Quand les hommes sont plus portés vers le mouton, dont la cherté leur balafre la mémoire, les filles, elles, se bousculent aux portillons des Salons de coiffure, avec le rêve d’être très belles, le jour de la fête de tabaski. Entre greffage long ou court, petite tête, chignon, tresses, les choix sont multiples.
Mais ce sont les perruques qui gardent la cote. Et ce, pour diverses raisons évoquées, pêle-mêle, par les filles rencontrées par Actusen.com, qui, dans le cadre de ses reportages sociétaux, est allée se taper une belle tête. Reportage.
A l’approche de la Tabaski, il n’y a pas que le mouton qui préoccupe les populations. La gent féminine se préoccupe aussi de l’habillement mais surtout de la coiffure. Greffage long ou court, petite tête, chignon, tresses, les choix sont multiples, mais les clientes tendent vers les perruques.
C’est aux Hlm Grand Yoff que nous retrouvons, en cette veille de fête, Ta Khady, comme l’appelle tout le monde. Dame au teint clair, elle est la gérante du «Complexe Yacine Coiffure».
Emmitouflée dans une tenue traditionnelle de couleur noire brodée en fil jaune dont les fils tirent à l’or, la cinquantaine respire la forme. Dans une ambiance détendue, des décibels de musique douce accompagnant, elle nous accueille à bras ouverts et avec un large sourire.
A 10 heures 45 minutes, l’endroit est presque désert. Pas de coiffeuse ni de cliente. Toutefois, la situation ne l’inquiète pas, tout de même. En effet, Ta Khady est d’avis que c’est, dans l’après-midi, que les premières clientes pointent le bout du nez.
«D’habitude, les clientes viennent dans l’après-midi ou la soirée. Nous travaillons jusqu’à 23 heures. Raison pour laquelle, les employées (coiffeuses) ne sont pas encore là», explique-t-elle. Interrogée sur les tarifs, notre interlocutrice d’informer que tout dépend de la qualité et du type de coiffure demandée.
Thiawa Dieng, gérante Salon «Zeina Coiffure» : « je coiffe 12 à 15 clientes par jour. Je fixe l’heure pour chacune d’elles »
«Les prix varient selon la coiffure. Pour la petite tête, avec le greffage Tara, on le fait à 25 000 francs. Si c’est la cliente qui amène son greffage, on le pose à 15 000 F Cfa. Quant aux perruques, dit-elle, elles sont à 12000 Fcfa. Les mèches à 20 000 Cfa. Maintenant, certaines clientes préfèrent des perruques qui coûtent 50 000 francs, car c’est plus approprié en cas d’ablutions. Comme les temps sont durs et les clientes se font rares, il n’y a pas une hausse par rapport aux prix».
Un peu plus loin et dans la même direction, à quelques mètres du rond-point VI, le salon «Zeina Coiffure». C’est le même constat : une ambiance morose, en cette matinée de mercredi. La gérante du salon, Thiawa Dieng, est pourtant bien là. Agée à peine d’une trentaine d’années, de teint clair, tête rasée et teintée au blond, elle s’apprête à coiffer sa première cliente du jour. Néanmoins, elle nous accorde quelques minutes.
«Je reçois les petites filles, les matins. Et de l’après-midi à la soirée, c’est au tour des adultes parce que la plupart d’entre elles sont occupées, la matinée. Je coiffe 12 à 15 clientes par jour. Je fixe l’heure pour chacune d’elles. Si une cliente ne vient pas à l’heure, je passe à une autre et elle sera obligée d’attendre encore plus longtemps», dit-elle, en nous montrant son carnet de rendez-vous.
«Je coche les noms des clientes dans un agenda pour me faciliter la tâche. Les Sénégalaises aiment se préparer à la dernière minute. La preuve, hier, je suis restée debout, de 9 heures à 1 heure du matin, pour coiffer des clientes. Certaines attendent la veille de la fête ou viennent se coiffer, le jour même de la Tabaski.
Pour mes fidèles clientes, je les programme dans mon agenda et les prix ne changent pas, mais pour les nouvelles, je fixe les prix d’évènement. Par exemple, pour les petites filles, si la cliente ne prend pas un rendez-vous, une semaine avant, je ne l’accepte pas, parce que ça prend trop de temps. En moyenne, la pose greffage peut me prendre 2 heures pour chaque cliente», renseigne-t-elle.
« Pour mes fidèles clientes, les prix ne changent pas, mais pour les nouvelles, je fixe les prix d’évènement »
Pendant qu’elle faisait face à la reporter de Actusen.com, sa jeune cliente, une fillette de 12 ans, attendait tranquillement pour se faire belle. Habillée en body et jeans bleu, cheveux touffus, elle a ses préférences en matière de coiffure. Toute timide, elle lâche : «je veux faire des mèches en laine, parce que j’avais utilisé des mèches lors de la fête de Korité. C’est pourquoi, je veux changer de look».
