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Risques d’embrasement au « Marché Bou Bess » : aux origines d’une déchirure entre Wakhinane Nimzatt et Djeddah Thiaroye Kao

Les risques d’embrasement ne faiblissent guère, depuis bientôt un an, entre populations de Guédiawaye et celles de Djeddah Thiaroye Kao, qui se regardent en chiens de faïence et menacent d’en découdre, si le marché «Bu Bess» devait leur filer entre les doigts.

A cet effet, ces derniers jours, la tonalité du discours ne trompe plus. La détermination ne souffre d’aucun doute et le vocabulaire utilisé est un langage de guerre.

En atteste, d’ailleurs, la décision prise par les populations de Guédiawaye de s’opposer, par tous les moyens, à ce que les agents de la Commune de Thiaroye Kao procèdent, ce 26 décembre, à la collecte des taxes municipales. Alors, il est temps que les autorités sénégalaises prennent le taureau par les cornes, avant que l’irréparable ne se produise.

Ça pourrait barder, d’un jour à l’autre. Parce que les positions entre les deux tendances (populations de  Guédiawaye et celles de Djeddah Thiaroye) ne cessent pas de se raidir. Et si l’on n’y prend garde, en cas d’embrasement, les conséquences pourraient être lourdes de conséquences.

Pour permettre à ses internautes de mieux comprendre la brouille autour du «Marché Bu Bess», Actusen.com les replonge dans les argumentaires de chacune des deux tendances qui se disputent le contrôle du site et de ses recettes.

D’abord, en février dernier, les populations de Wakhinane Nimzatt et de Médina Gounass avaient annoncé la couleur, lors d’une Assemblée générale, en martelant leur engagement inébranlable de se battre de toutes leurs forces, pour que jamais « Marché Bou Bess », qu’elles qualifient de patrimoine privé, ne leur soit arraché.

Pour légitimer leur combat, Abdou Khafor Touré, porte-parole des populations, invoquait, ce jour-là, entre autres raisons, «depuis sa création, le marché a toujours été occupé par la population de Wakhinane Nimzatt. Les commerçants, qui l’occupent ainsi que ceux qui s’y approvisionnent sont à plus de quatre-vingts pour cent (80%) d’authentiques ressortissants de Guédiawaye et de Wakhinane Nimzatt en particulier.

Ils se soignent dans les structures sanitaires de Wakhinane Nimzatt, leurs enfants fréquentent les écoles de notre commune et ils bénéficient également de tous les services de la commune de Wakhinane Nimzatt », selon le porte-parole du jour, Abdou Khafor Touré.

Les arguments déployés par les populations de Wakhinane Nimzatt et de Médina Gounass

A l’en croire, « toutes les populations habitant la zone aux alentours du marché,  se font établir leurs actes administratifs (extraits de naissance, actes de mariage, certificat de résidence, et autres) à Wakhinane Nimzatt, la scolarité de leurs enfants est assurée par les écoles de la commune et ils y accomplissent leur devoir civique notamment, le vote pour toujours marquer leur appartenance inaliénable à Guédiawaye », explique Abdou Khafor Touré.

A l’époque, celui-ci en rajoutait cette couche : « le Maire de Djeddah Thiaroye Kao ne peut pas en faire une affaire politique, allant même jusqu’à chercher des «mercenaires» au lieu de compter sur le soutien de la population, faisant ainsi fausse route ».

Et puis, Abdou Khafor Touré glissait, à ce moment-là, une question destructrice en ces termes : « comment un quartier irrégulier comme Djeddah Thiaroye Kao peut-il prétendre s’adjuger un marché au détriment d’une Communauté érigée selon les normes et lois édictées de ce pays? ».

Convaincus que, « de tout temps et même pendant 12 ans de règne du Parti démocratique sénégalais, le problème n’a jamais été soulevé et c’est Guédiawaye qui collectait les recettes de marché Boubess », Abdou Khafor Touré et les siens ne comprennent pas que l’édile de Djeddah Thiaroye Kao veuille s’agripper au marché.

Or, adore-t-il rappeler, « par son histoire et l’origine des propriétaires des biens marchands, marché Boubess a toujours appartenu à Guédiawaye. En effet, ce marché a été crée en 1975 par les habitants des anciens quartiers de Wakhinane, Nimzatt, Angle Mouss et Bagdad à la suite de leur déguerpissement du centre-ville de Dakar vers Guédiawaye. Cette population délocalisée avait exigé la mise à leur disposition d’infrastructures scolaires, sanitaires et économiques ».

En janvier 2017, la Chambre administrative de la Cour suprême avait tranché en faveur de la Commune de Djeddah Thiaroye Kao

La Chambre administrative de la Cour suprême avait tranché en faveur de la Commune de Djeddah Thiaroye Kao, dans son Arrêté rendu le 12 janvier dernier relatif à l’attribution du marché « Bu Bess ». Situé dans la commune de Djeddah Thiaroye Kao, ce marché a été versé dans le périmètre de Wakhinane Nimzatt par le préfet de Guédiawaye.

Alors, fort de cet Arrêté, le maire Cheikh Dieng et son équipe comptaient procéder à la perception des taxes municipales au niveau du marché. D’autant que les maires Aliou Sall et Racine Talla étaient crédités d’avoir introduit, à l’époque, un rabat d’arrêt.

Aujourd’hui plus qu’hier, les populations de cette partie de la banlieue croient savoir que « ce marché n’a jamais été une propriété de Pikine, mais plutôt celle de Guédiawaye. C’est un fait historique et les anciens de Pikine, Thiaroye, Yeumbeul ou Malika peuvent en témoigner : le marché a été créé par et pour les citoyens de Guédiawaye. C’est marché Boubess de Guédiawaye ! »

En février, le sous-préfet suspendait toutes les taxes municipales

En février 2017,  le sous-préfet de Dagoudane décida de couper la poire en deux. Pour ce faire, alors que les communes de Djeddah Thiaroye-Kao et Wakhinane Nimzatt se disputent les revenus du marché «Bu Bess», le représentant de l’Etat procédait au jugement de Salomon, pour rétablir l’ordre, en attendant d’en trouver une solution définitive.

En effet, il avait pris un arrêté de suspension de la collecte des taxes municipales. A cet effet, aucune des deux Communes ne percevra de taxes municipales ce, pour une durée de deux semaines.

Cette décision, dont la régularité a été constatée par un huissier de justice, est contestée par la Commune Djeddah Thiaroye-Kao, qui exige que «justice soit rendue en sa faveur».

Tandis que, de son côté, le Conseil municipal de Wakhinane Nimzatt disait «attendre les suites du rabat d’arrêt introduit au lendemain de la décision de la Cour Suprême».

Ndèye Aminata DIAHAM (Actusen.com)

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