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Sous le haut parrainage de BBY (Chonique Alioune Fall « Af »)

C’est finalement devant « une situation de non-solution » que le parrainage est passé sans débat. En passant, on peut encore s’étonner qu’une réforme constitutionnelle « consolidante » passe  sans débat. Faisons simple : entre « situation de non solution » et « sans débat », il y a forcément, absence de consensus. Ce consensus, critère déterminant pour la classification d’une réforme entre deux colonnes – consolidante et déconsolidante – ne s’est pas invité à la séance plénière. Alors passons…

La forme est décevante même si nous continuons de penser qu’au-delà de toute réserve sur la faisabilité contextuelle, technique et juridique, le filtre du parrainage reste une solution, un aménagement pertinent face à la floraison de partis politiques et le manque de clarté dans le débat politique national.

Tout vu, tout entendu, l’Assemblée nationale n’a pas déçu les attentes des Sénégalais ; au moins, en soubresauts, cacophonies, coups de théâtre et coups de poing ; en tout sauf en débat. Après une longue période d’interruption la théorie des « non-solution » a sauvé une journée déjà laborieuse. Pour qui prétendait qu’une minorité ne savait pas se faire entendre, l’usage du dilatoire a consacré une victoire symbolique de l’opposition face à la marée mécanique de la majorité parlementaire. Et c’est en « argumentant ses arguments », que la minorité a révélé ses intentions de faire durer la séance. Finalement, en bon homme de dialogue Madické NIANG a, semble-t-il, reconnu la pertinence de la théorie de la « situation non-solutions » et, par-delà, légitimé la proposition du député Cissé LO de passer directement au vote sans faire débat. Et comme un château de sable, tout l’exercice de diversion finit par s’écrouler  devant la marée haute de BBY.

Comme, il n’est pas besoin de contradicteurs, là où il n’y a pas débat, l’opposition a enlevé le décor, qu’elle-même, a constitué pour laisser passer la déferlante. Il ne restait plus, pour l’expert, que frotter les mains et afficher le sourire des jours de plénitude, le cœur ému par le sentiment du devoir accompli. Devoir envers le bienfaiteur président.

Au désarroi, la science inquiète et les étudiants sont troublés. Les appels à la « mobilisation » autour des enseignements du prof lancé par le professeur de Mbissane NGOM n’y feront rien. Au secours d’un collègue souvent sous les vagues de critiques et reniements des disciples, le professeur NGOM rappelle qu’il est impérieux de dissocier l’universitaire du politique. Ce serait, certes, bien prétentieux de déchirer les œuvres d’IMF – dans une époque où peu d’universitaires prennent la plume. Cela n’est même pas nécessaire et personne ne l’a fait à sa place. Il en a – lui-même – déchiqueté des passages.

Que reproche-t-on à un scientifique qui se ravise ? Rien du tout puisqu’il n’y a pas de vérité éternelle et universelle. Le droit de se tromper devrait être reconnu à tout homme qui admet qu’une vérité nouvelle lui a été révélée par ses travaux.

La question difficile est celle de savoir ce qu’on devra retenir des positions du ministre de la justice. Celles d’hier ou celles d’aujourd’hui ; celles de l’universitaire ou celles du ministre. Ce qui est sûr c’est que tous les anciens, actuels et futurs étudiants des facultés de droits du Sénégal sont en droit d’attendre de l’homme une certaine objectivité au contact de la science du droit. Là, on s’adresse à l’universitaire ; celui dont le sacerdoce est de s’extirper de toutes contingences ; celui qui, pour qu’il puisse dire sa vérité sans conditions est placé dans les grilles de protection des franchises et libertés universitaires. Pour celui-ci, l’objectivité est une exigence. Ce qui n’est pas le cas du politique dont les positions partisanes n’offrent pas souvent les garanties de liberté et d’objectivité. A celui-là, on ne peut exiger une objectivité. On ne peut que l’espérer. Tant pis si on ne l’obtient pas.

Finalement, les options sont limitées face à certaines postures contradictoires. Soit l’intellectuel accepte de se départir de ses anciennes vérités au profit des nouvelles qui l’ont convaincu, au fil des années et à force de travaux et de recherches. Il ne restera alors qu’à l’admettre.

Soit l’intellectuel s’accroche à ses anciennes vérités qu’il prendrait encore pour valable quand bien même elles seraient incapables d’expliquer ses positions actuelles. Alors libre à nous autres de nous interroger sur les mobiles de ses incohérences tout en étant pas surpris par d’éventuelles girouettes à l’avenir.

Que doit-on retenir donc ? L’universitaire ou le politique ? Crédules sont ceux qui ont rêvé, en ces temps troubles, que le premier puisse sauver l’autre en lui collant une empreinte positive.

Alioune Fall « Af »

 

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