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SÉNÉGAL : DES ÉLECTIONS APAISÉES POUR UNE RUPTURE VÉRITABLE !

Seul le peuple souverain est capable de mettre en échec le hold-up électoral minutieusement ourdi par le président sortant et sa Coalition. Les citoyens sénégalais, surtout ceux résidant en zone urbaine, n’ont pas du tout été impressionnés par les shows à l’américaine, les mises en scène hollywoodiennes de Benno BokkYakkar, sentant fortement le pétrole, avec des foules constituées de milliers de figurants rémunérés.

Quant au bilan matériel réel mais amplifié et controversé sur certains aspects, surtout en rapport avec leur pertinence et leur coût, il ne fat que traduire l’obligation, depuis 2000, tout au moins, pour tout nouveau pouvoir, souhaitant remporter des élections, de présenter les résultats de son action gouvernementale.Le bilan immatériel, quant à lui, est désastreux.

Le miracle d’une réélection pourrait-il alors provenir de l’onction de certains marabouts foutanké, des prédications des saltigués sérères, du vote confrérique ou de l’instrumentalisation de l’appartenance ethnique ? Toujours est-il que de véritables hommes de Dieu et des démocrates sincères se sont dressés pour dénoncer ces régressions barbares !

Pour importantes que soient les élections présidentielles de dimanche prochain, elles ne constituent cependant qu’un instantané de la vie sociopolitique de notre pays.Elles ne pourraient, à elles seules, garantir un bouleversement de l’ordre social injuste, qui règne dans notre pays, même si elles peuvent en jeter les bases.

LES QUESTIONS QUI S’IMPOSERONT AU NOUVEAU PRÉSIDENT

Ce qu’on peut d’ores et déjà retenir, c’est que certaines problématiques vont s’imposer dans l’agenda du futur locataire du Palais de l’avenue Senghor. Il s’agit, en premier lieu de la séparation et de l’équilibre des Institutions, qui ont été mises à mal durant le septennat finissant, par un président de la République obsédé par l’obtention d’un deuxième mandat. En effet, la docilité sans faille du Parlement à un Exécutif omnipotent et l’instrumentalisation de la Justice ont été les marques de fabrique du régime du Yakaar déçu. En droite ligne des questions institutionnellesviennent les problématiques liées aux droits et libertés publics, à la lutte contre la corruption,à la nécessité de rebâtir le consensus autour du code électoral et de la rationalisation de la vie politique, sur lesquelles, le pouvoir sortant a usé du double langage, relayé par de puissants lobbies journalistiques.

Il y a égalementla nécessité de résoudre la question foncière, surtout en milieu rural, de réorienterl’agriculture pour la mettre au service de la petite paysannerie, et non d’une clientèle politique constituée de gros producteurs et d’intermédiaires véreux.

Enfin, la jeunesse panafricaniste et l’intelligentsia progressiste au fait des questions économiques attirent l ‘attention des décideurs sur les défis que constituent l’industrialisation, la préférence nationale et la rupture avec le franc CFA.

Toutes ces questions et bien d’autres avaient déjà fait l’objet de fortes recommandations de la part des Assises Nationales et de la Commission Nationale de Réforme des Institutions.

Il faut se féliciter du fait que la majorité des partis de l’Opposition aient pris en compte, dans leurs programmes, la plupart des points évoqués ci-dessus et figurant dans la Charte de Gouvernance démocratique.

NÉCESSITÉ D’UN ACCORD POLITIQUE, EN CAS DE DEUXIÈME TOUR

Une des grandes erreurs de la Coalition Benno BokkYakaar, lors de l’alternance de 2012, est de n’avoir pas obtenu, du candidat MackySall, un accord politique contraignant entre les deux tours, ce qui l’a conduit à gérer son mandat, en privilégiant les intérêts politiciens étroits de sa formation politique au détriment des autres partis, qu’il a considérablement affaiblis, mais surtout de l’intérêt national.

Quant au Parti Démocratique Sénégalais, il n’a pas pu mettre à profit, sa cure de repos forcé dans l’Opposition pour se renouveler et se restructurer, préférant demeurer dans le bourbier de la gestion patrimoniale. Il est tombé dans tous les pièges que lui a tendus le pouvoir avec au final, une absence de candidat aux présidentielles, ne devant sa survie temporaire qu’à l’aura de son secrétaire général.

L’Opposition actuelle, qui a privilégié les questions électorales, toutes ces dernières années, doit tirer les leçons de notre passé politique récent.

En cas de deuxième tour, elledevrait exiger du candidat issu de ses rangs, la signature d’un accord politique, comme préalable à leur participation à sagestion gouvernementale. À défaut, elle devrait se limiter à un mot d’ordre de vote contre le candidat sortant.

Quelle que soit l’issue de l’élection, les masses populaires et leurs porte-drapeaux devront continuerà peser pour la défense des intérêts populaires, qui pourrait commencer par la gestion d’un contentieux électoral, mais qui doit consister à l’édification patiente d’un rapport de forces favorable à la souveraineté nationale et au renouveau démocratique.

C’est à cela qu’appellent la Coalition Sonko 2019 et son programme de rupture.

NIOXOR TINE

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