Ca y est ! Le nouveau Président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) est connu. Il s’appelle Souleymane Téliko. Ce dernier succède ainsi à Magatte Diop, le Président sortant qui voulait briguer un second mandat.
Souleymane Teliko a obtenu 125 voix, loin devant Magatte Diop et Marième Diop Guèye. Ces derniers ont, respectivement, eu 77 et 41 voix.
Du coup, il urge de relever un enseignement à travers cette élection du Magistrat Téloko : même si le Président sortant a imprimé ses empreintes à la tête de l’Union des magistrats du Sénégal, il n’en demeure pas moins que celle-ci a porté son choix sur un homme qui préfère mourir plutôt que de voir sa corporation mise à rude épreuve par le Pouvoir.
Le nouvel homme fort de l’UMS est un va-t-en-guerre, quand l’envie l’en démange. Et, qui, pour défendre les intérêts suprêmes de la Magistrature, refuse de raser les murs du Palais de justice.
C’est tout le sens qu’il faille, d’ailleurs, donner au fait que, Conseiller à la Cour d’Appel de Thiès, le juge Souleymane Teliko a récemment défrayé la chronique et causé bien des frissons au régime en place.
Poussant même le ministre de la Justice, Garde des Sceaux à lui servir une convocation devant le Conseil de discipline. Mais laquelle convocation a vite été étouffée dans l’œuf par le Président de la République, Macky Sall.
Qui a évité, à l’époque, un affrontement frontal entre l’Exécutif et le Judiciaire. D’autant plus que les magistrats s’étaient braqués comme un seul homme, pour prendre la défense de leur collègue.
Il était une fois un mail du juge Téliko qui avait ébranlé tout un Pouvoir
A l’origine de ce bras de fer qui aura duré plusieurs jours : le magistrat, crédité d’avoir la peau dure, très dure même, avait envoyé à ses collègues un mail, dans lequel il faisait part des mesures d’affectations de certains de leurs collègues.
A cet effet, écrivait-il : «en ma qualité de membre du Conseil supérieur de la Magistrature, je tiens à vous informer des mesures d’affection suivantes intervenues par consultation à domicile de certains magistrats qui ont été affectés en citant des noms de juges».
Selon L’Observateur qui avait levé le lièvre, à l’époque, «dans le mail envoyé à ses collègues pour dénoncer l’attitude désinvolte de la tutelle, le magistrat demande à ses camarades de faire suivre.
Tout en précisant, pour que nul en ignore qu’ (il) tient à préciser qu’ (il) n’a pas manqué de souligner dans (ses) observations que le recours à la consultation à domicile ne (lui) parait pas justifiable».
« Je suis au regret de constater qu’en dépit de toutes les protestations, la carrière des magistrats continue à être gérée avec beaucoup de désinvolture »
De l’avis du Président de l’UMS, « cette procédure ne peut être utilisée qu’en cas d’urgence. Or, dans le projet qui nous a été soumis, il n’a été fait mention d’aucun élément de nature à caractériser cette urgence. Je suis au regret de constater qu’en dépit de toutes les protestations, la carrière des magistrats continue à être gérée avec beaucoup de désinvolture».
Aussi, invitait-il ses collègues au combat en ces termes : «apparemment, il faudra de simples rejets motivés des membres élus pour remédier à cette situation. A mon avis, la situation est préoccupante pour justifier la tenue d’une assemblée générale de l’Union des magistrats du Sénégal afin que des pistes de solutions puissent être envisagées», conclut-t-il.
Ousmane THIANE & Omar Ka, Envoyés spéciaux de Actusen.com à Mbour