La situation au Soudan du Sud s’enlise. Malgré un appel au calme du Conseil de sécurité de l’ONU – qui a demandé à ses 15 pays membres, dimanche, des casques bleus supplémentaires -, de violents affrontements se sont à nouveau produits lundi 11 juillet dans la capitale.
Un journaliste de Reuters affirme avoir aperçu deux hélicoptères de combat tirer en direction de ce qui pourrait être le quartier général politique et militaire du vice-président Riek Machar. Plusieurs témoins ont, quant à eux, signalé la présence de chars dans les rues, et évoquent de violents combats à l’arme lourde dans la capitale Juba, quand un responsable onusien faisait état de violentes fusillades près de l’antenne locale des Nations unies.
La veille, pourtant, les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont unanimement exigé du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le vice-président Riek Machar, de « faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d’urgence aux combats ». Réuni en urgence, le Conseil avait par ailleurs demandé aux « pays de la région » et à l’Union africaine de « discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour traiter cette crise ».
Les membres du Conseil « envisagent de renforcer » la Minuss, la mission de l’ONU au Soudan du Sud, et demandent aux pays de la région « de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait ». La déclaration ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l’ampleur du renforcement envisagé.
Au moins 270 morts dont un casque bleu
Selon un responsable de l’ONU, un casque bleu chinois a été tué dans les combats à Juba et 12 autres de diverses nationalités ont été blessés, dont deux grièvement. Parmi les blessés se trouvent des soldats rwandais de la Minuss.
Des milliers de civils fuyaient, dimanche, les combats intenses opposant les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps s’accusant mutuellement d’être responsables de ces nouvelles violences. Des combats intenses ont repris dans la partie ouest de Juba puis se sont étendus à d’autres zones de la capitale.
Des habitants se sont réfugiés dans un camp de l’ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28 000 déplacés. Hors de la capitale, dans plusieurs régions du pays, les violences se poursuivent depuis des mois malgré l’accord de paix, le conflit politique initial se compliquant d’hostilités entre ethnies et de luttes au niveau local.
Ces affrontements, qui ont fait au moins 270 morts depuis deux jours selon des médias locaux, mettent en péril le fragile accord de paix signé l’année dernière dans le plus jeune État du monde, qui fêtait samedi ses cinq ans d’indépendance.
Le conflit, alimenté par les tensions entre Nuers et Dinkas, ethnies respectives de Riek Machar et de Salva Kiir, a éclaté en décembre 2013 quand le second a limogé le premier. Il a fait plusieurs milliers de morts et deux millions de déplacés.
« Armes d’assaut lourdes » à Juba
Dimanche, l’ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d' »armes d’assaut lourdes » à Juba. La présence d’hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. Des milliers d’habitants de la capitale se terraient chez eux ou fuyaient leurs maisons, selon des témoins.
Dans la soirée, les États-Unis ont réclamé la fin immédiate des combats et annoncé le retrait de Juba de tout le personnel de leur ambassade jugé non essentiel.
Dans le cadre d’un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en août 2015, Riek Machar est revenu avec un fort contingent d’hommes armés en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec Salva Kiir un gouvernement d’union nationale.
Le Soudan du Sud est déchiré depuis décembre 2013 par un conflit féroce qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.
Actusen.com avec france24.com