Plus de 20 000 civils ont fuit jeudi 15 mars la Ghouta orientale de Damas, cible de violents bombardements à l’artillerie et à l’aviation et d’une offensive terrestre de l’armée syrienne, depuis le 18 février dernier.
Très peu de jeunes hommes figurent dans le flot de civils, surtout composé de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Ils ont emprunté un couloir sécurisé ouvert par l’armée syrienne, avant d’être accueillis par des secouristes. La plupart ont été transportés dans des camps d’accueil dans la localité de Adra, dans la banlieue nord de Damas.
L’évacuation a été négociée par des notables de la région, et a pu commencer après l’effondrement du groupe Faylaq al-Rahman, dont les principaux chefs ont été tués dans un raid aérien, mardi.
Des centaines de personnes ont aussi fui la ville de Douma, au nord, principal bastion rebelle de la Ghouta. Cette principale zone urbaine de la région a pu être ravitaillée par un convoi humanitaire. Elle devait être l’une des zones de désescalade instaurées en 2017 par un accord entre la Russie, la Turquie et l’Iran, mais les combats entre rebelles et forces gouvernementales n’ont jamais cessé.
Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge, était sur place. Il a pu visiter une clinique du Croissant-Rouge, et se rendre dans les abris où se terrent les habitants. « Imaginez tout simplement deux étages en-dessous d’un building, sans électricité, avec peut-être un iPhone qui allume un tout petit peu un coin. C’est comme ça que les gens vivent, et on l’on voit qu’ils sont pâles, qu’ils ont passé des semaines dans ces situations, beaucoup d’heures, de jours et de nuits », raconte-t-il.
Par ailleurs, des négociations sont en cours pour le départ des civils de Harasta, à l’est de Damas.
« Le Croissant-Rouge syrien a été sollicité pour répondre à ce flux de population [sorti de la Ghouta, ndlr] et nous allons certainement les soutenir dans leurs efforts d’assister ces populations qui ont besoin d’une aide minimale parce qu’ils ont fui d’une manière chaotique,poursuit Peter Maurer. Le futur est difficilement prévisible au moment où les lignes de front semblent bouger, et il y a beaucoup d’activités qui ne sont pas tout à fait claires. »
Ces développements inattendus sont intervenus après la prise par l’armée syrienne de 70% de l’enclave. Les rebelles sont désormais encerclés dans trois poches séparées et indéfendables.
L’offensive du régime pour reprendre la région a débuté le 18 février. Elle a fait plus de 1200 morts et près de 5000 blessés selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. L’ONG rapporte des nombreux cas de suffocations qui seraient dus à l’usage d’armes chimiques.
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Rfi.fr