Un sommet très attendu entre les présidents iranien, russe et turc se tient ce vendredi 7 septembre à Téhéran. Au cœur des discussions : la Syrie et le sort d’Idleb, dernier grand bastion des insurgés dans le pays. Le régime et ses alliés menacent de lancer une offensive de grande envergure, tandis que l’ONU et les pays occidentaux mettent en garde contre un désastre humanitaire.
Le sommet qui se tient à Téhéran réunit d’un côté la Russie et l’Iran, alliés au régime syrien. De l’autre, la Turquie, proche des mouvements rebelles. La Russie se dit déterminée à « tuer les terroristes » d’Idleb. La région est tenue majoritairement par des jihadistes et différentes factions de la rébellion.
Ces derniers jours, Moscou a mené avec les forces syriennes des raids sur Idleb, préfigurant peut-être une offensive de plus grande envergure. Beaucoup redoutent cet assaut final sur le dernier grand bastion insurgé de Syrie. Des civils ont d’ailleurs commencé à fuir. La Turquie, proche de certains groupes rebelles, veut tout faire pour éviter cette offensive. Elle craint un afflux de réfugiés à ses portes, car la province d’Idleb est située à sa frontière.
L’ONU met la pression
Quelques heures avant la réunion de Téhéran, jeudi, l’ONU a de son côté enjoint les protagonistes à respecter le cessez-le-feu, faute d’autres moyens de dissuasion. Les Nations unies et plusieurs pays occidentaux mettent en garde contre « un bain de sang », comme ce fut le cas dans la Ghouta orientale au printemps dernier. Ils craignent une catastrophe humanitaire dans cette région qui abrite près de trois millions de civils, dont la moitié sont déjà des déplacés.
Et puisqu’ils ne restent aux diplomates que les mots pour tenter d’éviter un bain de sang à Idleb, Nikki Haley, la représentante américaine, a de nouveau lancé un avertissement en cas d’attaque chimique, rappelant que Washington avait déjà frappé par deux fois la Syrie, rapporte Marie Bourreau, notre correspondante à New York. Washington assure en effet détenir des preuves qu’une nouvelle attaque chimique est en préparation.
« Nous voulons saisir cette opportunité de rappeler à Assad et ses alliés russes et iraniens : vous ne devriez pas parier sur le fait que les Etats-Unis restent les bras ballants », a-t-elle averti.
La France, comme les membres européens du Conseil, a quant à elle souligné l’ironie d’une offensive miliaire qui aurait lieu sur une zone dite de désescalade et de sécurité décidée par la Russie, l’Iran et la Turquie. Elle appelle au sursaut.
« La priorité de nos efforts collectifs doit aller au respect du cessez-le-feu dans cette zone, a déclaré François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU. Et je voudrais aujourd’hui au nom de la France appeler la Russie et l’Iran à user de leur influence sur le régime syrien pour y parvenir. Les soutiens de Damas ont les moyens d’empêcher cette crise car le régime ne peut agir seul. »
Réunion du Conseil de sécurité ce vendredi
Une nouvelle réunion spécifiquement sur Idleb doit se tenir ce vendredi au Conseil de sécurité. Mais tous les regards seront tournés vers Téhéran où le président russe, Vladimir Poutine, ses homologues iranien et turc, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan sont réunis. Ce sont les seuls à pouvoir changer le cours des événements à Idleb.
Rfi.fr