Certains Sénégalais en ont la certitude, clé en main ! Tigo et Wari ne leur inspire pas, alors pas du tout confiance.
La preuve, si Tigo a des méthodes de gestion décriées, Wari, quant à elle, est « adepte d’actes de gestion peu recommandables ».
C’est pourquoi, l’Association sénégalaise des utilisateurs des Tic, qui est parvenue à cette conclusion, n’attend rien, absolument, rien de positif de l’acquisition de Tigo par Wari. Voici, à cet effet, le communiqué très critique de ladite Association parvenu à la Rédaction de Actusen.com :
INTEGRALITE DU COMMUNIQUE
Dans un communiqué en anglais publié sur son site web, Millicom annonce qu’il a signé un accord pour la vente de sa filiale Tigo au Sénégal au Groupe Wari pour un montant de 129 millions de dollars (environ 80 milliards de FCFA).
Beaucoup de questions se posent sur cette information qui annonce l’acquisition de Tigo Sénégal par le Groupe Wari. Avec quelle société Millicom a-t-il trouvé un accord? Quel est le montage financier effectué par Wari qui a abouti à cet achat de Tigo Sénégal? Wari a-t-il acheté 100% des actions de Millicom ou une partie? Quelle est la répartition du capital?
Aussi des informations supplémentaires pour avoir des réponses à ces questions sont nécessaires afin d’être définitivement édifié sur la réalité cette transaction.
En vertu de tout ce qui précède, la prudence doit être de mise sur l’information selon laquelle Tigo Sénégal a été acheté par le Groupe sénégalais Wari. C’est d’autant plus important de faire preuve de réserves que le Directeur de Wari déclare dans une interview: «Je précise que Wari n’est pas une société sénégalaise, même si sa base se trouve à Dakar». Pour rappel, ce dernier a créé un holding au Togo ainsi qu’une société au Luxembourg, siège de Millicom.
En plus de cette interrogation légitime, le fait de vouloir continuer à commercialiser les produits et services sous la marque Tigo ne constitue nullement un signal de changement de propriétaire de cette société d’autant plus que la marque Tigo est négativement chargé dans sa perception par beaucoup de sénégalais.
La confirmation de cette information constituerait un signal fort pour les autorités qu’il est temps de créer les conditions pour que des entrepreneurs sénégalais deviennent enfin des actionnaires majoritaires plutôt que minoritaires dans le secteur des télécoms. En effet, entre autre participation dans ce secteur, 25% des actions de Tigo étaient détenues par un privé sénégalais. Cette information, qui satisfait tant de sénégalais, ne saurait être un évènement important en termes d’amélioration de l’écosystème numérique du Sénégal au vu du profil de ces sociétés.
Wari est présentée comme une success story, dont on ne publie jamais les états financiers pour le prouver. En effet, on ne communique que sur le nombre de transactions effectués Wari, de points de vente, de pays de présence plutôt que de chiffres d’affaire, d’investissements, de ratio d‘endettement ou de bénéfices à distribuer aux actionnaires.
En outre, cette société traine beaucoup de casseroles: d’innombrables conflits entre les actionnaires, sur fond d’accusation de gestion opaque qui atterrissent au tribunal, des redressements avec le fisc sénégalais, les litiges récurrents avec le réseau national des prestataires du transfert d’argent sans oublier un service client souvent décrié.
Tigo Sénégal est plus connu des sénégalais dans des activités de fraude que par la qualité de ses services, d’ailleurs cette société n’a jamais dépassé les 25% de part de marché malgré sa présence au Sénégal depuis 19 ans (1998). En Juillet 2016, Tigo était épinglé par l’Autorité de régulation des Télécommunications et des Postes du Sénégal (ARTP) pour fraude sur des stations radioélectriques.
Aussi, Tigo devait s’acquitter d’un montant de 6,6 milliard FCFA représentant les liaisons non facturées par ce que non déclarées à l’ARTP. Tigo a démarré l’année 2017, par un redressement fiscal de 5 milliards de FCFA et le Trésor public a dû procéder par la force (un avis à tiers détenteur) pour percevoir une partie de la somme réclamée.
Le 06 Janvier 2017, par l’intermédiaire de son avocat, l’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC) a déposé une plainte contre Tigo pour publicité trompeuse, auprès de l’ARTP. Le 1erFévrier 2017, une réclamation fut encore déposée contre Tigo, pour soustraction frauduleuse de crédit, des manquements à son cahier des charges et des omissions à dessein dans son système d’information pour induire les utilisateurs de ses services en erreur.
Fort de ce constat, cette transaction entre ces deux sociétés, l’une ayant des méthodes de gestion décriées, l’autre adepte d’actes de gestion peu recommandables, n’annonce rien de positif pour les utilisateurs des TIC au Sénégal en termes de qualité de services, accessibilité et des tarifs abordables, malgré les déclarations d’intention dans ce sens sur fond de patriotisme. Que le groupe Wari baisse d’abord les tarifs sur ses services de transfert d’argent (son cœur de métier), parmi les plus chers du marché, afin d’être le moins cher avec la meilleure qualité de service, pour être crédible dans ses promesses de réduction des tarifs télécoms et d’amélioration de la qualité des services.
Depuis l’annonce de cette information, une campagne de communication est déclenchée, enrobée pour mieux la vendre à l’opinion sénégalaise, de patriotisme économique d’un entrepreneur national, en surfant sur cette acquisition qui du reste n’a pas encore abouti. En effet, cette cession des actifs de Tigo Sénégal au Groupe Wari est suspendue à l’approbation des autorités sénégalaises.
Malgré qu’il reste encore une étape importante à surmonter et au vu des spots qui ont commencé à être diffusé par Tigo, il est évident qu’il s’agit d’une stratégie bien définie depuis fort longtemps et qu’on est en train de chercher à capitaliser cette information, hyper médiatisée depuis son annonce, en un gain de part de marché au détriment de la qualité des services. Cette stratégie ne saurait prospérer.
L’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC), ayant, entre autres missions, la promotion d’une industrie des télécommunications responsable et innovante, porteuse de progrès social et économique, réaffirme avec force sa position de veille sociétale et ne saurait accepter l’instrumentalisation du sentiment patriotique des sénégalais à des fins mercantiles au profit de quelques actionnaires, fut-ils sénégalais.
Tous les entrepreneurs du monde ne s’intéressent qu’aux gains potentiels qu’ils peuvent tirer de leurs investissements, les sénégalais ne font pas exception. Par conséquent, tout investisseur, étranger ou sénégalais, qui opère dans le secteur des télécoms sera évalué et apprécié suivant ces trois indicateurs: accessibilité des services, leurs qualités et les tarifs abordables.
L’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC):
- Exprime des réserves sur cette annonce de transaction tant que les informations qui attestent de sa réalité ne sont pas publiées;
- Demande au Peuple Sénégalais de ne pas se laisser influencer dans ses décisions économiques par un patriotisme de façade;
- Exhorte les autorités, au vu du profil de ces sociétés, de faire preuve de la plus grande vigilance afin que la transparence et la bonne gestion continue de gouverner le secteur des télécoms.
Fait à Dakar, le 12 Février 2017
Le Président Ndiaga Gueye
Courriel: infos@asutic.org
Tél: 77 307 18 18 / 70 785 85 85