Dans le langage judiciaire, on aurait dit qu’il vient d’inculper les Groupes de presse de Walfadjri et D Médias. En effet, dans un communiqué parvenu à la Rédaction de Actusen.com, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a condamné Sidy Lamine Niasse et les animateurs de l’émission sportive de la Sen Tv.
Pour avoir respectivement perpétré des attaques outrancières à l’endroit d’Institutions de la République (Président Macky Sall et le Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse) et relayé des propos personnels, en faisant « valoir leurs sentiments sur des sujets à caractère politico-judiciaire concernant Monsieur Khalifa SALL et Monsieur Bamba FALL, respectivement maires de la ville de Dakar et de la Commune de la Médina ».
Après avoir constaté ce qu’il assimile à des dérives, le Cnra a tenu à rappeler à l’ordre les « contrevenants ». Non sans les replonger dans les textes qui régissent la vie des médias au Sénégal. Voici, à cet effet, l’intégralité du communiqué en question.
COMMUNIQUE DU CNRA
Des violations de dispositions du Cahier des charges ayant été constatés récemment, le CNRA attire l’attention des titulaires d’autorisation de diffusion de programmes audiovisuels, sur leur responsabilité relative aux contenus des émissions proposées au public.
La conception de la programmation de telles émissions doit se faire dans le respect de la règlementation qui assujettit à un profond sens de la responsabilité et une préparation particulière de la part des intervenants à l’antenne, particulièrement lorsqu’il s’agit de sujets sensibles ou d’affaires objet de procédures judiciaires en cours,
Le constaté que ces exigences ne sont pas toujours respectées dans les médias audiovisuels, a amené le CNRA à adresser des observations-mises en garde à WALF TV et à la SEN TV, respectivement, le 14 mars et le 15 mars 2017.
OBSERVATION A WALFADJRI relative à la sortie du Président directeur général du groupe, diffusée en direct et en synchronisation, le samedi 11 mars 2017, sur WALF FM et WALF TV.
Le Samedi 11 mars 2017, de 16h à 19H 18mn, la chaîne de télévision Walf Tv, en synchronisation avec Walf FM, a proposé au public, en direct, une émission mettant en vedette son Président Directeur général. Ce dernier a abordé différents sujets dont les plus saillants sont relatifs à des aspects de la vie politique nationale, à certaines affaires objet de procédures judiciaires en cours et à la situation économique de l’entreprise qui traverse des difficultés.
Le format de l’émission et le discours tenu par le Président Directeur général dudit Groupe appellent plusieurs observations au regard du cadre juridique applicable aux médias audiovisuels.
Sur le format de l’émission
La conception de la programmation audiovisuelle ne saurait, en aucun cas, inclure la réservation de plages horaires importantes dédiées aux propriétaires ou dirigeants de chaînes de télévision ou de radio pour servir de tribune à la propagation de leurs idées, convictions ou prises de position à caractère personnel.
Aux termes de l’article 16 du Cahier des charges applicable au titulaire d’une autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit sénégalais, « le titulaire veille à ce que les émissions d’information politique et générale qu’il diffuse soient réalisées dans des conditions qui garantissent l’indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts économiques de ses actionnaires ».
Sur le contenu de l’émission
L’analyse faite de la vie politique du pays a débouché sur des attaques outrancières à l’encontre de personnalités qui incarnent des Institutions de la République, particulièrement le Président de la République et le Président de l’Assemblée nationale.
Dans le traitement de l’information, l’article 9 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 oblige les titulaires d’autorisation de diffusion de programmes audiovisuels, à respecter dans la programmation des différents médias audiovisuels, autant les règles d’éthique et de déontologie, que les Institutions de la République.
En traitant d’affaires objet de procédures judiciaires en cours, le Président Directeur général du Groupe Walfadjri a contrevenu aux exigences de l’article 18 du Cahier des charges applicable au titulaire d’une autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit sénégalais, qui dispose que dans le traitement médiatique d’une procédure judiciaire en cours « le titulaire veille à ce que :
- l’affaire soit traitée avec mesure, rigueur et honnêteté ;
- le pluralisme soit assuré par la présentation des différentes thèses en présence, en veillant notamment à ce que les parties ou leurs représentants soient en mesure de faire connaître leur point de vue ».
La présentation des difficultés économiques que rencontre l’entreprise ne s’est pas limitée à fournir des éléments pertinents d’appréciation. Ce point a été conclu par une annonce de manifestation devant le Palais présidentiel avec un appel à peine voilé aux populations à se joindre à cette initiative.
L’article 20 du Cahier des charges interdit certains comportements et oblige le titulaire, dans ses programmes, à « ne pas inciter à des pratiques ou comportements délinquants ou inciviques » et à « respecter les différentes sensibilités politiques, culturelles et religieuses des téléspectateurs »
OBSERVATIONS A LA SEN TV suite à l’intrusion de la politique dans la retransmission en direct, d’une manifestation sportive
A l’occasion de la retransmission en direct d’une manifestation sportive consacrée à la lutte, le plateau de SEN TV a servi de tribune aux animateurs-commentateurs, pour relayer des propos personnels, faire valoir leurs sentiments sur des sujets à caractère politico-judiciaire concernant Monsieur Khalifa SALL et Monsieur Bamba FALL, respectivement maires de la ville de Dakar et de la Commune de la Médina.
De telles pratiques constituent une violation de la règlementation et des principes régissant les acteurs des médias, notamment l’article 18 du Cahier des charges précité et l’article 17 du même texte.
Aux termes de l’article 17 du Cahier des charges applicable au titulaire d’une autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit sénégalais, « les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d’antenne veillent à respecter une présentation honnête, impartiale et objective des questions et sujets traités et assurer l’expression des différents points de vue »
Le PRESIDENT DU CNRA
Babacar TOURE__