A l’avenue Bourguiba, contrairement aux abords de Grand-Yoff, l’atmosphère est beaucoup plus rythmée. Au salon «Latyfa» précisément, personne n’est à l’accueil, mais au premier étage, un groupe d’employés est en pleine activité. La patronne des lieux absente, c’est au tour de l’assistante d’assurer l’intérim. Très conformiste, elle refuse de se prononcer, sans l’aval de sa patronne.
Pour nous faciliter la tâche, l’assistante explique, au bout du fil à son employeur, l’objet de notre visite. Après quoi, cette dernière exige un rendez-vous. «Vous n’avez pas avisé au sujet de votre venue», regrette Mme Sarr, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Néanmoins, elle demande après échange de numéro de téléphone, que nous la rappelions plus tard.
Jointe par téléphone quelques instants après, Mme Sarr, qui était autour de la table à manger, demande à être rappelée. Perspicace, Actusen.com ne se décourage pas. Mais ses nombreuses tentatives sont restées vaines.
Dans ce Salon, on ne révèle pas les prix
Nous faisons, par la suite, cap sur le Salon «Millenium», se trouvant à Sahm. Ici, les activités commencent, tôt le matin, même si les clientes ne se présentent pas à cette heure. Il faut livrer les commandes de perruques qui attendent avant l’arrivée des clientes. Madame Ndiaye, la gérante du Salon, habillée en robe wax, trouvée assise sur un tabouret, est en train de coudre une perruque pour sa cliente.
Teint clair, elle affirme que les clientes font beaucoup plus de commande de perruques que les mèches pour les tresses. «Elles sont plus en vogue, mais certaines préfèrent, aussi, faire des tresses ou des greffages». Pour les prix, elle préfère ne pas en parler. «Je ne révèle pas mes prix. Je suppose que si une personne décide de se faire belle, elle doit mettre la main dans la poche», s’est-elle défendue, tout en rendant grâce à Dieu.
Au Salon du «Millenium», Ndèye Niang, une cliente attend sa perruque. De taille fine, elle porte un haut de couleur rose et un pantalon noir. Très élégante, elle explique les raisons de son choix sur les perruques. «Il fait excessivement chaud et les perruques sont moins contraignantes à porter, en cette période de l’année. On peut la mettre et l’enlever, quand on veut», souligne la jeune dame, à peine sortie de l’adolescence.
A côté d’elle, une autre cliente la cinquantaine de berges, se fait tresser des torsades mais refuse, catégoriquement, de se prononcer sur le sujet. En effet, si notre interlocutrice a préféré garder l’anonymat, c’est que les coiffures pour les jours de fêtes officielles ne sont d’aucune importance pour elle. Par contre, pour d’autres, c’est une nécessité, parce que la coiffure complète la beauté de la femme. Et cela s’est vérifié alors que le reporter de Actusen.com était aux portes du salon le «Millénium».
« J’ai acheté deux rouleaux de cheveux naturels à 60 000 Fcfa, l’unité et je paye 15 000 Fcfa pour le greffage soit 135 000 Fcfa »
Sourire large, teint clair bronzé, tenant son panier de condiments, elle revient du marché Tilène. En dépit de la forte canicule qui sévit, ce jour dans la capitale, elle trouve encore l’énergie de se prêter au jeu de questions-réponses auquel nous l’avons soumise. Car, bientôt, la fête et tous les moyens sont bons pour se faire belle et attirer toutes les attentions.
«J’ai déjà pris un rendez-vous chez la coiffeuse. J’ai acheté deux rouleaux de cheveux naturels à 60 000 Fcfa, l’unité et je paye 15 000 Fcfa pour le greffage soit 135 000 Fcfa. Pour moi, la beauté n’a pas de prix surtout si c’est pour faire plaisir à son homme, d’autant plus que c’est lui qui paye les frais», raconte Ramata Ba, très relax, attendant, avec impatience, le grand jour.
Cette autre femme, rencontrée au rond-point Sahm, préfère garder l’anonymat. Tête défrisée, moulée dans une robe bleue bic, de teint noir, contrairement à toutes les autres, elle est plus inquiétée d’avoir de quoi bouillir la marmite que de se faire coiffer dans un salon. Elle préfère, dit-elle, se faire belle à domicile pour éviter les défenses. «Je ne me préoccupe pas trop de la coiffure. Les temps sont durs et la fête, c’est une seule journée. L’essentiel, c’est de manger à sa fin», indique-t-elle.
Anna Alberta MENDEZ, stagiaire (Actusen)
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