre. On s’y attend. On s’y est fait tellement qu’après chaque élection on attend de voir passer les caravanes de politiciens, peut-être pas véreux mais très attachés à l’argent et au pouvoir. Les lignes de démarcation idéologiques ont fini par s’effacer. Tonton Jules bien trop tôt s’est enfermé à double tour dans ses propos. Des transhumants qu’il considère comme des traîtres qui ne méritent autre sort que la mort…mais la mort par fusillade. Donc devant tous les hommes vêtus de leur dignité, sur la grande place du village, assistant au grand spectacle et attendant que le signal soit donné au bourreau porteur de fusil. On peut imaginer que lui comme porteur d’une si grande et géniale idée, drapé de son grand boubou de roi du Sine Saloum comme il aime s’en glorifier. Tout cela serait assurément beau.
Mais plus maintenant ! Tonton Jules s’est mis dans la caravane des transhumants. Dévêtu de son grand boubou de roi, le sourire perdu, la peur de la mort dans le ventre. Pour lui ce ne sera pas un coup de fusil mais une arme pouvant infliger une mort plus douloureuse. Peut-être Cissé LO proposera la guillotine. Peut-être que c’est bien mérité d’autant que Tonton Jules s’est rendu coupable de deux péchés. Le premier c’est d’être un transhumant et le second d’avoir été celui qui fait l’apologie de la peine de mort pour les transhumants. En un mot, il s’est tué. Il mérite qu’on le délivre.
On se passera bien sûr du mode opératoire qu’il avait proposé. Plus douce ou plus douloureuse, sa mort est déjà actée. On le passera à la guillotine du regard inquisiteur. Elle n’est pas peut-être plus tranchée qu’un coup de sabre au coup. Mais on ne se mettra pas à son niveau. On se l’épargnera.
Les histoires d’amitié savent être indélébiles comme les histoires d’amour bravent les interdits sociétaux. Celle qui lient ces deux membres de la bande à Sandra est assurément plus forte si l’on en juge par les propos des témoins de leur passé. Ce qui est étonnant c’est juste que cette solide amitié n’ait pas pu résister aux bourrasques auxquelles Macky SALL a dû faire face dans sa carrière politique. Cette belle amitié c’est aujourd’hui qu’on lui chante de belles notes lyriques. Et c’est au nom des délices du pouvoir et à cause des affres de l’opposition. Comme quoi, peu d’entre les disciples ont le courage et l’endurance du maître opposant, Wade. Cela ne manque pas d’offusquer ceux qui bénéficient d’une certaine légitimité tirée du fait qu’ils étaient là depuis la première heure. Chaque retrouvaille fait trembler le royaume. Heureusement qu’il y a une Première Dame pour calmer le jeu. Il faudrait peut-être songer à lui reconnaître le don de résoudre les équations à inconnus innombrables et entremêlés.
Dans les situations les plus délicates où même le Médiateur de la République n’arrive à tirer son épingle du jeu, elle sait trouver la bonne approche pour arriver à calmer les tensions. Elle a été décisive dans la grève des enseignants, elle a calmé le tourbillon Cissé LO. Et quand elle ne fait de casting gouvernemental, elle est la seule à pouvoir retenir un Youssou TOURE qui boude la table du gouvernement. Qui sait ? Peut-être Youssou TOURE attend encore son intervention pour qu’on lui rende son véhicule…enfin le véhicule de fonction qu’il détenait encore et qu’il aurait dû rendre depuis longtemps. Cette fois, l’alerte est très marquée, Monsieur en a même pleuré et comme pour annoncer l’apocalypse, il prophétise l’approche de la mort. Je n’ai pas eu peur, mais plutôt de la pitié pour lui. Peut-être bien qu’on lui a diagnostiqué une maladie incurable en phase terminale…sinon comment comprendre cette belle phrase : « la mort est proche ». On a besoin d’être rassuré. Rassurez-vous, Youssou TOURE n’est pas mort. On lui a juste retiré un véhicule qu’il détenait indûment. Il en a versé des larmes. Le journaliste qui l’interviewait a même tenté en vain de le consoler, en le tapotant à l’épaule non sans un sourire narquois mais cela n’a pas suffi. Allez chercher Tata Marème, Youssou pleure.
Alioune Fall (Af)