Dès qu’on voyait le magnifique et magnanime visage de Serigne Sidy Moctar Mbacké, on était envahi par un immense sentiment d’humilité. Comment un homme si saint pouvait-il exister dans un pays aussi folklorique jusque dans la pratique de la foi ? Comment une si grande âme pouvait-elle demeurer si calme et si tempérante dans une enveloppe corporelle aussi modeste en apparence ?
La suprématie de l’esprit sur la matière, de l’âme sur le corps : c’est une des grandes leçons de sagesse que la vie et l’œuvre de cet immense soufi nous ont léguées. Ce visage qui était l’allégorie de la symétrie entre le bien et le beau inspirait confiance à tous les angoissés.
Le saint homme ne laissait jamais transmettre la moindre émotion quelque que soit la situation. Les âmes les plus perdues et les plus tourmentées trouvaient chez lui réconfort, considération et paix. Le pire des êtres humains et celui qui jouissait des plus grands privilèges qu’offre la gradeur d’établissement avaient le même accueil chaleureux auprès de sa sagesse.
C’est cela même la nature des grands hommes : tout ce qui est déprécié par des conventions sociales souvent trop injustes trouve grandeur et noblesse auprès de leur silhouette. Conducteur des âmes, Serigne Sidy Moctar l’aura été jusque dans les moindres détails. La sainte lumière qui se propageait à partir son visage consolait les désespérés et redonnait espoir au pouvoir de l’homme sur le mal.
Les érudits disent qu’un des signes de la sainteté, c’est qu’on s’affranchit des clivages et de toute forme de chauvinisme. La nature divine exclut toute forme d’imperfection, tout ce qui s’approche de Dieu (SWT) devient noble. C’est ce qui fait quechez les âmes qui ont, ne serait-ce qu’une étincelle de la divinité, les créatures les plus médiocres sont respectées et honorées par considération de leur créateur. L’élévation spirituelle déconnecte l’âme de tout ce qui est vile et misérable.
La disparition de Serigne Sidy Moctar, après une vie spirituelle bien remplie nous rappelle une vérité quasi empirique, mais que nous avons tendance à ignorer : la vie n’est que n’est que le miroir, ou plus exactement, le cliché de la mort.
Que la terre de Touba la sainte lui soit légère et que son message se propage partout dans le pays et dans les profondeurs de notre âme collective.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès